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Cette traduction des Caractères précédée d'une traduction de la Notice de Suard, a été imprimée à Paris par Éverat. On l'a réimprimée en 1840: Gerona, V. Oliva; Madrid, Rios, 3 vol. in-8°. (Avec portrait.)

Traduction russe.

13.- Карактеры, или свойства различнаго состоянія людей нынѣшняго времени. Сочиненіе Лабрюйера. Перевелъ съ Францускаго Николай Ильинъ. Москва, въ типографій Селиновскаго, 1812, 2 vol. in-12. (Titre communiqué par M. Picot.)

Traduction des Caractères par Nicolas Iljin.

PORTRAITS DE LA BRUYÈRE.

Mme Michallet faisait paraître en 1699 la Suite des Caractères de Théophraste et des Maurs de ce siècle (voyez ci-dessous, p. 184, no 25). Cette publication tirait quelque intérêt du portrait de la Bruyère, qui est placé en tête, et qu'accompagnent les vers suivants, attribués à Boileau :

Tout esprit orgueilleux qui s'aime

Par mes leçons se voit guéri,

Et dans mon livre si chéri
Apprend à se haïr soi-même.

« Tout le monde, ainsi commence l'Avis de l'imprimeur au lecteur, me demande avec instance le portrait de M. de la Bruyère, et cette curiosité m'a paru si raisonnable que j'ai résolu de la satisfaire. J'ai donc cherché tous les portraits que l'on a de cet homme illustre, et en ayant trouvé un entre autres qui lui ressemble parfaitement au jugement de ceux qui le connoissoient, je l'ai fait graver avec tout le soin possible. Je l'ai mis à la tête de ce livre, pour ne rien laisser à souhaiter aux curieux; car ils verront ici M. de la Bruyère tout entier. Ce portrait donnera une parfaite idée de son visage, et ce livre fera connoître le caractère de son esprit. »

Le portrait qu'on publiait ainsi, trois années et demie après la mort de la Bruyère, était sans doute ressemblant, puisque son libraire l'affirme. Le témoignage de Mme Michallet n'a été démenti sur ce point par aucun de ses contemporains, et nous l'acceptons, tout en déclarant apocryphe la Suite des Caractères, dont elle tentait sans succès de faire admettre l'authenticité.

De Saint-Jean pinxit, Drevet sculpsit, lit-on au bas du portrait. Pierre Drevet, né en 1664, mort en 1738, est l'un de nos plus célèbres graveurs ;

nous n'avons pas à le présenter à nos lecteurs, qui connaissent les planches qu'il a gravées d'après H. Rigaud (Louis XIV, Louis XV, le prince de Conti, le cardinal de Fleury, la duchesse de Nemours, Boileau, etc.), et les portraits qu'il a faits d'après nature (le Dauphin, Philippe V, le marquis de Dangeau, Girardon, etc.).

Saint-Jean est moins connu. De même qu'il y a eu deux Pierre Drevet (le nôtre est le père), on compte plusieurs Saint-Jean parmi les peintres et dessinateurs du temps. L'auteur du portrait de la Bruyère, aujourd'hui perdu ou ignoré, et que nous ne connaissons que par la gravure, est sans doute Jean Dieu de Saint-Jean, qui était fils d'un peintre du même nom, et qui mourut le 15 juin 1695, âgé de quarante et un ans'. Il a laissé des gravures de mode : la Bibliothèque nationale conserve un certain nombre de planches où il a dessiné les costumes des gens de la cour et de la ville.

Saint-Jean n'est pas le seul artiste qui ait peint ou dessiné la Bruyère, s'il est exact, comme le dit Mme Michallet, qu'elle ait fait un choix parmi les portraits de l'auteur des Caractères. La plupart des graveurs qui ont prétendu nous donner les traits de la Bruyère reproduisent plus ou moins fidèlement le portrait de Saint-Jean. Quelques-uns cependant, tels que Seraucourt et Desrochers, semblent avoir eu un autre modèle sous les yeux. Mais c'est à la planche de Drevet qu'il faut revenir pour avoir quelque garantie d'authenticité, et c'est d'après Drevet que M. Sandoz a gravé le portrait qui est joint à notre édition.

