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Fonde et voue un rempart à la Nécessité 1. « De là son glaive impie et ses feux sacriléges << Chassent les Dieux, la paix; et de nos priviléges Bravent la sainteté.

« Le Français se réveille au bruit de cette audace;
« Il sait du noir rempart l'insolente menace,
« Et son courroux vengeur suspend encor ses traits.
<< Avant de foudroyer le crime en son asile,
« La sainte humanité confie à Jumonville "
« Le rameau de la paix.

« Il part : quinze guerriers, compagnons de son zèle,
« Le suivent jusqu'aux bords de l'enceinte infidèle;
« Il parlait : il offrait l'olive à ces pervers;

« O crime ! il tombe aux pieds de l'assassin farouche!
« Le doux nom de la paix expire sur sa bouche,
«Sa troupe est dans les fers.

<< - Dieu des mers, tu l'entends! dit la Seine éperdue!
« On égorge mes fils : leur sang coule à ta vue,

« Et ce sang généreux ne sera pas vengé!
«Ne suis-je plus ta fille, ô Neptune? et toi-même
N'es-tu plus souverain de ce trident suprême
<< Par l'Anglais outragé?

« Voilà cette Albion, ce peuple magnanime

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Que le savoir éclaire et que l'honneur anime!

Les Anglais appelèrent de ce non le fort qu'ils bâtirent sur un terrain usurpé, justifiant ainsi un attentat par une injure.

2 Jeune officier français plein de talens et de vertus. Député vers les Anglais par M. de Contrecœur, commandant le corps de troupes posté sur les bords de POhyo; il fut assassiné lâchement, au mépris des lois de l'humanité et des droits des nations.

« C'est lui qui lâchement ensanglante la paix;

<< De la terre et des mers déprédateur avare,

« Au Huron qu'il dédaigne et qu'il nomme barbare, Il apprend des forfaits.

« Tu voulus que les flots unissent les deux mondes, « Et du libre Océan il enchaîne les ondes :

« Le cri des nations redemande les mers.

Purge les flots sacrés de ses voiles parjures, << Venge le sang français, mes larmes, mes injures, « Toi-même et l'univers. >>

Elle dit, et ses sœurs autour d'elle gémissent;
Attendris, indignés, tous les fleuves fremissent;
Tous craignent d'enrichir l'Insulaire odieux.
La nymphe au lit d'argent, l'Orellanne en frissonne,
L'or du Tage pâlit; et le Gange emprisonne
Ses cristaux radieux.

<< Fleuves, rassurez-vous, dit l'époux d'Amphitrite;
Au livre des destins la vengeance est écrite;

<< Albion expiera les maux de l'univers.

« Avant que la Tamise ait compté quelques lustres,
<< Elle aura vu changer ses triomphes illustres
«En sinistres revers.

« Vainement l'insolente à sa noble rivale

opposer des flots l'orageux intervalle;

« La perfide s'épuise en efforts superflus.
<< Tremble, nouvelle Tyr! un nouvel Alexandre
« Sur l'onde où tu régnais va disperser ta cendre:
<< Ton nom même n'est plus. »>

LEBRUN.

HYMNE A LA LIBERTÉ,

RECITÉE A L'OUVERTURE DU LYCÉE FRANÇAIS, EN 1792.

VENGEANCE!..... Sur nos bords ils ont osé paraître;
Citoyens les voilà ces étrangers si fiers

Payés par des tyrans pour nous donner un maître;
Orgueilleux de leur honte, ils nous montrent leurs fers;
Leurs bras en sont flétris, leurs bras nous en préparent :
Français, à leurs regards montrez avec fierté

Les nobles couleurs qui vous parent,

Les couleurs de la liberté,

Les drapeaux du civisme et de l'égalité.
Avez-vous entendu leur insultante audace?

Leur audace disait : « Français, soumettez-vous !

་་

Sujets rebelles, à genoux!

« Si vous résistez, point de grâce; «Le sang regorgera dans vos murs démolis, « Et la postérité recherchera la trace «De vos remparts ensevelis. >>

Ils l'ont dit!.... et dans la poussière Vous ne traînerez pas cet insolent orgueil ! Vous n'étoufferez pas cette démence altière Dans le silence du cercueil ?

Ils l'ont dit!... j'en frémis, et tout mon sang bouillonne, Vos cœurs ont tressailli d'un généreux courroux.

A l'affront inoui dont la France s'étonne,

Ne répondez-vous pas ? oui, vous répondez tous ;

Tous par un même cri: rage, mort et vengeance!
Un mouvement terrible a soulevé la France;
Une moisson de fer hérisse nos sillons:

Terre de liberté, vomis tes bataillons!

Le vieillard veut marcher, le jeune homme s'élance,
Et l'étendard sacré, si cher aux nations,
Aux peuples asservis signal de délivrance,
Brille devant nos légions.

Cet étendard vainera: la Bastille est tombée;
Dans ses rêves sanglans, tristement absorbée,
La noire politique, au front dur et hautain,
Appuyant sur l'erreur une main confiante,
Levait son sceptre affreux, et veillait menaçante
Entre l'aigle de Vienne et celui de Berlin.
Au bruit de la Bastille en poudre,
Soudain le monstre s'est trouble;

Son visage a páli, les trônes ont tremblé ;
Les despotes de loin ont vu venir la foudre.
La politique habile en complots odieux

A tendu dans les cours ses rets insidieux:
Elle a de toute part jeté les cris d'alarmes ;
Et le lâche intérêt a partout cimenté
La ligue des tyrans contre l'humanité.
Ils ont invoqué l'art qui dirige leurs armes,
Ces hordes de brigands qu'ils peuvent soudoyer;
Leur manœuvre savante et leur feu meurtrier.
Français, il est un feu plus redoutable encore,
Aux mains de l'homme libre il anime le fer:
De ses yeux fait partir l'éclair.
C'est là le feu qui vous dévore,

Feu sacré, feu vengeur, redouté des tyrans,
Feu devant qui tout se consume.

Que le patriotisme allume,

Qui brûle en votre sein, qui circule en vos rangs,
Se reproduit, se multiplie,

Se répand devant vous comme un vaste incendie,
Rend la force aux soldats de fatigue expirans;
Des athlètes de la patrie,

Nourrit l'indomptable furie,

Et rend terrible encor le regard des mourans.
Qui pourrait arrêter vos efforts magnanimes?
Vous marchiez jusqu'ici vers le champ des combats
Sur des feux souterrains, cachés dans des abîmes,
Où vous attendait le trépas.

Vous n'avez plus du moins à combattre le crime,
Les volcans sont éteints, les piéges sont fermés,
Et les conspirateurs punis ou désarmés.
De vos heureux succès c'est le premier présage:
Vous n'avez plus besoin que de votre courage.
Peuple de citoyens, de frères, de soldats,
Volez dans les sentiers aplanis sous vos pas.
Regardez, regardez cette auguste Déesse,
La mère des héros de Rome et de la Grèce :
Liberté ! nous aussi nous sommes tes enfans.
Ce grand titre suffit pour être triomphans.
Parais, conduis nos coups, Déité bienfaisante;
Voyez-vous dans sa main puissante
Gravés sur un drapeau les noms des Décius,
Les noms de Tell et de Brutus,

Ceux de trois cents héros, victimes immortelles?
Les vôtres y seront auprès de vos modèles;
Ils sont par la gloire attendus.

a trompette a sonné, la palme est toute prête; avez des feux guerriers la bruyante tempête.

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