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Shakespeare et calomniateur de Moïse, on faura ce qu'on doit penfer de cet homme; et l'on apprendra comment les favans d'Angleterre, et furtout le célèbre évêque Lowth, ont réprimé fon orgueil et confondu fes erreurs.

CHAPITRE

XI V.

Que les Juifs haifaient toutes les nations.

L'AUTEUR du Supplément à la philosophie de l'hiftoire croit accabler l'abbé Bazin, en répétant les injures atroces que lui dit Warburton au fujet des Juifs. Mon oncle était lié avec les plus favans juifs de l'Afie. Ils lui avouérent qu'il avait été ordonné à leurs ancêtres d'avoir toutes les nations en horreur; et en effet, parmi tous les hiftoriens qui ont parlé d'eux, il n'en eft aucun qui ne foit convenu de cette vérité ; et même pour peu qu'on ouvre les livres de leurs lois, vous trouverez au chapitre IV du Deutéronome: Il vous a conduit avec fa grande puissance pour exterminer à votre entrée de très-grandes nations.

Au chap. VII: Il confumera peu à peu les nations devant vous, par parties; vous ne pourrez les exterminer toutes enfemble, de peur que les bêtes de la terre ne fe multiplient trop.

Il vous livrera leurs rois entre vos mains. Vous détruirez jusqu'à leur nom : rien ne pourra vous réfifter.

On trouverait plus de cent paffages qui indiquent cette horreur pour tous les peuples qu'ils connaiffaient; il ne leur était pas permis de manger avec des Egyptiens, de même qu'il était défendu aux Egyptiens de manger avec eux. Un juif était fouillé, et le ferait encore aujourd'hui, s'il avait tâté d'un mouton tué par un étranger, s'il s'était servi d'une marmite étrangère. Il eft donc conftant que leur loi les rendait nécessairement les ennemis du genre-humain. La Genèfe, il eft vrai, fait descendre toutes les nations du même père. Les Perfans, les Phéniciens, les Babyloniens, les Egyptiens, les Indiens, venaient de Noé comme les Juifs; qu'eft-ce que cela prouve, finon que les Juifs haïffent leurs frères? Les Anglais font auffi les frères des Français. Cette confanguinité empêche-t-elle que Warburton ne nous haïffe? il hait jufqu'à fes compatriotes, qui le lui rendent bien.

Il a beau dire que les Juifs ne haïffaient que l'idolatrie des autres nations, il ne fait pas absolument ce qu'il dit. Les perfans n'étaient point idolâtres, et ils étaient l'objet de la haine juive. Les Perfans adoraient un feul Dieu, et n'avaient point alors de fimulacres.

Les Juifs adoraient un feul Dieu, et avaient des fimulacres, douze bœufs dans le temple, deux chérubins dans le Saint des faints. Ils devaient regarder tous leurs voisins comme leurs ennemis, puifqu'on leur avait promis qu'ils domineraient d'une mer à l'autre, et depuis les bords du Nil jufqu'à ceux de l'Euphrate. Cette étendue de terrain leur aurait compofé un empire immenfe. Leur loi qui leur promettait cet empire les rendait donc néceffairement ennemis de tous les peuples qui habitaient depuis l'Euphrate jusqu'à la Méditerranée. Leur extrême ignorance ne leur permettait pas de connaître d'autres nations; et en déteftant tout ce qu'ils connaiffaient, ils croyaient détefter toute la terre.

Voilà l'exacte vérité. Warburton prétend que l'abbé Bazin ne s'eft exprimé ainfi que parce qu'un juif, qu'il appelle grand babillard, avait fait autrefois une banqueroute audit abbé Bazin. Il est vrai que le juif Médina fit une banqueroute confidérable à mon oncle: mais cela empêche-t-il que Josué n'ait fait pendre trente et un rois felon les faintes écritures? Je demande à Warburton fi l'on aime les gens que l'on fait pendre? hang him,

CHAPITRE

CHAPITRE X V.

De Warburton.

CONTREDITES un homme qui fe donne pour favant, et foyez fûr alors de vous attirer des volumes d'injures. Quand mon oncle apprit que Warburton, après avoir commenté Shakespeare, commentait Moïse, et qu'il avait déjà fait deux gros volumes pour démontrer que fes Juifs, inftruits par DIEU même, n'avaient aucune idée ni de l'immortalité de l'ame ni d'un jugement après la mort, cette entreprise lui parut monftrueufe, ainfi qu'à toutes les confciences timorées de l'Angleterre. Il en écrivit fon fentiment à M. S... avec fa modération ordinaire. Voici ce que M. S... lui répondit.

Monfieur,

C'est une entreprise merveilleufement scandaleufe dans un prêtre, t'is an undertaking wonderfully fcandalous in a priest, de s'attacher à détruire l'opinion la plus ancienne et la plus utile aux hommes. Il vaudrait bien mieux que ce Warburton commentât l'opéra des gueux, The beggar's opera, après avoir très-mal commenté Shakespeare, que d'entaffer une érudition Mélanges hift. Tome I. A a

fi mal digérée et fi erronée pour détruire la religion. Car enfin notre fainte religion eft fondée fur la juive. Si DIE U a laiffé le peuple de l'ancien teftament dans l'ignorance de l'immortalité de l'ame et des peines et des récompenses après la mort, il a trompé fon peuple chéri; la eligion juive eft donc faufse; la chrétienne, fondée sur la juive, ne s'appuie donc que fur un tronc pourri. Quel eft le but de cet homme audacieux? je n'en fais encore rien. Il flatte le gouvernement s'il obtient un évêché, il fera chrétien; s'il n'en obtient point, j'ignore ce qu'il fera. Il a déjà fait deux gros volumes fur la légation de Moïfe, dans lefquels il ne dit pas un feul mot de fon fujet. Cela reffemble au chapitre des coches, où Montagne parle de tout, excepté de coches; c'eft un chaos de citations dont on ne peut tirer aucune lumière. Il a fenti le danger de fon audace, et il a voulu l'envelopper dans les obfcurités de fon ftyle. Il se montre enfin plus à découvert dans fon troisième volume. C'eft là qu'il entaffe tous les paffages favorables à fon impiété, et qu'il écarte tous ceux qui appuient l'opinion commune. Il va chercher dans Job, qui n'était pas hébreu, ce paffage équivoque : Comme le nuage qui se dissipe et s'évanouit, ainfi eft au tombeau l'homme qui ne reviendra plus.

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