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d'être écouté hors de fon collége, et il dénonce l'auteur téméraire qui ne veut pas tout croire fur fa parole. Comment! je paffe dans mon quartier pour un miniftre de la Divinité, et fans refpect pour le facrement de l'ordre et la bénédiction de licence, vous voulez raifonner avec moi comme avec votre égal, parce que vous avez fait de beaux vers, et que vous écrivez éloquemment en profe! L'Etat eft renversé fi on laiffe une pareille licence impunie. Nous ne pouvons lapider cet audacieux fuivant la douceur des lois juives; confolons-nous en lui difant des injures.

Telle eft la fource de ces libelles auxquels M. de Voltaire daigna fi fouvent répondre; mais dans ces réponses il a prefque toujours le talent d'amufer et d'inftruire fes lecteurs : et fes adverfaires n'ont malheureusement jamais eu ni l'un ni l'autre.

LE

PYRRHONISME

DE L'HISTOIRE.

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E fais gloire d'avoir les mêmes opinions que l'auteur de l'Effai fur les mœurs et l'efprit des nations: je ne veux ni un pyrrhonisme outré, ni une crédulité ridicule; il prétend que les faits principaux peuvent être vrais, et les détails très-faux. Il peut y avoir eu un prince égyptien nommé Séfofiris par les Grecs, qui ont changé tous les noms d'Egypte et de l'Afie, comme les Italiens donnent le nom de Londra à London que nous appelons Londres, et celui de Luigi aux rois de France nommés Louis. Mais s'il y eut un Séfoftris, il n'est pas absolument fûr que fon père deftina tous les enfants égyptiens qui naquirent le même mois que fon fils à être un jour avec lui les conquérants du monde. On pourrait même douter qu'il ait fait courir chaque matin cinq ou fix lieues à ces enfants, avant de leur donner à déjeûner.

L'enfance de Cyrus expofée, les oracles rendus à Créfus, l'aventure des oreilles du mage Smerdis, le cheval de Darius qui créa fon maître roi, et tous ces embelliffements de l'hiftoire pourraient être conteftés par des gens qui en croiraient plus leur raifon que leurs livres. les monu

Il a ofé dire et même prouver que ments les plus célèbres, les fêtes, les commémorations les plus folemnelles ne conftatent point du tout la vérité des prétendus événements tranfmis de fiècle en fiècle à la crédulité humaine par ces folemnités.

Il a fait voir que fi des ftatues, des temples, des cérémonies annuelles, des jeux, des myftères inftitués étaient une preuve, il s'enfuivrait que Caflor et Pollux combattirent en effet pour les Romains, que Jupiter les arrêta dans leur fuite; il s'enfuivrait, que les faftes d'Ovide font des témoignages irréfragables de tous les miracles de l'ancienne Rome, et que tous les temples de la Grèce étaient des archives de la vérité..

Voyez le Résumé de fon Effai fur les mœurs et l'efprit des nations, fin du tome VI de cette nouvelle édition.

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