Le Musée de Versailles possède un portrait de l'École française, qui, d'après le catalogue, serait celui de la Bruyère : il avait été placé dans la salle no 165, sous le no 4277, et il est ainsi décrit :

« Hauteur, 0,31; largeur, 0,26. Cuivre, forme ovale. Il (la Bruyère) porte une perruque blonde et un manteau rouge. » (Notice du Musée de Versailles, par Eudore Soulié, 3o partie, p. 338.)

L'attribution semble de pure fantaisie.

Ce tableau, qui figurait dans l'une des salles affectées aujourd'hui à la Chambre des députés, n'est plus en place.

On conserve au même musée un autre portrait de la Bruyère, peint au dix-huitième siècle par Mme Vigée Lebrun: « J'avois fait en 1775, d'après les gravures du temps, écrit-elle dans ses Souvenirs (1835, in-8°, tome I, p. 43), les portraits du cardinal de Fleury et de la Bruyère. J'en fis hommage à l'Académie françoise. » Les Mémoires secrets de Bachaumont (tome VIII, p. 202) nous apprennent que d'Alembert remercia officiellement, au nom de l'Académie, Mme Lebrun de ce double hommage. Des salles de l'Académie française (et non de la Comédie française, comme il est imprimé dans l'édition Walckenaer, p. 645), ce portrait de la Bruyère a passé au palais de Versailles, salle no 152 du 2o étage, qui sert aujourd'hui de salle de commission dans la partie du palais réservée au Sénat. Il est ainsi décrit, sous le no 2940, dans la Notice du Musée de Versailles (3o partie, p. 17 et 18): « Hauteur, o,63; largeur, 0,52. Collection de l'Académie française. >>

« M. Monmerqué, lisons-nous dans la Comédie de la Bruyère (2o édi

1. Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, p. 702.

LA BRUYÈRE. III, I

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tion, tome II, p. 599, note 1) au sujet de ses portraits, en possédait un qu'il attribuait (mais à tort, je crois, ajoute M. Fournier) à Philippe de Champagne. « L'auteur des Caractères, dit Mme de Saint-Surin, << plus tard Mme Monmerqué, y est représenté écrivant un passage de son « livre ; son regard respire un dédain plein de finesse et de malice. » (Miroir des Salons, p. 88.) »

Un assez grand nombre de portraits gravés sont signalés dans la Notice bibliographique, sous les nos 21, 27, 31, 37, 39, 45, 48, 55, 58, 63, 65, 73, 74, 77, 81, 84, 86, 94, 99, 108, 124, 135, 137, 138, 140, 141, 144. Celui qui est mentionné sous le no 27, gravé par Seraucourt (Seraucourt fecit), est l'un de ceux au-dessous desquels on place à Paris la naissance de la Bruyère : « Jean de la Bruyère, de l'Académie françoise, et gentilhomme de Monsieur le Prince, né à Paris et mort à Versailles le 16 mai (lisez le 11 mai) 1696, âgé de cinquante-sept ans. » On lit au bas les vers suivants :

J'ai peint au naturel l'impertinent, le sot,

Le fat, l'ambitieux, l'avare et le bigot.
Mon livre est un tableau des erreurs de la vie,
De tout le genre humain il contient le portrait,
Le sage y rit de ceux dont j'ai peint la folie,
Et l'insensé s'y méconnoît.

La même mention du lieu de naissance se retrouve, ainsi que les mêmes vers, au-dessous d'un portrait non signé, qui a été publié chez Daumont, rue Saint-Martin. Ajoutons qu'une gravure allemande, conservée à la Bibliothèque nationale, fait aussi naître la Bruyère à Paris, avec la date inexacte de 1639.

