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(g) Edition de 1756:

D'Argens foupire alors que d'Arget rit;

Et Maupertuis débite des fadaifes,

Comme Newton fes doctes hypothèses.

Nous fupprimons ici deux vers des éditeurs. Les trois précédens ne font pas davantage de M. de Voltaire; mais ces éditeurs, qui favaient les querelles qu'il avait eues récemment à Berlin, le fefaient parler comme ils auraient parlé eux-mêmes dans des circonftances femblables.

(h) Edition de 1756:

Mais fe plaifant fur-tout avec le page,

A fon fouris, à fon dévot langage,

A fes yeux doux, à son gefle, à son ton,
On croit au père un refte de raifon.

Le mal nouveau qui fafcine la vue, ૮.

(i) Edition de 1756:

La belle était justement dans un coin

Propre au mystère : il la guette de loin,
Puis court vers elle, armé, plein de courage.

On le crut fou; mais c'était le feul fage.
O muletier, de quels rares tréfors

La jufte main de la riche nature
T'avait payé la trop commune injure

De la fortune! En un feul haut-le-corps
Il met à bas la belle créature;

Il la fubjugue

Du brufque affaut la jeune Corifandre
N'avait pas eu le temps de fe defendre :

Les poings fermés, tout le corps en arrêt,

Serrant les dents, retirant le jarret,

Sans dire mot, fans rien voir, rien entendre,

Elle attendait, en invoquant les faints,

Que l'ennemi fe fût caffé les reins.

Pour elle enfin le moment vint d'apprendre

Et de favoir. A peine elle fentit

La volupté, &c.

Fin des Notes et Variantes du Chant de Corifandre.

Le fier Talbot entre et fe précipite.
Fureur, fuccés, gloire, amour, tout l'excite.

AM-Moreau le jinv

Pucelle Chant 13?

Baquoy Sculp

CHANT

X V.

ARGUMENT.

Grand repas à l'hôtel-de-ville d'Orléans, fuivi d'un affaut général. Charles attaque les Anglais. Ce qui arrive à la belle Agnes et à fes compagnons de voyage.

CENSEUR

ENSEURS malins, je vous méprise tous,
Car je connais mes défauts mieux que vous.
J'aurais voulu dans cette belle histoire,
Ecrite en or au temple de Mémoire,
Ne préfenter que des faits éclatans,
Et couronner mon roi dans Orléans
Par la Pucelle, et l'amour et la gloire.
Il eft bien dur d'avoir perdu mon temps
A vous parler de Cutendre et d'un page,
De Grisbourdon, de fa lubrique rage,
D'un muletier, et de tant d'accidens
Qui font grand tort au fil de mon ouvrage.

MAIS vous favez que ces événemens
Furent écrits par Tritême le fage; (a)

Je le copie et n'ai rien inventé;

Dans ces détails fi mon lecteur s'enfonce,

Si quelquefois fa dure gravité

Juge mon fage avec févérité,

A certains traits fi le fourcil lui fronce,

Il peut, s'il veut, paffer fa pierre ponce (b)

Sur la moitié de ce livre enchanté ;

Mais qu'il refpecte au moins la vérité.

། མ་

O Vérité! vierge pure et facrée,
Quand feras-tu dignement révérée ?
Divinité, qui feule nous inftruis,

Pourquoi mets-tu ton palais dans un puits?
Du fond du puits quand feras-tu tirée ?
Quand verrons-nous nos doctes écrivains,
Exempts de fiel, libres de flatterie,
Fidèlement nous apprendre la vie,

Les grands exploits de nos beaux paladins?
Oh qu'Ariofte étala de prudence,
Quand il cita l'archevêque Turpin! (c)
Ce témoignage à fon livre divin
De tout lecteur attire la croyance.

TOUT inquiet encor de fon defstin,
Vers Orléans Charle était en chemin.
Environné de fa troupe dorée,
D'armes, d'habits richement décorée;
Et demandant à Dunois des confeils,
Ainfi que font tous les rois fes pareils,
Dans le malheur dociles et traitables,
Dans la fortune un peu moins praticables.
Charles croyait qu'Agnès et Bonifoux
Suivaient de loin. Plein d'un efpoir fi doux,
L'amant royal fouvent tourne la tête
Pour voir Agnès, et regarde et s'arrête;
Et quand Dunois, préparant fes fuccès,
Nomme Orléans, le roi lui nomme Agnès.

L'HEUREUX bâtard, dont l'active prudence
Ne s'occupait que du bien de la France,
Le jour baiffant, découvre un petit fort
Que négligeait le bon duc de Bedfort.

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