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NOTES ET VARIANTES

DU CHANT SECOND.

(a) EDITION de 1756:

C'eft à l'Amour à nous cueillir la rofe;

Mes chers amis, ayons tous cet honneur,

Ainfi foit-il; mais parlons d'autre chose.
Vers les confins, &c.

(b) Il y avait alors fur toutes les frontières de Lorraine des poteaux aux armes du duc, qui font trois alérions; ils ont été ôtés en 1738.

(c) Elle était en effet native du village de Domrėmi, fille de Jean d'Arc et d'Ifabeau, âgée alors de vingt-sept ans, et servante de cabaret; ainsi son père n'était point curé. C'est une fiction poëtique qui n'eft peutêtre pas permise dans un fujet grave.

(d) Montait chevaux à poil, et fefait apertifes qu'autres filles n'ont point coutume de faire, comme dit la chronique de Monftrelet.

(e) On lit dans quelques manufcrits:

Voici le fait. Le père Grisbourdon,

Grand cordelier, grand chercheur d'aventure,
Prêcheur de nonne, écumant de luxure,

Avait juré fon froc et fon cordon

Son Dieu, fon diable et Saint-François d'Affise,
Que dans les lacs Jeannette ferait prise.

D'une autre part un large muletier

Non moins hardi, non moins franc du collier, (*)

(*) Il y a dans un autre manufcrit.

Le jour, la nuit, montrant fans fin, fans terme,

Signes certains de l'amour le plus ferme.

Meme on a cru qu'à ce puiffant objet

Notre héroïne enfin s'apprivoifait;

Qu'elle fentait une fubtile flamme,

Qui par les yeux fe gliffait dans fon ame.
Je n'en crois rien : mais notre cordelier,
Hardi paillard, étant de plus forcier,

Alla trouver ce rival fi terrible;

Puis il lui tint ce difcours très-plaufible:
Puiffant héros, &c.

Groffièrement foupirait pour la belle,

Et par état fe croyait né pour elle.
L'occafion, la douce égalité

Fefaient pencher Jeanne de son côté.
Mais fa pudeur triomphait de la flamme
Qui par les yeux fe gliffait dans fon ame.

Le francifcain vit fa naiffante ardeur;

Mieux qu'elle encore il lifait dans fon cœur.

Ce moine était grand clerc dans l'art magique,
Art cultivé dans ce beau fiècle antique,

De nos favans en nos jours ignore,

Car aujourd'hui tout a dégénéré.

En feuilletant, &c.

(f) La forcellerie était alors fi en vogue, que Jeanne d'Arc elle-même fut brûlée depuis comme forcière, fur la requête de la forbonne.

(g) Figure de Pallas, à laquelle le deftin de Troye était attaché : presque tous les peuples ont eu de pareilles fuperftitions.

(h) Edition de 1762:

J'aurai, dit-il, ma Jeanne en ma puissance;
Je fuis anglais, je dois faire le bien

De mon pays, et plus encor le mien.

(i) Edition de 1756:

Ce pefant diable eft maintenant en France,
Avec meffieurs il ronfle à l'audience,

Dans le parterre il vient bâiller le foir.

(k) Le jefuite Girard, convaincu d'avoir eu de petites privautés avec la demoiselle Cadière, sa pénitente, fut accufé de l'avoir euforcelée en foufflant fur elle. [Voyez les notes du chant troifième. }

(1) Edition de 1756:

» Suis-moi, renonce à tes humbles travaux ;

» Charle eft un Jean, et Jeanne eft un héros. "
A ce difcours, &c.

【m) Dans l'édition de 1762, et les éditions précédentes, on lifait:

A ce difcours terrible et pathétique,

Et qui n'eft point en ftyle académique,
Jeanne étonnée, ouvrant un large bec,

Crut quelque temps que l'on lui parlait grec.

Dans ce moment un rayon de la grâce

Dans fon efprit porte un jour efficace.

Et dans un manuscrit :

A ce difcours confolant et terrible,

Pris mot pour mot des cahiers de la bible, &c.

