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billets tous les mois, comme on fait en beaucoup de lieux (38), il les recevait avec un respect admirable; il en récitait tous les jours la sentence; et dans les quatre dernières années de sa vie, comme il ne pouvait travailler, son principal divertissement était d'aller visiter les églises où il y avait des reliques exposées, ou quelque solennité; et il avait pour cela un almanach spirituel qui l'instruisait des lieux où il y avait des dévotions particulières; et il faisait tout cela si dévotement et si simplement, que ceux qui le voyaient en étaient surpris ce qui a donné lieu à cette belle parole d'une personne très-vertueuse et très-éclairée (39) : Que la grâce de Dieu se fait connaître dans les grands esprits par les petites choses, et dans les esprits communs par les grandes.

Cette grande simplicité paraissait lorsqu'on lui parlait de Dieu, ou de lui-même : de sorte que, la veille de sa mort, un ecclésiastique qui est un homme d'une très-grande vertu (40) l'étant venu voir, comme il l'avait souhaité, et ayant demeuré une heure avec lui, il en sortit si édifié, qu'il me dit : « Allez, consolezvous; si Dieu l'appelle, vous avez bien sujet de le louer des grâces qu'il lui fait. J'avais toujours admiré beaucoup de grandes choses en lui, mais je n'y avais jamais remarqué la grande simplicité que je viens de voir cela est incomparable dans un esprit tel que le sien; je voudrais de tout mon cœur être en sa place. »

Monsieur le curé de Saint-Étienne*, qui l'a vu dans sa maladie, y voyait la même chose, et disait à toute heure: « C'est un enfant il est humble, il est soumis comme un enfant. » C'est par cette même simplicité qu'on avait une liberté tout entière pour l'avertir de ses défauts, et il se rendait aux avis qu'on lui donnait, sans résistance L'extrême vivacité de son esprit le rendait quelquefois si impatient qu'on avait peine à le satisfaire; mais quand on l'avertissait, ou qu'il s'apercevait qu'il avait fâché quelqu'un dans ses impatiences, il réparait incontinent cela par des traitements si doux et par tant de bienfaits, que jamais il n'a perdu l'amitié de personne par là (41). Je tâche tant que je puis d'abréger, sans cela j'aurais bien des particularités à dire sur chacune des choses que j'ai remarquées; mais comme je ne veux pas m'étendre, je viens à sa dernière maladie.

Elle commença par un dégoût étrange qui lui prit deux mois avant sa mort : son médecin lui conseilla de s'abstenir de manger du solide, et de se purger; pendant qu'il était en cet état, il fit une action de charité bien remarquable. Il avait chez lui un bon homme avec sa femme et tout son ménage, à qui il avait donné une chambre, et à qui il fournissait du bois, tout cela par charité; car il n'en tirait point d'autre service que de n'être point seul dans sa maison. Ce bon homme avait un fils, qui étant tombé malade, en ce temps-là, de la petite vérole, mon frère, qui avait besoin de mes assistances, eut peur que je n'eusse de l'appréhension d'aller chez lui à cause de mes enfants. Cela l'obligea à penser de se séparer de ce malade; mais comme il craignait qu'il ne fût en danger si on le transportait en cet état hors de sa maison, il aima mieux en sortir lui-même, quoiqu'il fût déjà fort mal, disant : « Il y a moins de danger pour moi dans ce changement de demeure: c'est pourquoi il faut que ce soit moi qui quitte. » Ainsi il sortit de sa maison le 29 juin, pour venir chez nous (42), et il n'y rentra jamais; car trois jours après il commença d'être attaqué d'une colique très-violente qui lui ôtait absolument le sommeil. Mais comme il avait une grande force d'esprit et un grand courage, il endurait ses douleurs avec une patience admirable. Il ne laissait pas de se lever tous les jours et de prendre luimême ses remèdes, sans vouloir souffrir qu'on lui rendit le moindre service. Les médecins qui le traitaient voyaient que ses douleurs étaient considérables; mais parce qu'il avait le pouls fort bon, sans aucune altération ni apparence de fièvre, ils assuraient qu'il n'y avait aucun péril, se servant même de ces mots : Il n'y a pas la moindre ombre de danger. Nonobstant ce discours, voyant que la continuation de ses douleurs et de ses grandes veilles l'affaiblissait, dès le quatrième jour de sa colique et avant même que d'être alité, il envoya querir M. le curé, et se confessa. Cela fit bruit parmi ses amis, et en obligea quelques-uns de le venir voir, tout épouvantés d'appréhension. Les médecins même en furent si surpris qu'ils ne

