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ftitutis Legibus effera hominum corda mansuescunt, regnis nova forma accedit, paulatim mortales, experientia duce, dotti evadunt, & inventas perficiunt Artes. Quò magis crefcunt, eò magis finitimas terras excolunt : montes tranfcendunt, flumina trajiciunt, & fluctibus maris audacter fe credunt. Tellus, initio horrida fylva, aliam induit formam: Campi fe fe explicant, pafcua amana apparent, villa & oppida affurgunt. Quædam animalia laqueo capiuntur, alia cicurantur, & ad ufus humanos accommodantur. Ferarum domandarum ftatim cura fubit. Primi Heroës in his bellis fibi famam comparant. Hinc arma, pofteà tot hominum millibus exitiofa, excogitantur & fabricantur. Nemrodus, primus Bellator & Victor in Scripturis robuftus venator nuncupatur.

M. l'Abbé de Partenay a fait auffi une élégante Traduction de l'Hiftoire des Variations de M. de Meaux: Il feroit à fouhaiter pour l'honneur des Lettres, & plus encore pour le bien des Proteftans étrangers, que l'Auteur fe déterminât à la faire imprimer.

Après l'Hiftoire Universelle, on trouvera la Lettre M. de Meaux écrivit au Pape en 1679. au sujet de l'éducation de M. le Dauphin.

que

Innocent XI. en faifant remettre à M. Boffuet un Bref, par lequel il approuvoit authentiquement fon Livre de l'Expofition de la Doctrine Catholique, ordonna à fon Nonce de témoigner à ce Prélat le plaifir qu'il lui feroit s'il vouloit bien lui rendre lui-même un compte fidéle de la méthode dont il s'étoit fervi pour l'inftruction de M. le Dauphin. M. de Meaux écrivit au Saint Pere une Lettre Latine, dans laquelle il fatisfit au défir de Sa Sainteté ; cette piéce que l'on peut regarder

comme un chef-d'œuvre de Latinité & d'éloquence donne le modèle de l'éducation la plus fainte, la plus fçavante, & la plus digne d'un Prince. Le Pape lui répondit par un Bref l'on verra immédiatement après la Lettre de M. de Meaux.

que

Nous avons placé enfuite les Oraisons Funébres que ce grand Prélat a prononcées en différentes circonftances. On y verra dans un grand jour toute la beauté & la folidité de fon génie. Plus attentif à toucher qu'à plaire, il s'élève au-deffus de l'art pour fe livrer à la nature, qui eft fi féconde en riches productions, lorfqu'on fçait la confulter, & qu'on eft en état de l'entendre. M. Boffuet ne connoiffoit point la gêne de ces ornemens compaffés, de ces antithèses, de ces chûtes de mots, qui ne font ordinairement que chatouiller les oreilles, & amufer agréablement l'efprit. Sa mâle & vive éloquence trouvoit dans le fond même de fon fujet de quoi éclairer l'efprit, & frapper le cœur. Les traits lumineux qu'il lançoit étoient autant d'éclairs qui pénétroient jufqu'à l'ame, & qui y portoient la vive lumiere de la vérité & de la Religion: peu efclave du style, il le négligeoit quelquefois, & fon Difcours alors n'en étoit que plus énergique. C'eft ce que l'on a toujours remarqué dans fes Ouvrages, & principalement dans fes Oraifons Funébres.

La premiere eft celle de Nicolas Cornet, Grand Maître du Collége de Navarre. Ce Docteur avoit préfidé aux études que M. Boffuet avoit faites à Paris : ce digne Eléve, par reconnoiffance, fe chargea de prononcer le Difcours Funébre que la Maifon de Navarre crut devoir ordonner, pour faire honneur à la mémoire

d'un de fes Docteurs, qui s'étoit rendu recommandable par les fervices qu'il lui avoit rendus. Il y eut le 27 Juin 1663. un service solemnel dans la Chapelle du Collège de Navarre, où affifterent M. de la Mothe Houdancourt, Archevêque d'Auch, qui y officia pontificalement, M. l'Archevêque de Paris, & MM. les Evêques d'Amiens, de Laon, de Soiffons, de Chartres, de Châlons, de Lizieux, du Puy, de Rennes, de Valence, & de Lavaur; il y eut outre cela un concours très-nombreux de ce qu'il y avoit de plus confidérable dans tous les Ordres. Ce fut en présence de cette illuftre Assemblée que M. Boffuet, qui n'étoit encore que fimple Docteur, prononça l'Oraison Funébre de M. Cornet. Cette Piéce eft devenue extrêmement rare; elle n'a été imprimée qu'une feule fois en 1698. in-12. chez Henry Wetftein, à Amfterdam.

