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SUPPLEMENT

AU SIECLE

DE

LOUIS XIV.

SUPPLEMENT

AU SIECLE

DE

LOUIS XIV.

PREMIERE PARTIE.

Les éditions nombreuses d'un livre dans fa nouveauté ne prouvent jamais que la curiofité du public, et non le mérite de l'ouvrage. L'auteur du Siècle de Louis XIV fentait tout ce qui manquait à ce monument qu'il avait voulu élever à l'honneur de fa nation. Il ferait incomparablement moins indigne de la France, s'il avait été achevé dans fon fein; mais on fait quels engagements et quel attachement d'un côté, quelles bontés prévenantes de l'autre, avaient arraché l'auteur à sa patrie. Parvenu à un âge affez avancé, éprouvant, par des maladies continuelles, une décrépitude prématurée, et craignant d'être prévenu par la mort, il hafarda enfin, au commencement de l'année 1752, de livrer au public la faible efquiffe du Siècle de Louis XIV, dans Mélanges hift. Tome I. * N

l'espérance que cet ouvrage engagerait les gens de lettres, et les hommes inftruits des affaires publiques, à lui fournir de nouvelles couleurs pour achever le tableau. Il ne s'eft pas trompé dans fon attente. Il a reçu des inftructions de toutes parts; et il s'eft trouvé en état, dans l'efpace d'une année, de donner une meilleure forme à son ouvrage. Il a tout retouché, jufqu'au ftyle. La même impartialité reconnue règne dans le livre, mais avec une attention beaucoup plus fcrupuleuse. Il est permis à l'auteur de le dire, parce qu'il eft permis d'annoncer qu'on s'eft acquitté d'un devoir indifpenfable. On a rempli ce devoir, à l'égard du cardinal Mazarin, dans la nouvelle édition. Voici comment on s'exprime fur ce miniftre.

"Le grand-homme d'Etat eft celui dont ,, il reste de grands monuments utiles à la patrie : le monument qui immortalise le " cardinal Mazarin eft l'acquifition de l'Alface. "Il donna cette province à la France dans le "temps que le royaume était déchaîné contre 2 lui; et, par une fatalité fingulière, il lui

fit plus de bien lorsqu'il était perfécuté, " que dans la tranquillité d'une puissance , abfolue. "9

On prie le lecteur de jeter les yeux fur tout ce qui concerne la paix de Rysvick dans cette nouvelle édition, la feule qu'on puiffe confulter;

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c'eft un morceau très-utile tiré des mémoires manufcrits de M. de Torci. Ces mémoires démentent formellement ce que tant d'hiftoriens tant d'hommes d'Etat et milord Bolingbroke lui-même avaient cru, que le ministère de Versailles avait dès-lors dévoré en idée la fucceffion du royaume d'Espagne; et rien ne répand plus de jour fur les affaires du temps, fur la politique et fur l'efprit du conseil de Louis XIV.

On voit quels fervices rendit le maréchal d'Harcourt dans la grande crife de l'Espagne, lorfque l'Europe en alarmes attendait d'un mot de Charles II mourant, quel ferait le fucceffeur de tant d'Etats. De nouvelles anecdotes font ainfi femées dans tous les chapitres.

On en trouve au fecond volume fur l'homme au mafque de fer; mais les morceaux les plus curieux fans contredit, et les plus dignes de la poftérité, font deux mémoires de la propre main de Louis XIV. Le chapitre du Gouvernement intérieur eft très-augmenté ; c'est là qu'on voit d'un coup d'œil ce qu'était la France avant Louis XIV, ce qu'elle a été par lui et depuis lui. Les matériaux feuls de ce chapitre font connaître la nation et le monarque. Il n'y a nul mérite à les avoir mis en œuvre ; mais c'est un grand bonheur d'avoir pu les recueillir.

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