* C'était le père Beurrier, depuis abbé de Sainte-Geneviève.

purent s'empêcher de le témoigner, disant que c'était une marque d'appréhension à quoi ils ne s'attendaient pas de sa part. Mon frère voyant l'émotion que cela avait causée, en fut fàché, et me dit : « J'eusse voulu communier; mais puisque je vois qu'on est surpris de ma confession, j'aurais peur qu'on ne le fût davantage; c'est pourquoi il vaut mieux différer. » M. le curé ayant été de cet avis, il ne communia pas. Cependant son mal continuait; comme M. le curé le venait voir de temps en temps par visite, il ne perdait pas une de ces occasions pour se confesser, et n'en disait rien, de peur d'effrayer le monde, parce que les médecins assuraient toujours qu'il n'y avait nul danger à sa maladie; et en effet il eut quelque diminution en ses douleurs, en sorte qu'il se levait quelquefois dans sa chambre. Elles ne le quittèrent jamais néanmoins tout à fait, et même elles revenaient quelquefois, et il maigrissait aussi beaucoup, ce qui n'effrayait pas beaucoup les médecins : mais, quoi qu'ils pussent dire, dit toujours qu'il était en danger, et ne manqua pas de se confesser toutes les fois que M. le curé le venait voir. Il fit même son testament durant ce temps-là, où les pauvres ne furent pas oublies, et il se fit violence pour ne pas donner davantage, car il me dit que si M. Perier eût été à Paris, et qu'il y eût consenti, il aurait disposé de tout son bien en faveur des pauvres; et enfin il n'avait rien dans l'esprit et dans le cœur que les pauvres, et il me disait quelquefois : « D'où vient que je n'ai jamais rien fait pour les pauvres, quoique j'aie toujours eu un si grand amour pour eux? » Je lui dis: « C'est que vous n'avez jamais eu assez de bien pour leur donner de grandes assistances. » Et il me répondit : « Puisque je n'avais pas de bien pour leur donner, je devais leur avoir donné mon temps et ma peine; c'est à quoi j'ai failli; et si les médecins disent vrai, et si Dieu permet que je me relève de cette maladie, je suis résolu de n'avoir point d'autre emploi ni point d'autre occupation tout le reste de ma vie que le service des pauvres. » Ce sont les sentiments dans lesquels Dieu l'a pris (43).

a

Il joignait à cette ardente charité pendant sa maladie une patience si admirable, qu'il édifiait et surprenait toutes les personnes qui étaient autour de lui, et il disait à ceux qui témoignaient avoir de la peine de voir l'état où il était, que, pour lui, il n'en avait pas, et qu'il appréhendait même de guérir; et quand on lui en demandait la raison, il disait : « C'est que je connais les dangers de la santé et les avantages de la maladie. » Il disait encore au plus fort de ses douleurs, quand on s'affligeait de les lui voir souffrir: « Ne me plaignez point; la maladie est l'état naturel des chrétiens, parce qu'on est par là comme on devrait toujours être, dans la souffrance des maux, dans la privation de tous les biens et de tous les plaisirs des sens, exempt de toutes les passions qui travaillent pendant tout le cours de la vie, sans ambition, sans avarice, dans l'attente continuelle de la mort. N'est-ce pas ainsi que les chrétiens devraient passer la vie? Et n'est-ce pas un grand bonheur quand on se trouve par nécessité dans l'état où l'on est obligé d'ètre, et qu'on n'a autre chose à faire qu'à se soumettre humblement et paisiblement ? C'est pourquoi je ne demande autre chose que de prier Dieu qu'il me fasse cette grâce. » Voilà dans quel esprit il endurait tous ses maux (44).

