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étaient accomplies; les grands auteurs vivaient encore la plupart, mais se reposaient. On peut distinguer, en effet, comme trois parts dans cette littérature glorieuse. La première, à laquelle Louis XIV ne fit que donner son nom et que prêter plus ou moins sa faveur, lui vint toute formée de l'époque précédente; j'y range les poëtes et les écrivains nés de 1620 à. 1626, ou même avant 1620, La Rochefoucauld, Pascal,

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Molière, La Fontaine, madame de Sévigné. La maturité de ces écrivains répond ou au commencement, ou aux plus belles années du règne auquel on les rapporte; mais elle se produisait en vertu d'une force et d'une nourriture antérieures. Une seconde génération très-distincte et propre au règne même de Louis XIV, est celle en tête de laquelle on voit Boileau et Racine, et qui peut nommer encore Fléchier, Bourdaloue, etc., etc., tous écrivains ou poëtes, nés à dater de 1632, et qui débutèrent dans le monde au plus tôt vers le temps du mariage du jeune roi. Boileau et Racine avaient à peu près terminé leur œuvre à cette date de 1687; ils étaient tout occupés de leurs fonctions d'historiographes. Heureusement, Racine allait être tiré de son silence de dix années par madame de Maintenon. Bossuet régnait pleinement par son génie au milieu de ce grand règne, et sa vieillesse commençante en devait longtemps encore soutenir et rehausser la majesté. C'était donc un admirable moment que cette fin d'été radieuse, pour une production nouvelle de mûrs et brillants esprits. La Bruyère et Fénélon parurent et achevèrent, par des grâces imprévues, la beauté d'un tableau qui se calmait sensiblement et auquel il devenait d'autant plus difficile de rien ajouter. L'air qui circulait dans les esprits, si l'on peut ainsi dire, était alors d'une merveilleuse sérénité. La chaleur modérée de tant de nobles œuvres, l'épuration continue qui s'en était suivie, la constance enfin des astres et de la saison, avaient amené l'atmosphère des esprits à un état tellement limpide et lumineux, que, du prochain beau livre qui saurait naître, pas un mot immanquablement ne serait perdu, pas une pensée ne resterait dans l'ombre, et que tout naîtrait dans son vrai jour. Conjoncture unique! éclaircissement favorable en même temps que redoutable à toute pensée! car combien il faudra de netteté et de justesse dans la nouveauté et la profondeur! La Bruyère en triompha.

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