Qui? dit Dunois. Le bon roi lui repart: BIENTOT la nuit, couvrant notre hémisphère, L'enveloppa d'un noir et long manteau, Et mit un terme à ce cours tout nouveau COMME il fortait de cette grande affaire, Il entendit qu'on avait le matin Vu cheminer vers la forêt voisine Aux grands yeux bleus, au minois enfantin, On n'avait vu dans ces lieux écartés; Rien n'égalait fa bizarre ftructure. LE roi, furpris de tant de nouveautés, Quand dans le ciel on attelait encore Fin du feizième Chant. NOTES DU CHANT SEIZIEME. (a) J'AVOUE 'AVOUE que je ne l'ai point lu dans Tritême : mais il se peut que je n'aie pas lu tous les ouvrages de ce grand homme. (b) Remettez votre épée en fon lieu, car qui prendra l'épée périra par l'épée. Saint Pierre confeille ici avec une piété adroite aux Anglais de ne pas faire la guerre. (c) La Motte-Houdart, poëte un peu fec, mais qui a fait d'affez bonnes chofes, avait malheureusement fait des odes en profe, en 1730; preuve nouvelle que ce poëme divin fut composé vers ce temps-là. (d) Fortunat, évêque de Poitiers, poëte. Il n'eft pas l'auteur du Pange lingua, qu'on lui attribue. (e) Saint Profper, auteur d'un poëme fort fec fur la grâce, au cinquième fiècle. (f) Grégoire de Tours, le premier qui écrivit une hiftoire de France, toute pleine de miracles. (g) Saint Bernard, bourguignon, né en 1091, moine de Citeaux, puis abbé de Clervaux; il entra dans toutes les affaires publiques de fon temps, et agit autant qu'il écrivit. On ne voit pas qu'il ait fait beaucoup de vers. Quant à l'antithèse dont notre auteur le glorifie, il est vrai qu'il était grand amateur de cette figure. Il dit d'Abélard: Leonem invafimus, infidimus in draconem. Sa mère étant groffe de lui fongea qu'elle accouchait d'un chien blanc, et on lui prédit que son fils serait moine, et aboierait contre les mondains. (h) Saint Austin ou Auguflin, moine qu'on regarde comme le fondateur de la primatie de Cantorbéri, ou Kenterburi. (i) Les Juifs empruntèrent, comme on fait, les vases des Egyptiens, et s'enfuirent. (k) Les lévites qui égorgèrent vingt mille de leurs frères. (1) Phynée qui fit maffacrer vingt-quatre mille de fes frères, parce qu'un d'eux couchait avec une madianite. ( m ) Aod, ou Eüd, affaffina le roi Eglon, mais de la main gauche. (n) Samuel coupa en morceaux le roi Agag que Saül avait mis à rançon. (0) Judith affez connue. (p) Baza, roi d'Ifraël, affaffina Nadad ou Nabab, et lui fuccéda. (9) Achab avait eu une grosse rançon de Benhadad, roi syrien, comme Saul en avait eu une d'Agag, et fut tué pour avoir pardonné. Benhadad vaincu envoya des députés à Achab pour lui demander la vie. S'il vit, répondit Achab aux députés, il n'eft plus que mon frère. Cette réponse qui, humainement parlant, eft d'une naïveté touchante et fublime, attira fur Achab la colère du ciel et fur-tout celle des prophètes. (Rois, liv. III, ch. 20.) (r) Joas affaffiné par Jozabad. (s) Allufion à l'épigramme de Racine : Je pleurs, hélas ! de ce pauvre Holopherne, Si méchamment mis à mort par Judith. (1) Bafilic, animal fort fameux, mais qui n'exista jamais. (u) Léviatan, autre animal fort célèbre. Les uns difent que c'eft la baleine, les autres le crocodile. (*) Phosphore, porte-lumière, qui précédait l'aurore, laquelle précédait le char du foleil. Tout était animé, tout était brillant dans l'ancienne mythologie. On ne peut trop en poëfie déplorer la perte de ces temps de génie, remplis de belles fictions, toutes allégoriques. Que nous sommes fecs et arides en comparaison, nous autres remués de barbares! (y) Les anciens donnèrent un char au foleil. Cela était fort commun. Zoroastre traversait les airs dans un char; Elie fut transporté au ciel dans un char lumineux. Les quatre chevaux du soleil étaient blancs. Leurs noms étaient Piroïs, Eoüs, Eton, Phlégon, selon Ovide ; c'est-à-dire, l'enflammé, l'oriental, l'annuel, le brûlant. Mais felon d'autres favans antiquaires, ils s'appelaient Erithrée, Actéon, Lampos et Philogée; c'est-à-dire, le rouge, le lumineux, l'éclatant, le terreftre. Je crois que ces favans se font trompés, et qu'ils ont pris les noms des quatre parties du jour pour ceux des chevaux ; c'est une erreur groffière que je démontrerai dans le prochain mercure, en attendant les deux differtations in-folio que j'ai faites fur ce fujet. Fin des Notes du Chant feizième. CHANT XVII. ARGUMENT. Comment Charles VII, Agnès, Jeanne, Dunois, la Trimouille, &c. devinrent tous fous, et comment ils revinrent en leur bon fens par les exorcifmes du R. P. Bonifoux, confeffeur ordinaire du roi. OH que ce monde eft rempli d'enchanteurs! HERMAPHRODIX a bâti tout exprès Le beau château qui retenait Agnès, |