Il souhaitait beaucoup de communier; mais les médecins s'y opposaient, disant qu'il ne le pouvait faire à jeun, à moins que de le faire la nuit, ce qu'il ne trouvait pas à propos de faire sans nécessité, et que pour communier en viatique il fallait être en danger de mort; ce qui ne se trouvant pas en lui, ils ne pouvaient pas lui donner ce conseil. Cette résistance le fàchait, mais il était contraint d'y céder. Cependant sa colique continuant toujours, on lui ordonna de boire des eaux, qui en effet le soulagèrent beaucoup : mais au sixième jour de la boisson, qui était le quatorzième d'août, il sentit un grand étourdissement avec une grande douleur de tête; et quoique les médecins ne s'étonnassent pas de cela, et qu'ils assurassent que ce n'était que la vapeur des eaux (45), il ne laissa pas de se confesser, et il demanda avec des instances incroyables qu'on le fit communier, et qu'au nom de Dieu on trouvât moyen de remédier à tous les inconvénients qu'on lui avait allégués jusqu'alors; et il pressa tant pour cela, qu'une personne qui se trouva présente lui reprocha qu'il avait de l'inquiétude, et qu'il devait se rendre au sentiment de ses amis; qu'il se portait mieux, et qu'il n'avait presque plus de colique; et que, ne lui restant

plus qu'une vapeur d'eau, il n'était pas juste qu'il se fit porter le saint sacrement; qu'il valait mieux différer, pour faire cette action à l'église. Il répondit à cela : « On ne sent pas mon mal, et on y sera trompé; ma douleur de tête a quelque chose de fort extraordinaire. » Néanmoins voyant une si grande opposition à son désir, il n'osa plus en parler; mais il dit : « Puisqu'on ne me veut pas accorder cette grâce, j'y voudrais bien suppléer par quelque bonne œuvre, et ne pouvant pas communier dans le chef, je voudrais bien communier dans ses membres (46); et pour cela j'ai pensé d'avoir céans un pauvre malade à qui on rende les mêmes services comme à moi, qu'on prenne une garde exprès, et enfin qu'il n'y ait aucune différence de lui à moi, afin que j'aie cette consolation de savoir qu'il y a un pauvre aussi bien traité que moi, dans la confusion que je souffre de me voir dans la grande abondance de toutes choses où je me vois. Car quand je pense qu'au même temps que je suis si bien, il y a une infinité de pauvres qui sont plus malades que moi, et qui manquent des choses les plus nécessaires, cela me fait une peine que je ne puis supporter; et ainsi je vous prie de demander un malade à monsieur le curé pour le dessein que j'ai. » J'envoyai à monsieur le curé à l'heure même, qui manda qu'il n'y en avait point qui fût en état d'être transporté ; mais qu'il lui donnerait, aussitôt qu'il serait guéri, un moyen d'exercer la charité, en se chargeant d'un vieux homme dont il prendrait soin le reste de sa vie : car monsieur le curé ne doutait pas alors qu'il ne dût guérir. Comme il vit qu'il ne pouvait pas avoir un pauvre en sa maison avec lui, il me pria donc de lui faire cette grâce de le faire porter aux Incurables, parce qu'il avait grand désir de mourir en la compagnie des pauvres. Je lui dis que les médecins ne trouvaient pas à propos de le transporter en l'état où il était : ce qui le fàcha beaucoup; il me fit promettre que, s'il avait un peu de relâche, je lui donnerais cette satisfaction.

