le cimeterre et l'olive à la main, T'a vu, Le plus grand nombre enfin, parmi ces personnages, Ce généreux Desaix, qui, dans Thèbe aux cent portes, Et, des fers de l'Anglais trop prompt à s'affranchir, Et ce nouveau Roland, disciple de tes armes, Quel Français ne contemple avec des yeux d'envie Poursuis, n'arrête point le zèle qui t'inspire; Dans son sein embrasé sente germer l'honneur, M. VIENNET, de Béziers. ODE SUR LA BATAILLE D'JENA. Aux champs glacés du nord, quel tumulte s'élève? Coururent de l'Afrique inonder les déserts? De l'Angleterre encor je reconnais l'ouvrage : La Prusse tout à coup sort de son long sommeil ; Ses légions s'unissent, Et ses cris de la France appellent le réveil. Moins prompts que ses guerriers, les noirs essaims de grues, S'exilent de la Thrace aux premiers aquilons. Qui dévoraient l'espoir de ses riches vallons. Mais, craignant des Français l'audace impétueuse, De la froide Russie appelle les enfans: « Venez: si le destin nous réserve la fuite, ་ Que votre noble élite « Repousse des Français les drapeaux triomphans. «Que dis-je? unissons-nous quand la France repose; « Les guerriers qu'aujourd'hui son pouvoir nous oppose, « Avant d'être assemblés vont tomber dans nos mains; « Affaiblis dès long-temps de leurs succès funestes, << Ils n'offrent que des restes << Moissonnés à demi par le fer des Germains. >> D'Alexandre, à ces mots, la valeur imprudente, Croit au front du vainqueur arracher ses lauriers. Napoléon le voit et vole à son armée; Plus prompt que la Russie et que la renommée, Tourne un œil incertain sur leurs sanglans débats. Le jour brillait à peine à leur ardeur guerrière La bataille d'Jena cut lieu au commencement de la campagne avant l'arrivée des Russes. Nos héros ont frémi de perdre leurs exploits, Tout s'ébranle, tout part et s'élance à la fois Muse! peins les horreurs que ce combat rassemble; Le bronze des deux camps vomit avec la mort. Tel, quand deux vents fougueux et d'Afrique et de Thrace Déchaînent la tempête et luttent dans l'espace; L'air retentit du choc des tonnerres rivaux. Le soleil, sans rayons, fuit sous un voile sombre, Et Neptune effrayé craint un second chaos. Parmi ceux qu'a frappés la grêle meurtrière, Et tend ses bras vaincus aux chaînes des Français. Brunswick combat en vain ; les éclats de l'orage Fuit avec la lumière à ses derniers regards. Le due de Brunswick perdit la vue par suite d'une blessure qu'il reçut dans cette bataille. O Ferdinand! ta mort, fatale à ton armée, Et le fer d'un soldat se teint du sang des Rois. Long-temps chaque parti combat sans avantage; Ouvre aux deux camps rivaux les portes des enfers. L'un, conservant sa gloire en voyant fuir sa vie, Et du glaive vainqueur le tonnerre est le prix. 1 Le prince Louis Ferdinand de Prusse fat tué au combat de Saalfeld, qnatre jours avant la bataille d'Jena. J'ai cru qu'il m'était permis de placer sa mort dans cette journée ; c'est un tableau intéressant, qu'au grand cadre fait mieux ressortir. Les lecteurs qui condamnent ces légers anachronismes, et qui exigent d'un poète une exactitude trop historique, sont priés de se rappeler le précepte de Boileau. La mort de ce prince est rapportée de la manière suivante dans le troisième bulletin: << Voyant la déronte de ses gens, le prince Louis de Prusse, en brave et loyal soldat, se prit corps à corps avec un maréchal-des-logis du dixième régiment de hussards: Rendez-vous, colonel, dit le hussard, on vous éles. mort; le prince répondit par un coup de sabre : le maréchal-des-logis riposta. par un coup de pointe, et le prince tomba mort. >> |