Le portrait de Cathelin, qui est joint à l'édition in-4o de 1765 (no 45), gravé d'après Saint-Jean, porte les vers de Boileau.

Le portrait de P. Savart, placé en tête d'une édition de 1769 (no 48), est daté de 1768. Comme le précédent, il a été gravé d'après Saint-Jean, et porte aussi les vers de Boileau'.

On trouvera au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale, une collection de portraits de la Bruyère, qui comprend presque tous ceux dont il est question dans la Notice bibliographique, et de plus divers autres portraits dont nous nommerons, par ordre alphabétique, les gra

veurs :

P. M. Alix, d'après le tableau qui était à l'Académie française (aujourd'hui au Musée de Versailles, peint par Mme Lebrun: voyez ci-dessus, p. 177), gravure coloriée, Paris, M. F. Drouhin; Bachelier; Blanchard; Blanchon; Delpech (lithographie); E. Desrochers (on retrouve au-dessous du portrait gravé par Desrochers la légende et les vers qui sont au bas du portrait par Seraucourt; sur l'un des deux exemplaires conservés à la Bibliothèque nationale, on lit, après le nom du graveur : « Se vend chez lui à Paris, rue Saint-Jacques, au Mecanas); Delvaux (deux portraits, l'un en 1782, d'après Saint-Jean); Julien (lithographie: deux états, dont l'un pour le Siècle de Louis XIV); Laderer, d'après Deveria

1. Nous mentionnons ci-après un autre portrait de Savart, daté de 1778, qui se vendait isolément.

(deux états, dont l'un pour l'Iconographie instructive); A. de la Live; Landon, d'après Saint-Jean (pour une Histoire de France); Élisabeth Marlié Lepicié (deux états, dont l'un pour la collection Odieuvre); P. Savart (de Saint-Jean pinxit, 1778, chez l'auteur, quai Saint-Bernard, hôtel Chamouzet).

De tous les portraits de la Bruyère, il n'en est qu'un petit nombre qui présentent quelque intérêt. Après celui de Drevet, nous ne voyons guère parmi les planches du dix-huitième siècle, que celles de Seraucourt, Desrochers, Savart, Cathelin, qui soient dignes d'attention.

OUVRAGES COMPOSÉS A L'IMITATION DES CARACTÈRES.

Nous n'avons pas besoin de dire que nous ne comprenons pas sous ce titre les moralistes, postérieurs à la Bruyère, sur qui sa manière de penser et d'écrire peut avoir exercé quelque influence. Notre liste, et nous ne nous flattons pas de la faire complète, se bornera aux ouvrages qui, ainsi que l'indique le plus souvent leur titre, ont été manifestement composés à l'imitation des Caractères. Leurs auteurs n'ont été, en général, il faut en convenir, que de médiocres copistes, qui auraient pu faire leur profit de la 64o remarque du chapitre des Ouvrages de l'esprit (tome I, p. 149).

Au compte du Journal de Trévoux, il avait été publié, de 1688 à 1701 (voyez le no de mars-avril 1701, p. 76), plus de trente volumes rappelant, sous des variantes diverses, le titre des Caractères de la Bruyère : il y a là peut-être quelque exagération; le journal n'a pu citer que huit titres, lesquels sont reproduits, au milieu d'autres, dans la liste suivante : 1.- Caractères véritables ou Recherche de la vérité dans les mœurs des hommes, par Pierre le Gouz, conseiller au parlement de Dijon.

9.

Manuscrit autographe in-4°, conservé à la Bibliothèque de Dijon (n° 204). Cet ouvrage, qui est demeuré inédit, a été composé au plus tôt en 1688, après la révolution d'Angleterre. Le Gouz, né à Dijon en 1640, est mort en 1702. Sur ses Caractères, cités par M. Stiévenart dans sa traduction des Caractères de Théophraste (1842, p. 207), voyez le Bulletin du Bibliophile, 1863, p. 257-276, article de M. H. Beaune, et la Comédie de la Bruyère, par M. Fournier, 2° partie, p. 401 et 402.

