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brochure, page 63: Il n'y aura donc plus de réprouvés! Sifait, lui répondit-on, tu feras très-réprouvé confole-toi, l'ami; fois réprouvé, toi et tes femblables, et fois sûr que tout Conftantinople en rira. Ah! cuiftres de collége, que vous êtes loin de foupçonner ce qui fe paffe dans la bonne compagnie de Conftantinople!

POST-SCRIPTU M.

DEFENSE D'UN JARDINIER.

LE même Cogéos attaqua non moins cruelle

ment un pauvre jardinier d'une province de Cappadoce, et l'accufa, page 54, d'avoir écrit ces propres mots : Notre religion avec toute fa révélation n'eft et ne peut être que la religion naturelle perfectionnée.

Voyez, mon cher lecteur, la malignité et la calomnie! Ce bon jardinier était un des meilleurs chrétiens du canton, qui nourriffait les pauvres des légumes qu'il avait femés; et qui pendant l'hiver s'amufait à écrire pour édifier fon prochain qu'il aimait. Il n'avait jamais écrit ces paroles ridicules et prefque impies, avec toute fa révélation (une telle expreffion eft toujours méprifante :) cet homme avec tout fon

latin, ce critique avec tout fon fatras. Il n'y a pas un seul mot dans ce paffage du jardinier qui ait le moindre rapport à cette imputation. Ses œuvres ont été recueillies ; et dans la dernière édition de 1764, page 252, ainfi que dans toutes les autres éditions, on trouve le paffage que Cogéos ou Cogé a fi lâchement salsifié. Le voici en français, tel qu'il a été fidèlement traduit du grec.

,, Celui qui penfe que DIEU a daigné mettre , un rapport entre lui et les hommes, qu'il les a faits libres, capables du bien et du ,, mal, et qu'il leur a donné à tous ce bon

fens qui eft l'instinct de l'homme, et sur " lequel eft fondée la loi naturelle; celui-là " fans doute a une religion beaucoup meil

leure que toutes les fectes qui font hors de " notre Eglife car toutes ces fectes font " fauffes, et la loi naturelle eft vraie. Notre ,, religion révélée n'eft même, et ne pouvait ‚ être que cette loi naturelle perfectionnée. "Ainfi le théisme eft le bon fens qui n'eft pas " encore inftruit de la révélation, et les autres "religions font le bon fens perverti par la 12 fuperftition. "

Ce morceau avait été honoré de l'approbation du patriarche de Conftantinople et de plufieurs évêques; il n'y a rien de plus chrétien, de plus catholique, de plus fage.

Comment donc ce Cogé ofa-t-il mêler fon venin aux eaux pures de ce jardinier? pourquoi voulut-il perdre ce bon homme, et faire condamner Bélifaire ? N'eft-ce pas affez d'être dans la dernière claffe des derniers écrivains? faut-il encore être fauffaire? Ne favais-tu pas, ô Cogé, quels châtimens étaient ordonnés pour les crimes de faux? Tes pareils font d'ordinaire auffi mal inftruits des lois que des principes de l'honneur. Que ne lifais-tu les inftituts de Juftinien au titre de publicis judiciis, et la loi Cornelia? Ami Cogé, la falfification est comme la polygamie; c'est un cas, un cas pendable.

Ecoute, misérable; vois combien je fuis bon, je te pardonne.

DERNIER AVIS AU LECTEUR.

AMI lecteur, je vous ai entretenu des plus grands objets qui puiffent intéresser les doctes : de la formation du monde felon les Phéniciens, du déluge, des dames de Babylone, de l'Egypte, des Juifs, des montagnes, et de Ninon. Vous aimez mieux une bonne comédie, un bon opéra comique; et moi auffi. Réjouiffez-vous, et laiffez ergoter les pédans. La vie eft courte. Il n'y a rien de bon, dit Salomon, que de vivre avec fon amie, et de fe réjouir dans fes œuvres.

Fin du Tome premier.

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