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DES EDITEURS.

LA Philofophie de l'histoire, qui fert d'introduction à l'Essai fur les mœurs et l'efprit des nations, depuis Charlemagne, avait d'abord été imprimée fous le nom de l'abbé Bazin. Il parut une critique de cet ouvrage, ayant pour titre Supplément à la Philofophie de l'histoire. On fuppofe que c'eft ici le neveu de l'abbé Bazin qui répond à cette critique, et venge la mémoire de feu fon oncle.

ESSENTIEL OU INUTILE,

SUR

LA DEFENSE DE MON ONCLE.

LORSQU

ORSQUE je mis la plume à la main pour défendre, unguibus et roftro, la mémoire de mon cher oncle contre un libelle inconnu,

intitulé Supplément à la Philofophie de l'histoire, (a) je crus d'abord n'avoir à faire qu'à un jeune abbé diffolu, qui pour s'égayer avait parlé dans fa diatribe des filles de joie de Babylone, de l'ufage des garçons, de l'incefte et de la beftialité. Mais lorfque je travaillais en digne neveu, j'ai appris que le libelle anonyme eft du fieur Larcher, ancien répétiteur de belles lettres au collége Mazarin. Je lui demande très-humblement pardon de l'avoir pris pour un jeune homme, et j'espère qu'il me pardonnera d'avoir rempli mon devoir en écoutant le cri du fang qui parlait à mon cœur, et la voix de la vérité qui m'a ordonné de mettre la plume à la main.

(a) Voyez la Philofophie de l'hiftoire, à la tête de l'Essai fur les maurs et l'efprit des nations.

Il est question ici de grands objets ; il ne s'agit pas moins que des mœurs et des lois depuis Pékin jufqu'à Rome, et même des aventures de l'Océan et des montagnes. On trouvera auffi dans ce petit ouvrage une furieuse fortie contre l'évêque Warburton; mais le lecteur judicieux pardonnera à la chaleur de mon zèle, quand il faura que cet évêque eft un hérétique.

J'aurais pu relever toutes les fautes de M. Larcher; mais il aurait fallu faire un livre auffi gros que le fien. Je n'insisterai que fur fon impiété. Il eft bien douloureux pour des yeux chrétiens de lire dans fon ouvrage, page 298, que les écrivains facrés ont pu fe tromper comme les autres. Il est vrai qu'il ajoute, pour déguiser le poison, dans ce qui n'eft pas du dogme.

Mais, notre ami, il n'y a prefque point de dogme dans les livres hébreux; tout y eft hiftoire ou ordonnance légale, ou cantique, ou prophétie, ou morale. La Genèfe, l'Exode, Jofué, les Juges, les Rois, Efdras, les Machabées font hiftoriques; le Lévitique et le Deutéronome font des lois. Les Pfaumes font des cantiques; les livres d'Ifaïe, Jérémie, &c. font prophétiques; la

Sageffe, les Proverbes, l'Eccléfiafte, l'Eccléfiaftique font de la morale. Nul dogme dans tout cela. On ne peut même appeler dogme les dix commandemens; ce font des lois. Dogme eft une propofition qu'il faut croire. JESUS CHRIST eft confubftantiel à DIEU, Marie eft mère de DIEU, le CHRIST a deux natures et deux volontés dans une perfonne, l'euchariftie eft le corps et le fang de JESUS-CHRIST fous les apparences d'un pain qui n'existe plus : voilà des dogmes. Le Credo, qui fut fait du temps de Jérôme et d'Auguftin, eft une profeffion de dogmes. A peine y a-t-il trois de ces dogmes dans le nouveau teftament. DIEU a voulu qu'ils fuffent tirés par notre fainte Eglife du germe qui les contenait.

Vois donc quel eft ton blafphème! Tu ofes dire que les auteurs de livres facrés ont pu fe tromper dans tout ce qui n'est pas dogme.

Tu prétends donc que le Saint-Esprit, qui a dicté ces livres, a pu fe tromper depuis le premier verfet de la Genèfe jufqu'au dernier des Actes des apôtres; et après une telle impiété tu as l'infolence d'accufer d'impiété des citoyens dont tu

n'as jamais approché, chez qui tu ne peux être reçu, et qui ignoreraient ton existence fi tu ne les avais pas outragés.

Que les gens de bien fe réuniffent pour imposer filence à ces malheureux qui, dès qu'il paraît un bon livre, crient à l'impie, comme les fous des petites-maifons, du fond de leurs loges, fe plaisent à jeter leur ordure au nez des hommes les plus parés, par ce fecret inftinct de jaloufie qui fubfifte encore dans leur démence.

Et vous, pufille grex, qui lirez la Défenfe de mon oncle, daignez commencer par jeter des yeux attentifs fur la table des chapitres et choififfez pour vous amufer le fujet qui fera le plus de votre goût. (b)

() Voyez cette table à la fin du volume.

LA

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