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Outre la ville facrée de Jérufalem, ils en avaient encore plufieurs autres; par exemple, Lydda, parce qu'il y avait une école de rabbins. Samarie fe regardait auffi comme une ville fainte. Les Grecs donnèrent auffi à plufieurs villes le nom de Sebaftos, augufte, facrée.

CHAPITRE

Des autres peuples nouveaux.

X I.

LA Grèce et Rome font des républiques nouvelles en comparaison des Chaldéens, des Indiens, des Chinois, des Egyptiens.

L'hiftoire de l'empire romain eft ce qui mérite le plus notre attention, parce que les Romains ont été nos maîtres et nos législateurs. Leurs lois font encore en vigueur dans la plupart de nos provinces: leur langue fe parle encore; et long-temps après leur chute, elle a été la feule langue dans laquelle on rédigea les actes publics en Italie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Angleterre, en Pologne.

Au démembrement de l'empire romain en Occident, commence un nouvel ordre de chofes; et c'est ce qu'on appelle l'hiftoire du moyen âge; histoire barbare de peuples barbares qui devenus chrétiens n'en deviennent pas meilleurs.

Pendant que l'Europe eft ainfi bouleverfée, on voit paraître au feptième fiècle les Arabes jufque-là renfermés dans leurs déferts. Ils étendent leur puiffance et leur domination dans la haute Afie, dans l'Afrique, et envahiffent l'Espagne les Turcs leur fuccèdent, et établiffent le fiége de leur empire à Conftantinople, au milieu du quinzième fiècle.

:

C'eft fur la fin de ce fiècle qu'un nouveau monde eft découvert ; et bientôt après la politique de l'Europe et les arts prennent une forme nouvelle. L'art de l'imprimerie et la reftauration des fciences font qu'enfin on a quelques hiftoires affez fidelles, au lieu des chroniques ridicules renfermées dans les cloîtres depuis Grégoire de Tours. Chaque nation dans l'Europe a bientôt fes hiftoriens. L'ancienne indigence se tourne en fuperflu; il n'est point de ville qui ne veuille avoir fon hiftoire particulière. On eft accablé fous le poids des minuties. Un homme qui veut s'inftruire eft obligé de s'en tenir au fil des grands événements, et d'écarter tous les petits faits particuliers qui viennent à la traverfe; il faifit dans la multitude des révolutions l'efprit des temps et les mœurs des peuples.

Il faut furtout s'attacher à l'hiftoire de fa patrie, l'étudier, la pofféder, réserver pour elle les détails, et jeter une vue plus générale

fur les autres nations. Leur hiftoire n'eft intéreffante que par les rapports qu'elles ont avec nous, ou par les grandes chofes qu'elles ont faites les premiers âges depuis la chute de l'empire romain ne font, comme on l'a remarqué ailleurs, que des aventures barbares fous des noms barbares, excepté le temps de Charlemagne. Et que d'obfcurités encore dans cette grande époque !

L'Angleterre reste prefque isolée jusqu'au règne d'Edouard III. Le Nord eft fauvage jufqu'au feizième fiècle; l'Allemagne eft longtemps une anarchie. Les querelles des empereurs et des papes défolent fix cents ans l'Italie; et il eft difficile d'apercevoir la vérité à travers les paffions des écrivains peu inftruits, qui ont donné les chroniques informes de ces temps malheureux.

La monarchie d'Espagne n'a qu'un événement fous les rois vifigoths, et cet événement eft celui de fa deftruction. Tout eft confufion jufqu'au règne d'Ifabelle et de Ferdinand.

La France jufqu'à Louis XI eft en proie à des malheurs obfcurs, fous un gouvernement fans règle. Daniel, et après lui le président Hénault, ont beau prétendre que les premiers temps de la France font plus intéreffants que ceux de Rome, ils ne s'aperçoivent pas que les commencements d'un fi vafte empire font

d'autant plus intéreffants qu'ils font plus faibles, et qu'on aime à voir la petite fource d'un torrent qui a inondé près de la moitié de l'hémisphère.

Pour pénétrer dans le labyrinthe ténébreux du moyen âge, il faut le secours des archives, et on n'en a prefque point. Quelques anciens couvents ont confervé des chartes, des diplomes qui contiennent des donations dont l'autorité eft très-fufpecte. L'abbé de Longuerue dit que de quinze cents chartes il y en a mille de fauffes, et qu'il ne garantit pas les autres.

Ce n'eft pas là un recueil où l'on puiffe s'éclairer fur l'histoire politique et fur le droit public de l'Europe.

L'Angleterre est de tous les pays celui qui a, fans contredit, les archives les plus anciennes et les plus fuivies. Ces actes recueillis par Rimer, fous les aufpices de la reine Anne, commencent avec le douzième siècle, et font continués fans interruption jusqu'à nos jours. Ils répandent une grande lumière fur l'hiftoire de France. Ils font voir, par exemple, que la Guienne appartenait au Prince noir fils d'Edouard III, en fouveraineté abfolue, quand le roi de France Charles V la confifqua par un arrêt, et s'en emparaparles armes. On y apprend quelles fommes confidérables et quelle espèce de tribut paya Louis XI au roi Edouard IV

qu'il pouvait combattre, et combien d'argent la reine Elifabeth prêta à Henri le grand, pour l'aider à monter fur fon trône, &c.

CHAPITRE X I I.

De quelques faits rapportés dans Tacite et dans Suétone.

JE

E me fuis dit quelquefois en lifant Tacite et Suétone Toutes ces extravagances atroces imputées à Tibère, à Caligula, à Néron, font elles bien vraies? Croirai-je fur le rapport d'un feul homme, qui vivait long-temps après Tibère, que cet empereur prefque octogénaire, qui avait toujours eu des mœurs décentes jusqu'à l'austérité, ne s'occupa dans l'île de Caprée que des débauches qui auraient fait rougir un jeune giton? Serai-je bien fûr qu'il changea le trône du monde connu en un lieu de prostitution, tel qu'on n'en a jamais vu chez les jeunes gens les plus diffolus? Eft-il bien certain qu'il nageait dans ces viviers fuivi de petits enfants à la mamelle, qui favaient déjà nager auffi, qui le mordaient aux feffes quoiqu'ils n'euffent pas encore de dents, et qui lui léchaient fes vieilles et dégoûtantes parties honteuses? Croirai-je qu'il se fit entourer de fpintriæ, c'est-à-dire, de bandes des plus abandonnés débauchés,hommes et femmes

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