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M. Boffuet a eu deux objets principaux dans la compofition de ce Difcours : la Religion & les Empires fous quelques noms que ceux-ci aient paru: ces derniers naiffent & se détruisent tour à tour, les plus puiffans font ceux dont la ruine fait plus de bruit ; mais aucun n'a une durée conftante. La Religion au contraire toujours la même, demeure ferme & inébranlable au milieu de ces violentes fecouffes qui changent fucceffivement la face de l'Univers : voilà ce que M. de Meaux veut imprimer dans l'efprit de fon Lecteur, & ce qu'il y grave en effet par ces caractères lumineux qui portent avec eux l'ordre, la clarté & l'évidence.

Ce Difcours eft divifé en trois Parties. Dans la premiere, M. Boffuet expose en abbrégé, fuivant l'ordre des tems, les faits qui concernent, & la Religion, & les Empires. Il rapporte enfuite ces faits en particulier dans les deux autres Parties. La feconde ne regarde que l'établissement & la durée perpétuelle de la Religion. On voit dans la troifiéme la fondation & la ruine des différens Empires.

PREMIERE PARTIE.

Pour éviter la confufion que la multitude des faits pourroit jetter dans l'efprit, M. de Meaux établit des Epoques, c'est-à-dire, des points fixes fondés fur des événemens célébres, par le moyen defquels on raconte, fans confondre les tems, les faits principaux qui les précédent, ou qui les fuivent. Ce Prélat compte douze Epoques jufqu'à Charlemagne. fa pa

La Ire commence avec le monde. Dieu, par

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role toute-puissante, tire du néant le Ciel & la Terre, & fait l'Homme à fon image. L'Homme dans le Paradis Terreftre trouve fa félicité dans fa propre innocence; c'est l'âge d'Or des tems fabuleux. La défobéiffance d'Adam perd toute fa poftérité : la Terre fe remplit d'hommes, les crimes augmentent, Dieu les punit par un Déluge universel, dont il ne fauve que Noé &· fa famille.

Le Déluge forme la IIe Epoque; la mémoire de cet événement fe conferve par toute la Terre, dans les Annales & dans la Tradition des anciens Peuples. Peu après les jours des hommes font abbrégés, la façon de vivre change, les déréglemens fe multiplient, l'orgueil des hommes les porte à conftruire la Tour de Babel, monument fameux de leur foibleffe. Les enfans de Noé se difperfent; Japheth peuple une partie de l'Occident; Cham & fon fils vont en Egypte & en Phénicie; de Sem vient le Peuple Hébreu; le fier Nemrod établit fa domination à Babylone; Ninive eft bâtie; différens Royaumes s'élévent; on établit des Loix; les mœurs fe policent; on invente les Arts; tout le genre- humain s'inftruit. La connoiffance de Dieu, & fon culte fe confervoient chez la plûpart; mais en général il s'affoibliffoit peu à peu : les Traditions, feules dépofitaires de la Religion commencent à s'obfcurcir, les Fables leur fuccédent; l'Idolâtrie s'introduit dans le monde.. Pour empêcher le progrès d'un défordre fi affreux, Dieu fépare un Peuple élû du milieu de la corruption. Abraham eft choisi pour être le Pere de tous les Croyans.

La vocation d'Abraham forme la III Epoque. Ce

Patriarche béni de Dieu, & de la race duquel devoit fortir Jesus-Chrift, méne une vie fimple & paftorale, magnifique néanmoins par fa générofité à exercer l'hofpitalité à l'égard de tous les Etrangers. Ifaac fon fils, & Jacob fon petit-fils, imitateurs de sa foi, vivent avec la même fimplicité. Celui-ci eft le Pere des douze Patriarches, dont les douze Tribus du Peuple Hébreu prennent leur nom. Jofeph, l'un de ces Patriarches, devient odieux à fes freres, eft vendu par eux à des Marchands Egyptiens; fa chasteté lui attire des perfécutions, fon mérite l'éléve peu après ; il gagne l'affec tion du Roi Pharaon, qui le rend maître absolu en Egypte; fon pere Jacob vient l'y trouver avec ses enfans; la famille de ce Patriarche forme enfin un peuple nombreux qui caufe de l'ombrage aux Egyptiens, ils veulent le faire périr. Dieu fufcite Moyfe, qui délivre Ifraël de la captivité : la Mer Rouge s'entr'ouvre miraculeusement pour lui donner un libre paffage, & engloutit dans fes eaux Pharaon & les Egyptiens qui le pourfuivoient.

