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CHAPITRE II.

BIOGRAPHIE.

CHAPITRE II.

BIOGRAPHIE DE HENRI BEYLE.

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Une biographie sincère, indiquant avec détails le caractère et les habitudes d'un homme, son tempérament, son humeur naturelle et son art réfléchi, est le meilleur éloge pour qui mérite vraiment l'estime et la sympathie.

Ce sont les faits qui parlent seuls. D'après eux, le lecteur peut se former lui-même un jugement personnel, tout-à-fait indépendant de la critique qui pourrait être faite indifféremment par un panégyriste ou par un adversaire.

C'est donc en mettant sous les yeux du lecteur la vie et les aventures d'Henri Beyle, en le laissant le plus possible parler lui-même que nous allons le faire connaître et que nous espérons le faire aimer.

I.

Marie-Henri Beyle naquit à Grenoble le 23 janvier 1783. Ses parents, appartenant à la haute bourgeoisie du pays, avaient pour amis Mounier et Barnave. Sans être nobles, les membres de sa famille fréquentaient la noblesse et en avaient contracté les manières,

et les opinions. Ces relations et ces opinions les rangeaient parmi ceux, qu'à Grenoble, on appelait aristocrates.

Avant de raconter les traits caractéristiques de l'enfance et de la jeunesse d'Henri Beyle, je pense qu'il n'est pas inutile de rapporter quelques renseignements sur sa famille.

On a remarqué justement que tous les hommes supérieurs étaient fils de femmes distinguées qui leur avaient transmis, avec le sang, le germe du génie. Henri Beyle ne fait pas exception à cette règle. Sa mère était une personne remarquable, exceptionnellement instruite et éclairée.

Elle lisait, dans leur langue, le Dante et le Tasse: « ce qui, dit son biographe, n'était pas commun alors; » et ce qui ne l'est guère plus aujourd'hui. Toute la famille de Beyle connaissait l'Italien et il aimait à croire que la famille de son grand-père était originaire d'Italie. Madame Beyle était fille d'un médecin distingué, M. Gagnon, qui passait, à bon droit, pour l'homme « le plus lettré » de Grenoble. Elle avait épousé, à vingt-trois ans, le 16 août 1781, M. Beyle, avocat considéré au parlement de cette ville.

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Henri Beyle eut le malheur de perdre sa mère à l'âge de sept ans. Sa douleur fut profonde; M. Colomb pense que, malgré son jeune âge, ce fut la plus grande qu'il ait jamais ressentie.

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