Cependant cette douleur de tête augmentant, il la souffrait toujours comme tous les autres maux, c'est-à-dire sans se plaindre; et une fois, dans le plus fort de sa douleur, le dix-septième d'août, il me pria de faire faire une consultation; mais il entra en même temps en scrupule, et me dit : « Je crains qu'il n'y ait trop de recherche dans cette demande. » Je ne laissai pourtant pas de la faire; et les médecins lui ordonnérent de boire du petit-lait, lui assurant toujours qu'il n'y avait nul danger, et que ce n'était que la migraine mêlée avec la vapeur des eaux. Néanmoins, quoi qu'ils pussent dire, il ne les crut jamais, et me pria d'avoir un ecclésiastique pour passer la nuit auprès de lui; et moi-même je le trouvai si mal, que je donnai ordre, sans en rien dire, d'apporter des cierges et tout ce qu'il fallait pour le faire communier le lendemain matin.

Les apprêts ne furent pas inutiles, mais ils servirent plus tôt que nous n'avions pensé car environ minuit, il lui prit une convulsion si violente, que, quand elle fut passée, nous crûmes qu'il était mort, et nous avions cet extrême déplaisir, avec tous les autres, de le voir mourir sans le saint sacrement, après l'avoir demandé si souvent avec tant d'instance. Mais Dieu, qui voulait récompenser un désir si fervent et si juste, suspendit comme par miracle cette convulsion, et lui rendit son jugement entier, comme dans sa parfaite santé; en sorte que monsieur le curé entrant dans sa chambre avec le saint sacrement, lui cria : « Voici celui que vous avez tant désiré.» Ces paroles achevèrent de le réveiller; et comme monsieur le curé approcha pour lui donner la communion, il fit un effort, et il se leva seul à moitié, pour le recevoir avec plus de respect; et monsieur le curé l'ayant interrogé, suivant la coutume, sur les principaux mystères de la foi, il répondit distinctement : « Oui, monsieur, je crois tout cela de tout mon cœur (47). » Ensuite il reçut le saint viatique et l'extrême-onction avec des sentiments si tendres, qu'il en versait des larmes. Il répondit à tout, remercia monsieur le curé; et lorsqu'il le bénit avec le saint ciboire, il dit: «Que Dieu ne m'abandonne jamais ! » Ce qui fut comme ses dernières paroles; car, après avoir fait son action de grâces, un moment après ses convulsions le reprirent, qui ne le quittèrent plus, et qui ne lui laissèrent pas un instant de liberté d'esprit elles durèrent jusqu'à sa mort, qui fut vingt-quatre heures après, le dixneuvième d'août mil six cent soixante-deux, à une heure du matin, âgé de trenteneuf ans deux mois (48).

NOTES SUR LA VIE DE PASCAL.

1. Gilberte Pascal, sœur aînée de Pascal, née en 1620, épousa en 1641 Florin Perier. de ce mariage naquirent Etienne, Jacqueline, Marguerite, Louis et Blaise Perier Elle mourut en 4687.

Sa relation de la vie de son frère demeura longtemps inédite. Il existe une lettre de Louis et Blaise Perier à leur mère, du 8 mars 1677 (citée par M. Cousin, Des Pensées de Pascal, p. 86), par laquelle on voit qu'elle pensait à la faire placer dans la nouvelle édition des Pensées, qu'on préparait alors, et qui parut en 4678. A cette époque, les querelles qui avaient si fort agité les derniers temps de Pascal étaient suspendues depuis près de dix anuées par la paix de Clément IX ou paix de l'Eglise. Les persécutions contre les jansénistes ne recommencèrent ouvertement qu'en 1679. Pendant cette trêve, Port Royal, toujours menacé et toujours suspect, devait éviter avec soin, par prudence comme par loyauté, ce qui pouvait rallumer la guerre. Ces motifs déterminerent Mme Perier à supprimer dans la Vie de son frère tout ce qui se rapportait aux Inttes du jansénisme. Nous indiquerons dans ces notes ce qui manque à son récit.

