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furent chaffés du collège de Louis le grand pour leurs fredaines; mais cela n'a rien de commun avec Sextus Empiricus cet écrivain doutait de tout, mais perfonne ne doute de l'aventure de ces deux révérends pères.

Pourquoi troubler mal-à-propos leurs manes? dis-tu dans l'apologie que tu fais du péché de Sodome. Il est vrai que frère Marfi eft mort, mais frère Fréron vit encore. Il n'y a que fes ouvrages qui foient morts; et quand on dit de lui qu'il eft iure-mort prefque tous les jours, c'eft par catachrèse, ou fi l'on veut, par une espèce de métonymie.

Tu te complais à citer la differtation de feu M. Jean-Matthieu Gefner, qui a pour titre, Socrates fanctus pederasta, Socrate le faint b.... (d) En vérité cela eft intolérable; il pourra bien t'arriver pareille aventure qu'à feu M. Defchaufour: l'abbé Desfontaines l'esquiva.

C'est une chofe bien remarquable dans l'hiftoire de l'efprit humain, que tant d'écrivains folliculaires foient fujets à caution. J'en ai cherché fouvent la raifon; il m'a paru que les folliculaires font pour la plupart des craffeux chaffés des colléges, qui n'ont jamais pu parvenir à être reçus dans la compagnie des

(d) Qui le croirait, mon cher lecteur? cela eft imprimé à la page 209 du livre de M. Texetès, intitulé Supplement à la philofophie de l'hiftoire.

dames ces pauvres gens, preffés de leurs vilains befoins, fe fatisfont avec les petits garçons qui leur apportent de l'imprimerie la feuille à corriger, ou avec les petits décroteurs du quartier; c'eft ce qui était arrivé à l'ex-jéfuite Desfontaines, prédéceffeur de l'exjéfuite Fréron. (e)

N'es-tu pas honteux, notre ami, de rappeler toutes ces ordures dans un Supplément à la philofophie de l'hiftoire? Quoi! tu veux faire l'hiftoire de la fodomie ? Il aura, nous dit-il, occafion encore d'en parler dans un autre ouvrage. Il va chercher jufqu'à un fyrien, nommé Bardezane, qui a dit que chez les Welches tous les petits garçons fefaient cette infamie, Para de gallois oi neoi gamontai. Fi, vilain! ofes-tu bien mêler ces turpitudes à la fage bienféance dont mon oncle s'eft tant piqué? oses-tu outrager ainfi les dames, et manquer de refpect à ce point à l'augufte impératrice de Ruffie, à qui j'ai dédié le livre inftructif et fage de feu M. l'abbé Bazin ?

(e) Un ramonneur à face basanée,

Le fer en main, les yeux ceints d'un bandeau,
S'allait gliffant dans une cheminée,

Quand de Sodome un antique bedeau

Vint endoffer fa figure inclinée, &c.

CHAPITRE VI.

De l'incefte.

IL ne fuffit pas au cruel ennemi de mon

oncle d'avoir nié la Providence, d'avoir pris le parti des ridicules fables d'Hérodote contre la droite raifon, d'avoir falfifié Baruch et l'Alcoran, d'avoir fait l'apologie des b.... et de la fodomie; il veut encore canonifer l'incefte. M. l'abbé Bazin a toujours été convaincu que l'incefte au premier degré, c'eft-à-dire, entre le père et la fille, entre la mère et le fils, n'a jamais été permis chez les nations policées. L'autorité paternelle, le respect filial, en fouffriraient trop. La nature, fortifiée par une éducation honnête, fe révolterait avec horreur.

On pouvait époufer fa fœur chez les Juifs, j'en conviens. Lorfqu'Ammon fils de David viola fa fœur Thamar fille de David, Thamar lui dit en propres mots : Ne me faites pas des fottifes, car je ne pourrais Supporter cet opprobre, et vous pafferez pour un fou; mais demandez-moi au roi mon père en mariage, et il ne vous refufera pas.

Cette coutume eft un peu contradictoire avec le Lévitique; mais les contradictoires fe concilient fouvent. Les Athéniens époufaient

leurs fœurs de père, les Lacédémoniens leurs fœurs utérines, les Egyptiens leurs fœurs de père et de mère. Cela n'était pas permis aux Romains; ils ne pouvaient même se marier avec leurs nièces. L'empereur Claude fut le feul qui obtint cette grace du fénat. Chez nous autres remués de barbares, on peut époufer fa nièce avec la permiffion du pape, moyennant la taxe ordinaire, qui va, je crois, à quarante mille petits écus en comptant les menus frais. J'ai toujours entendu dire qu'il n'en avait coûté que quatre-vingts mille francs à M. de Montmartel. J'en connais qui ont couché avec leurs nièces à bien meilleur marché. Enfin, il eft incontestable que le pape a de droit divin la puissance de difpenser de toutes les lois. Mon oncle croyait même que, dans un cas preffant, sa sainteté pouvait permettre à un frère d'époufer fa fœur, furtout s'il s'agiffait évidemment de l'avantage de l'Eglife; car mon oncle était très-grand ferviteur du pape.

A l'égard de la dispense pour épouser son père, ou fa mère, il croyait le cas trèsembarrassant; et il douta, fi j'ofe le dire, que le droit divin du faint-père pût s'étendre jufque-là. Nous n'en avons, ce me femble, aucun exemple dans l'hiftoire moderne.

Ovide, à la vérité, dit dans fes belles méta

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In quibus et nato genitrix et nata parenti

Fungitur, et pietas geminato crefcit amore.

Ovide avait fans doute en vue les Perfans babyloniens, que les Romains leurs ennemis accufaient de cette infamie.

Le partisan des péchés de la chair, qui a écrit contre mon oncle, le défie de trouver un autre paffage que celui de Catulle. Hé bien, qu'en réfulterait-il? qu'on n'aurait trouvé qu'un accufateur contre les Perfes, et que par conféquent on ne doit point les juger coupables. Mais c'eft affez qu'un auteur ait donné crédit à une fauffe rumeur pour que vingt auteurs en foient les échos. Les Hongrois aujourd'hui font aux Turcs mille reproches qui ne font pas mieux fondés.

Grotius lui-même, dans fon affez mauvais livre fur la religion chrétienne, va jusqu'à citer la fable du pigeon de Mahomet. On tâche toujours de rendre fes ennemis odieux et ridicules.

Notre ennemi n'a pas lu fans doute un extrait du Zenda-Vefta de Zoroastre, communiqué dans Surate à Lordius par un de ces mages qui fubfiflent encore. Les ignicoles ont

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