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STANCES

SUR LA GUERRE DE PRUSSE.

Les héros sur nos bords revenaient pleins de gloire; Une insolente cour, ô démence! ô fureur!

Insuite à leur valeur.

Insensés! vous avez réveillé la Victoire.

Elle dormait, paisible, au milieu des Français :
Elle se lève, elle vole; et la Erance

Appelle à la vengeance

Ses enfans belliqueux qu'avait séduits la paix.

Quel héros les conduit et devance leurs pas?
A son aspect les trônes mis en poudre
Tombent frappés du foudre:

Qui pourrait, à ces traits, ne le connaître pas?

Ministre malheureux, va dire à l'Angleterre
Que ces guerriers dont les lâches discours
Mendiaient ses secours,

De leurs corps déchives couvrent au loin la terre.

Un monarque est en fuite, et son armée aux fers.
Fière Albion! à tes amis fatale,

Propice à ta rivale,

Ta haine à son pouvoir livre ainsi l'univers.

je jour est arrivé je vois s'armer le bras
A qui le ciel a remis sa vengeance,
Et le colosse immense

De son trône embrasé tomber avec fracas.

Le voyez-vous sanglant, versant des pleurs de rage,
Braver le ciel, de ses rugissemens

Troubler les élémens,

Se rouler sur la terre et mordre le rivage?

Il se débat, blasphème, expire..... Son vainqueur,
Libérateur de la terre et de l'onde,
Donne la paix au monde,

Et rend à l'Eternel son tonnerre vengeur.

M. LEBRUN DES CHARMETTES.

SUR LA BATAILLE D'JENA.

IMPROMPTU.

MANES de Frédéric, si chers à la Tamise,
Rosback n'accusa point la valeur des Français ;

Vous n'y vainquites que Soubise :

Jena vient d'expier sa faute et vos succès.

de Ximénez.

ÉPITRE

A NAPOLÉON BONAPARTE.

LE TEMPLE DE LA GLOIRE, LA COLONNE TRIOMPHALE DE LA PLACE VENDOME, L'ARC DE TRIOMPHE, ETC., ETC.

QUEL éclat, ô César, sollicite ma lyre?

yeux.

Jusque dans tes loisirs faut-il que je t'admire;
Que Paris en dix ans doive plus à tes lois,
Que n'a dû tout l'empire à dix siècles de rois?
Je cherche cet amas de bizarres structures,
Ce mélange confus de palais, de masures,
Qui, de nos citoyens enfans capricieux,
D'un maître insouciant n'attiraient point les
Je vois de toutes parts le goût et le génie
Porter dans ce chaos et l'ordre et l'harmonie.
Un prodige nouveau m'arrête à chaque pas.
Dans ces murs à ta voix naissent les Phydias.
Partout brillent enfin sur cette heureuse terre
Les travaux de la paix entrepris dans la guerre.
Ce forum s'aplanit, s'étend sous le niveau ;
Cette rue anguleuse obéit au cordeau ;
Ces fangeux carrefours s'épurent, s'agrandissent;
Ces boulevards étroits s'ombragent, s'élargissent;
De ces toits inégaux les faîtes sont unis;
Ce Théâtre écroulé renaît de ses débris.
Là, s'élève sans faste une pieuse enceinte,
Où la tendre pitié, la religion sainte,

Des pauvres recueillis prévenant les besoins,
Au faible, au malheureux prodigueront leurs soins.
Ici, dans un superbe et pompeux édifice,
Le commerce, afranchi par ta main protectrice,
Viendra contre la fraude invoquer tes arrêts,
Et du monde apaisé régler les intérêts.
Plus loin dans ces greniers ta sage prévoyance
A ta ville chérie assure l'abondance.
De spacieux abris, d'élégans pavillons

De Flore et de Cérès nous étalent les dons.
L'utile naît partout sous des formes charmantes.
J'erre au bruit enchanteur des sources jaillissantes.
Ces caprices de l'art, ces modestes fragmens,
De l'immortel ciseau nobles délassemens,

T'ont vu, pour animer leurs bassins, leurs cascades,
Des grottes d'alentour attirer les Naïades.

Dans le champ Tardenois un fleuve était caché; Et, parmi les roseaux sur son urne penché, Dans un calme profond voyait rouler les âges. Tu l'appelles; il vient, il quitte ses bocages. Les monts sont abaissés, les rochers sont fendus; Et se's limpides flots, sur Paris suspendus, Se frayant sous nos pas des routes souterraines, Ruisselant à grand bruit de nos mille fontaines, Vont abreuver les airs desséchés par l'été, Et comme la fraîcheur répandre la santé. Long-temps de ce bienfait nourrissant l'espérance, Paris eût de ses rois imploré l'indolence. A toi seul appartient d'accomplir nos souhaits, D'achever de nos rois les travaux imparfaits. Monumens de leur gloire, ils s'effaçaient comme elle; Ton règne leur imprime une vie immortelle.

L'un, sous des toits obscurs dérobant ses contours,
Elevait sans honneur son portique ou ses tours.
Déployant aujourd'hui son imposante masse,
Du siècle qui l'adopte il atteste l'audace.
D'autres, par les hivers mutilés ou ternis,
A mon œil étonné se montrent rajéunis.
Ce palais, revêtu d'opulence et de gloire,
De sa triste origine a perdu la mémoire.
Dans ses riches lambris, dans ses bocages frais,
Qu'ont orné de concert la victoire et la paix,
Les vieillards de l'état, nos pères, nos modèles,
Les débris glorieux de nos longues querelles,
Les illustres garans de notre liberté,

:

Goûtent les doux loisirs que leur fit ta bonté.
Ce Temple où, tous les ans, les élus des provinces
Vont jurer leur amour au plus juste des princes,
Et de ton zèle ardent approuver les desseins,
Se présente orgueilleux de ses nouveaux destins,
Et de ce péristyle où des arts de la Grèce
Les vainqueurs de Mansard ont porté la richesse.
Vieilli dans son ébauche et du temps offensé,
Le Louvre languissait par ses Rois délaissé.
Tu parais il s'achève, et ton auguste image
De Perrault, de Louis a couronné l'ouvrage.
Ce Louvre qui le suit, souvenir de Henri,
Allira ton grand nom avec ce nom chéri.
D'un portique élégant sa base se décore.
Un monument rival devant lui vient d'éclore,
Qui, de ce grand ensemble unissant les trois parts,
Va rendre ce séjour digne de nos Césars.
C'est là qu'avec orgueil règne et se développe
Cet Olympe chargé des destins de l'Europe.

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