Cependant la relation ne parut point dans l'édition des Pensées de 4678. MM. de Port Royal pensèrent, comme l'indique la lettre des deux Perier, qu'une narration où on passerait sous silence ce qui faisait à leurs yeux le principal intérêt de la vie de Pascal ne satisferait ni à ce que demandait sa mémoire ni à ce qu'attendait le public. Le travail de Mme Perier ne parut que dans une édition des Pensées donnée à Amsterdam en 4684; on le conserva dans l'édition de Paris de 4687 et dans les suivantes.

2. Mme Perier u'a pas osé présenter au public, et je pense qu'Arnauld et Nicole n'auraient pas volontiers accueilli, le détail d'une chose fort extraordinaire, comme s'exprime Marguerite Perier, qui arriva à Pascal lorsqu'il n'avait qu'un an. M. Cousin a fait connaître le récit de Marguerite Perier, fort extraordinaire en effet. On y lit qu'une femme, à qui le père de Pascal faisait la charité, et qui se trouvait être une sorcière, mécontente de M. Pascal, qui avait refusé de solliciter un procès pour elle, jeta un sort sur le petit Blaise, que celui-ci tomba malade avec des circonstances étranges, et qu'il dépérissait à vue d'œil. M. Pascal, après avoir refusé longtemps de croire les avis qu'on lui donnait, se décida enfin à prendre la sorcière à part, et, la menaçant de la faire pendre, lui arracha l'aveu qu'elle avait jeté un sort sur son enfant, et qu'elle était bien fâchée de le lui dire, mais que le sort était à la mort. « Mon grand-père affligé lui dit : Quoi! il faut donc que mon enfant meure! Elle lui dit qu'il y avait du remède, mais qu'il fallait que quelqu'un mourût pour lui, et transporter ce sort. Mon grand-père lui dit : Ho! j'aime mieux que mon fils meure que de faire mourir une autre personne. Elle lui dit : On peut mettre le sort sur une bête. Mon grand-père lui offrit un cheval; elle lui dit que, sans faire de si grands frais, un chat lui suffisait. Il lui en fit donner un; elle l'emporta, et, en descendant, elle trouva deux capucins qui montaient pour consoler ma grand'mère de l'extrémité de la maladie de cet enfant. Ces pères lui dirent qu'elle voulait encore faire quelque sortilège de ce chat; elle le prit et le jeta par une fenêtre, d'où il ne tomba que de la hauteur de six pieds et tomba mort; elle en demanda un autre, que mon grand-père lui fit donner. La grande tendresse qu'il avait pour cet enfant fit qu'il ne fit pas d'attention que tout cela ne valait rien, puisqu'il fallait, pour transporter ce sort, faire une nouvelle invocation au diable. Jamais cette pensée ne lui vint dans l'esprit; elle ne lui vint que longtemps après, et il se repentit d'avoir donné lieu à cela. Le soir, la femme vint et dit à mon grand-père qu'elle avait besoin d'un enfant qui n'eût pas sept ans et qui, avant le lever du soleil, cueillit neuf feuilles de trois

sortes d'herbes; c'est-à-dire trois de chaque sorte. Mon grand-père le dit à son apothicaire, qui dit qu'il mènerait lui-même sa fille, ce qu'il fit le lendemain matin. Les trois sortes d'herbes étant cueillies, la femme fit un cataplasme qu'elle porta à sept heures du matin à mon grand-père, et lui dit qu'il fallait le mettre sur le ventre de l'enfant...etc (a). » Nous n'en voulons pas citer davantage, quoique ce qui suit ne soit guère moins curieux. Mais nous Le pouvions pas non plus supprimer entièrement cette préface de la vie d'un penseur chez qui l'imagination demeura toujours aussi forte que la pensée, qui ne s'étonna pas du miracle de la sainte épine, et qui enfin croyait aux sorciers. (Voir le paragraphe de l'article XXIII des Pensées.)