Caractères de l'honnéte homme et de l'homme chrétien (par Vincent). Paris, Villette, 1690, in-12.

3.- Réflexions sur les défauts d'autrui (par l'abbé de Villiers). Paris, Barbin, 1690, 2 parties, in-12.

4.

Article du Journal des Savants, 1690, no du 28 août, p. 407 ou 310, selon l'édition.

Suivant l'auteur des Entretiens sur les contes de fées (1709, in-12, p. 230), le meilleur des livres qui semblent avoir imité les Caractères de la Bruyère est celui des Réflexions sur les défauts d'autrui. Ces Entretiens et les Réflexions, ouvrages anonymes, sont du même abbé de Villiers. Très-indulgent pour lui-même, plus sévère pour les autres imitateurs des Caractères, il a parfois des jugements rigoureux sur son modèle, témoin ce passage, que nous citons, parce que plusieurs des critiques modernes se sont rencontrés sur un même point avec de Villiers :

<< Du style naturel de Virgile, on passa au style guindé de Lucain; à l'harmonie de Cicéron succéda la sécheresse des pointes de Sénèque, et de là peu à peu on tomba dans la barbarie. Il me semble qu'aujourd'hui les choses prennent assez le même train. La plupart de ceux qui se piquent de bien écrire affectent déjà un style sec, charge d'épithètes et d'expressions alambiquées : le succès du livre des Caractères a commencé, ou plutôt achevé de gâter à cet égard les petits esprits. » (Entretiens, p. 226–227.)

Nous rappellerons que l'abbé de Villiers est, suivant toutes les clefs imprimées, l'auteur «né copiste » auquel la Bruyère adressait de si sages conseils peu de mois après la publication de ses Réflexions : voyez tome I, p. 149, no 64, et p. 431, xxvII.

Une troisième édition des Réflexions a paru en 1693 (voyez le Journal des Savants, 1693, no du 7 décembre, p. 479 ou 387); en 1697, l'auteur, que n'avait pas corrigé la Bruyère, publiait de Nouvelles réflexions (voyez ci-après, p. 182, no 19), et en 1725, des Vérités satiriques en cinquante dialogues, in-12.

Nouvelles réflexions ou sentences et maximes morales et politiques, dédiées à Mme de Maintenon (par l'abbé du Vernage). Paris, Michallet; Lyon, Amaulry, 1690, in-12.

Article du Journal des Savants, 1690, no du 5 juin, p. 390 ou 260. Seconde édition, où le nombre des réflexions est augmenté et leur ordre modifié, 1691. Article du Journal des Savants, 1691, no du 7 mai, p. 284 ou 191.

3. L'Education, maximes et réflexions de M. de Moncade (Bonaventure d'Argonne), avec un Discours du sel dans les ouvrages de l'esprit. Rouen, Vve A. Maurry, 1691, in-12.

6.

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L'auteur, le chartreux Bonaventure d'Argonne, est le même qui plus tard, sous le pseudonyme de Vigneul-Marville, devait publier un âpre factum contre la Bruyère (voyez ci-après, p. 195, no 3).

Ce livre sur l'Éducation, dont quelques passages paraissent dirigés contre la Bruyère et les Caractères, était composé en 1690, car le privilége est du 5 juin 1690; il fut enregistré le 3 juillet de la même année; mais l'achevé d'imprimer n'est que du 1er juillet 1691.

Les Caractères naturels des hommes, en cent dialogues, par l'abbé Bordelon, Paris, Arn. Senense, 1692, in-12.

1. Entre autres, celui-ci sans doute: « Trop de sel dans les ouvrages d'esprit en rend le goût amer. »

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