La IV Epoque commence au tems où Moyfe fe trouve dans le défert avec le Peuple Hébreu forti d'Egypte. Ici finit la Loi de nature, c'est-à-dire, ce tems où les hommes n'avoient pour fe gouverner que la raifon naturelle, & les Traditions de leurs Ancêtres. Dieu donne à Moyfe fa Loi écrite fur la pierre, c'est fur ces deux Tables fi connues, que Dieu grave de fa main les dix grands Commandemens qui contiennent les premiers principes du culte de Dieu, & des devoirs de la fociété humaine : le Sacerdoce eft établi peu après, Dieu lui-même régle les fonctions des Prêtres,

pre

& les cérémonies de la Religion. Moyfe écrit le mier l'Hiftoire du Peuple de Dieu, en la commençant dès l'origine du monde; il meurt; cette Hiftoire eft continuée par Jofué & par fes Succeffeurs. Les Ifraëlites dans la fuite libres & captifs tour à tour, felon leur fidélité, ou leur défobéiffance, ont toujours parmi eux des Personnages d'autorité, qui, conduits par la main de Dieu, les délivrent de leurs ennemis, tels font entre autres la Prophéteffe Débora, Barac, Gédéon & Jephté fous celui-ci arrive le fameux incendie de Troye.

La ruine de Troye, après un fiége de dix ans, forme la Ve Epoque. Ici commence ce qu'on lit de plus remarquable dans les tems fabuleux, & dans les fictions héroïques d'Homère & de Virgile, les deux plus grands Poëtes de la Gréce & de l'Italie. Sous Laomedon, pere de Priam, Roi de Troye, paroiffent ces Héros fameux de la Toifon d'Or, Jafon, Hercule, Orphée, &c. Sous Priam, & dans le tems même du Siége de Troye, Achille, Agamemnon, Ménélas, Ulyffe, Hector, &c. & parmi le Peuple de Dieu, on voit Samfon, fi renommé par fa force & par fa foibleffe, & Samuel, Juge irréprochable, Prophéte choifi de Dieu pour facrer les Rois. Saül eft le premier de ces Rois, David lui fuccéde; après lui regne Salomon, Prince fage, jufte, pacifique, jugé digne d'élever un Temple au Créa

teur.

Le regne de Salomon commence la VI Epoque. Ce Prince, fi célébre pour fa fageffe, donne pendant longtems les plus grands exemples de piété, & finit par de honteufes foibleffes qui le conduifent à l'Idolâtrie. A sạ

mort fon Royaume eft partagé ; les douze Tribus fe divifent fous Roboam fon fils. Cette divifion donne naiffance à deux Royaumes, celui d'Ifraël, & celui de Juda: l'Idolâtrie regne dans le premier, la Religion se foutient dans le fecond, mais avec bien des traverses. Ici M. de Meaux parle de différens Royaumes qui floriffoient dans ce tems-là.

La VII. Epoque commence à la fondation de Rome par Romulus, pendant que Joathan, fils d'Ofias regnoit en Judée. Rome naiffante voit l'Empire des Affyriens se détruire; fur ces ruines s'élèvent trois grands Royaumes; celui des Médes, de Ninive & de Babylone. L'impie Achaz, fils de Joathan, regne en Judée, le pieux Ezéchias fon fils lui fuccéde, après la mort Manafsès parvient au Thrône ; alors les crimes fe multiplient parmi le Peuple de Dieu. Jofias, fils d'Amon, & petit-fils de Manafsès, fufpend pour quelque tems la punition dont le Seigneur menace fon Peuple, mais bientôt le tems de la miféricorde eft écoulé. Nabuchodonofor II. fils de Nabopalaffar, Roi des Chaldéens, attaque Jérufalem, la prend, la ruine, & brûle le Temple; cependant la puiffance des Rois d'Affyrie s'augmente, les Médes fe rendent redoutables, & s'agrandiffent du côté de l'Orient. Le Roi de Babylone déclare la guerre à Cyaxare, appellé par Daniel Darius le Méde; celui-ci nomme pour Général de fes armées le jeune Cyrus, fils de Cambyfe, Roi de Perse.

C'est au regne de Cyrus que commence la VIII. Epoque. Alors finit la captivité de Babylone, qui avoit duré 70 ans, le peuple revient peuple revient à Jérufalem, on rebâtit le Temple. Les cérémonies de la Religion s'y observent

comme

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