J'indiquerai ici une brochure intitulée Recherches sur la maison où Blaise Pascal est né et sur la fortune d'Etienne Pascal son père, par B. Gonod, Clermont, 1847. La première partie de ce travail ne peut être appréciée qu'à Clermont même : la seconde est d'un intérêt plus général, et contient des renseignements curieux quoique insuffisants.

3. Pascal était loin d'avoir autant de lecture et d'érudition qu'il avait de force de pensée : Non enim eruditione multiplici laborisque diligentia censendum est [ingenium Paschalii]: sit doctorum vulgaris illa laus, non ejus sane qui ad inveniendas potius quam ad discendas scientias natus erat. (Eloge de Pascal, par Nicole.)

4. On peut juger de l'esprit et des connaissances d'Etienne Pasca! par sa Lettre au P. Noël, conservée parmi les OEuvres de Pascal.

5. Cette maxime devrait être celle de tous les maltres.

6. Ce mot ne s'emploie aujourd'hui avec l'article qu'au pluriel.

7. Que l'angle extérieur d'un triangle est égal à la somme des deux angles intérieurs opposés, et que la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits. 8. Fontenelle parle de ces assemblées dans la préface de l'Histoire de l'Académie des sciences; elles se tenaient chez le P. Mersenne (mort en 14648). Il ajoute qu'il se fit ensuite chez d'autres personnes des assemblées plus régulières. Ce fut l'origine de l'Académie des sciences, établie en 1666. Déjà, auparavant, cette société prenait le nom d'Académie. Pascal lui ayant présenté, en 1654, deux écrits de mathématiques en latin, sa lettre d'envoi est adressée celeberrimæ ma'heseos Academiæ parisiensi.

9. Dans la lettre latine de 4654, dont parle la note précédente, Pascal promet de faire paraître bientôt divers écrits dont il donne les titres. I indique entre autres Un traité complet des coniques, que j'ai conçu avant d'avoir atteint l'âge de seize » ans, et que j'ai rédigé ensuite. » Après sa mort, on trouva dans ses papiers six écrits latins sur ce sujet; ils n'ont pas été publiés, et ils sont perdus. Parmi ces manuscrits, il se trouva un imprimé de quelques pages, qui seul a été conservé, et que Bossut a donné dans son édition. Cette pièce, qui a pour titre, Essais pour les coniques, avait été imprimée en 1640. Ce n'est pas un traité, mais une espèce de programme, où Pascal énonce les différentes propositions qu'il se fait fort de démontrer. Il ne donnait pas ses idées pour complétement originales, car il dit : « Nous » démontrerons aussi la propriété suivante, dont le premier inventeur est M. Desargues, Lyonnais, un des grands esprits de ce temps et des plus versés aux maD thématiques, et entre autres aux coniques... Je veux bien avouer que je dois le » peu que j'ai trouvé sur cette matière à ses écrits, et que j'ai tâché d'imiter, au>> tant qu'il m'a été possible, sa méthode sur ce sujet.

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40. Le Conservatoire des arts et métiers possède un modèle de la machine arithmétique avec cette espèce de certificat: Esto probali instrumenti signaculum hoc, Blasius Pascal Arvernus, 1652.

(a) Voir pages 419 et 471 des Lettres, opuscules et mémoires de Mme Perier et de Jacqueline, sours de Pascal, el de Marguerite Perier, sa nièce, publiés par M. Faugère, 1845. Nous renverrons plusieurs fois à ce volume, où sont réunies des pièces très-intéressantes, déjà publiées d'ailleurs pour la plupart par M. Cousin. Le texte suivi par M. Faugère est celui des excellents manuscrits du P. Guerrier.

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