(a) Edition de 1756:

Telle plutôt cette heureuse grisette
Que la nature ainfi que l'art forma
Pour le ferail ou bien pour l'opéra,
Qu'une maman avitee et difcrète,
Au noble lit d'un fermier éleva,

Et que l'Amour, d'une main plus adroite,
Sous un monarque entre deux draps plaça.
Sa vive allure est un vrai port de reine,
Ses yeux fripons s'arment de majesté,
Sa voix a pris le ton de fouveraine,
Et fur fon rang fon efprit s'eft monté,
Or pour hâter, &c.

(0) Debora eft la première femme guerrière dont il foit parlé dans le monde. Jahel, autre héroïne, enfonça un clou dans la tête du général Sizara: on conferve ce clou dans plufieurs couvens grecs et latins, avec la mâchoire dont fe fervit Samfon, la fronde de David, et le couperet avec lequel la célèbre Judith coupa la tête du général Holoferne ou Olfern, après avoir couché avec lui.

(p) Edition de 1756, et manufcrit :

Ces pots brillans dont Gédéon défit
De Madian la cohorte infidelle,

Le couperet de la belle Judith,

Cette beauté fi faintement perfide

Qui, pour le ciel, galamment homicide,

Son cher amant maffacra dans fon lit.

Plus d'abondant le facré cimeterre

Dont le Sauveur voulut que s'armât Pierre

Pour lui donner une oreille à guérir,

Et de fon nom laiffer un fouvenir.

(4) Lecteur, qui avez du goût, remarquez que notre auteur, qui en a auffi, et qui eft au-deffus des préjugés, rime toujours pour les oreilles plus que pour les yeux. Vous ne le verrez point faire rimer trône avec bonne, pâte avec parte, homme avec héaume. Une brève n'a pas le même

fon, et ne se prononce pas comme une longue. Jean et chant se prononcent

de même.

(r) Aventure décrite dans l'Enéide.

(s) Aventure de l'Iliade.

(1) L'un des grands capitaines de ce temps-là.

(u) Il ne s'appelait point Roger, mais Robert: cette faute eft légère; ce fut lui qui mena Jeanne d'Arc à Tours, en 1429, et qui la présenta au roi. C'était un bon champenois qui n'y entendait pas fineffe. Son château était auprès de Brienne en Champagne. J'ai vu sa devise sur la porte de ce pauvre château : c'était un cep de vigne avec la légende Beau, dru et court. On peut juger par-là de l'efprit du temps.

(x) Edition de 1756:

"Un roi de France a toujours dans le cœur,

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Malgré le vice, un très-grand fond d'honneur ;

» Vous l'avez vu dernièrement, mes frères,

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Lorfque Louis, fe dérobant des bras

"De la beauté qu'exorcifait Linières

"Au bord du Rhin, du fond des Pays-Bas

» Vint cogner Charle, et braver le trépas. »

Du vieux foldat, &c.

(y) Effectivement des médecins et des matrones vifitèrent Jeanne d'Arc, et la déclarèrent pucelle.

(z) Etendard apporté par un ange dans l'abbaye de Saint-Denis, lequel était autrefois entre les mains des comtes de Vexin.

Fin des Notes et Variantes du Chant fecond.

t

CHANT III.

ARGUMENT.

Defcription du palais de la Sottife. Combat vers Orléans. Agnès fe revêt de l'armure de Jeanne pour aller trouver fon amant: elle eft prife par les Anglais, et fa pudeur Jouffre beaucoup.

Ce n'eft le tout d'avoir un grand courage,
Un coup d'œil ferme au milieu des combats,
D'être tranquille à l'afpect du carnage,
Et de conduire un monde de foldats;
Car tout cela fe voit en tous climats,
Et tour à tour ils ont cet avantage.
Qui me dira fi nos ardens Français,
Dans ce grand art, l'art affreux de la guerre,
Sont plus favans que l'intrépide Anglais ?

Si le Germain l'emporte fur l'Ibère ?

Tous ont vaincu, tous ont été défaits.

Le grand Condé fut vaincu par Turenne; (a)
Le fier Villars fut battu par Eugène. (b)
De Stanillas le vertueux fupport,

Ce roi foldat, dom Quichotte du Nord,
Dont la valeur a paru plus qu'humaine,
N'a-t-il pas vu, dans le fond de l'Ukraine,
A Pultava tous fes lauriers flétris (c)
Par un rival, objet de ses mépris ?

UN beau fecret ferait, à mon avis,
De bien favoir éblouir le vulgaire,

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