La feconde eft celle de Henriette-Marie de France, Fille de Henri IV. & de Marie de Médicis, mariée à Charles I. Roi d'Angleterre, qui eut la tête tranchée à Londres en 1649. Il y avoit déja quelques années que les troubles d'Angleterre avoient obligé cette Princeffe de fe réfugier en France; elle fouffrit tous fes malheurs avec une conftance vraiment héroïque ; & quelques années avant fa mort, elle eut la confolation de voir fon Fils Charles II. rétabli fur le Thrône de fes Peres. Cette Princeffe mourut fubitement à Colombe, près Paris; fon corps fut porté à faint Denis, & fon cœur en l'Eglife des Religieufes de Sainte Marie de Chaillot. Ce fut là que M. Boffuet, alors Evêque de Condom, prononça fon Oraifon Funébre, le feize Novembre mil fix cent quatre vingt- feize, en pré

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fence de Monfieur, Frere de Louis XIV. & de Madame.

En 1670. Henriette-Anne, fille de Charles I. & de la Reine d'Angleterre dont on vient de parler, & femme de Philippe de France, Duc d'Orléans, Frere du Roi, mourut à Saint Cloud le 30 Juin; fon corps fut porté à Saint Denis le 4 Juillet, & le 21 d'Août il y eut un Service folemnel, où M. Boffuet fit l'Oraifon Funébre de cette Princeffe, en préfence de M. le Prince.

Marie-Thérèse d'Autriche, Fille de Philippe IV. Roi d'Espagne, & d'Elifabeth de France, mariée à Louis XIV. en 1660. mourut à Verfailles le trente Juillet 1683. On fit fon fervice à Saint Denis le premier Septembre fuivant. M. de Meaux prononça fon Oraison Funébre en présence de M. le Dauphin.

L'Oraison Funébre d'Anne de Gonzague de Cléves, Princeffe Palatine, fut prononcée par M. Boffuet dans l'Eglife des Carmélites du Fauxbourg Saint Jacques, le 9 Août 1685. en présence de M. le Duc, de Madame la Ducheffe, & de M. le Duc de Bourbon. Elle étoit Fille de Charles de Gonzague, Duc de Nevers, de Rhétel & de Mantoue, & de Catherine de Lorraine. Elle avoit époufé le Prince Edouard, Comte Palatin du Rhin. Cette Princesse demeurée veuve dans un âge peu avancé, se livra au monde, & perdit de vue pendant quelque tems la voie de la Religion & de la piété. Elle revint enfin à ellemême ; elle fit une pénitence fincère de fon incrédulité, & elle fe rendit célébre dans la fuite de fa vie,

par fon efprit, sa piété & fa charité envers les pauvres. Les contraftes de la vie de cette Princeffe font dépeints dans le Difcours de M. de Meaux avec une force, une énergie & une onction dignes des tems Apoftoliques.

En 1686. le 26 Janvier, M. Boffuet prononça à Saint Gervais l'Oraifon Funébre de M. le Tellier, Chancelier de France, fon ancien ami. Ce Magiftrat après avoir paffé fucceffivement dans fa jeuneffe par plufieurs charges de la Judicature dans lefquelles il s'étoit diftingué par fa droiture & fon habileté, fut appellé à la Cour fur la fin du regne de Louis XIII. Il eut la confiance de la Reine Régente, & du Cardinal Mazatin, fous la minorité de Louis XIV. Il fut alors employé dans les affaires les plus délicates. Il foutint au milieu des troubles de ce tems-là la même réputation d'intégrité, de défintéreffement & de probité qu'il s'étoit acquife dans des tems moins agités. Louis XIV. Phonora d'une eftime & d'une affection particuliere; il lui en donna des preuves à la mort de M. d'Aligre, Chancelier de France. Ce Monarque nomma M. Tellier pour lui fuccéder dans cette place, dont il remplit dignement les fonctions jufqu'à fa mort. M. Boffuet obferve dans fon Oraifon Funébre que la derniere fonction dont il s'eft acquitté dans l'exercice de fa Charge, a été de fceller la révocation du fameux Edit de Nantes. Ce digne Magiftrat dit alors, qu'après ce triomphe de la Foi, & un fi glorieux monument de la piété du Roi, il ne fe foucioir plus de voir finir les jours. Il mourut le 28 Octobre 1685. âgé de quatre-vingt-trois

ans

Le

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