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fuivi, & l'obscurité même que l'on y trouve, ne fert qu'à rendre fon antiquité plus vénérable. Les difficultés que l'on forme contre les Livres du Nouveau Testament n'ont pas plus de force, aucune n'attaque ni le fond de la Doctrine, ni la vérité de l'Hiftoire, pourquoi donc ce Livre Saint trouve-t-il tant d'Adverfaires? Eft-ce après un mûr examen qu'on s'élève contre lui, a-t-on jusqu'à préfent propofé quelque objection férieufe qui puiffe détourner un efprit raisonnable de s'y foumettre? Nullement. La force d'objection eft dans la dépravation du cœur de l'homme on veut rejetter ce Livre, parce qu'on le regarde en quelque façon comme l'ennemi du genre-humain; il oblige les hommes à foumettre leur esprit à Dieu, & à réprimer leurs paffions; c'en eft affez, on lui déclare une guerre continuelle, & on le facrifie à l'incrédulité & au libertinage.

TROISIEME PARTIE.

M. de Meaux ne parle ici que des Empires & des révolutions qu'ils ont effuyées; l'élévation & la chûte des Empires, & les caufes qui ont produit de fi fameux événemens, forment un fpectacle intéreffant pour tout le monde, mais bien plus encore pour un Prince destiné à occuper un Thrône.

M. Boffuet paffe rapidement fur les Royaumes de Scithie & d'Ethiopie, pour s'arrêter aux Egyptiens, qui font les premiers Peuples policés. Il fait une defcription magnifique de leurs mœurs, de leur prudence, de leur gouvernement, & de leur amour pour les fciences; amis de la paix, ils fe confervent durant 1 300 ans, fans

connoître la guerre : Sésoftris eft le premier de leurs Rois qui fe rend redoutable par les armes, l'Empire fubfifte encore 300 ans après lui. Il est enfin affoibli par les Rois de Babylone, & entiérement détruit par Cambyfe.

On voit enfuite les Empires des Affyriens, anciens & nouveaux, c'est-à-dire, les Royaumes de Ninive & de Babylone, détruits l'un & l'autre par les Médes & les Perfes, fous la conduite du grand Cyrus. L'Empire des Perfes, fi redoutable fous le regne de ce Prince, se seroit peut-être accrû fous fes fucceffeurs, fi un faste exceffif, & l'amour des plaisirs n'avoient pas contribué corrompre les mœurs de leurs Sujets. Ils furent affez longtems guerriers, & ils jetterent l'épouvante parmi certains Peuples qui ne fçavoient point faire la guerre. C'est ainsi qu'ils conquirent l'Egypte, l'Afie Mineure, & quelques Colonies Grecques que le luxe Afiatique avoit amollies. Ils n'eurent pas les mêmes fuccès contre les Grecs, ils firent d'abord quelques conquêtes, mais ils trouverent bien-tôt de puiffans obftacles. Agéfilas, Roi de Lacédémone, fit voir dans l'Afie Mineure qu'on pouvoit battre les Perfes. Alexandre le Grand, Prince d'une fermeté & d'un courage au-deffus de tous les obftacles, ruine entiérement l'Empire des Perfes : il meurt à la fleur de fon âge; fa mort détruit toutes les conquêtes; fes propres Etats deviennent le partage de nouveaux Princes, qui font eux-mêmes obligés dans la fuite de recevoir la Loi des Romains. Dans toutes ces révolutious, M. Boffuet fait remarquer les caufes qui les ont occafionnées, & les deffeins particuliers de la Providence, devant laquelle les Empires & les Conquérans font comme un

vil amas de pouffiere qu'elle diffipe d'un souffle, quand elle le veut.

M. de Meaux finit fon Difcours par l'Empire Romain, il en raconte l'origine, les progrès, les variations, la décadence. Cet Empire, formé d'abord par une troupe de Brigands, reconnoît Romulus pour fon Chef, il établit des Loix; Numa les perfectionne, Tullius Hoftilius forme une difcipline militaire, à laquelle Ancus Martius joint des cérémonies de Religion. Tarquin l'Ancien établit un Sénat; Servius Tullius forme le projet de l'établissement d'une République; la Royauté eft abolie; les Confuls commandent tour à tour; les Guerres font heureuses; les conquêtes s'augmentent; les divifions intestines s'élévent; on fait des Loix pour les réprimer.

Carthage menace l'Empire Romain, & le met sur le penchant de fa ruine: Scipion délivre fa Patrie, ruine Carthage, & mérite le furnom d'Afriquain. Les guerres civiles naiffent dans la fuite par l'ambition des trois plus grands Hommes de l'Etat ; Céfar fe défait de fes Concurrens, & fe fait Empereur. Les regnes de fes Succeffeurs font agités par les guerres civiles; l'Empire dans la suite est trouvé un fardeau trop pesant pour un feul homme on voit pendant long tems la Couronne fur la tête de deux Empereurs qui commandent en même tems. L'Empire eft affoibli par les Barbares; Rome & l'Italie font abandonnées par les Empereurs qui fe renferment en Orient. Rome réduite à l'extrémité par les Lombards, fe livre aux François, Pepin, Roi de France, paffe les Monts, & réduit les Lombards. Charlemagne vient enfuite, il éteint entiérement leur domina

tion

tion, & le fait couronner Roi d'Italie. Ce Prince est élú Empereur par les Romains l'an 800. il fonde alors un nouvel Empire.

M. Boffuet, en finiffant ce Difcours, fait des réflexions très-folides fur les caufes de l'élévation & de la chûte de l'Empire Romain; & en général, quoiqu'il ne s'agiffe point ici directement de la Religion, ce Prélat

raméne fon Lecteur de tems en tems: il fait voir le doigt de Dieu marqué dans toutes les variations que différens Etats ont effuyées, elles ont toutes fervi à la Religion, & à la conservation du Peuple de Dieu: en effet, pendant que les plus puiffantes Monarchies font abattues fous les coups violens qu'on leur porte, la Religion, quoique fouvent attaquée, fe foutient par fes propres forces: marque certaine que c'est dans elle feule que confifte la véritable grandeur, que c'eft fur elle feule que l'on peut fonder de solides espé

rances.

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Cet Ouvrage a été imprimé pour la premiere fois en 1681. in-4°. On en a enfuite multiplié les éditions à Paris, à Lyon & à Amsterdam. M. de la Barre, qu'il ne faut pas confondre avec M. de la Barre de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, à donné la fuite de cet Ouvrage depuis Charlemagne jufqu'à Louis XIV.

Le Comte Philippe Verzano publia à Modéne en 1712. une Traduction qu'il avoit faite en Italien du Difcours de M. Boffuet, & de la continuation dont on vient de parler. La même année il parut à Venise une nouvelle Traduction de l'un & de l'autre par un Carme qui s'eft caché fous le nom de Selvaggio Cantulini.

Tome VIII.

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En 1718. M. l'Abbé de Partenay, Aumônier de Madame la Ducheffe de Berri, en publia une Traduction en Latin, fous ce titre : Commentarii Univerfam complectentes Hiftoriam ab orbe condito ad Carolum Magnum, &c. Cet Ouvrage eft dédié à M. le Duc d'Orléans, alors Régent. L'habile Traducteur, loin de refter au-deffous de fon Original, a trouvé le moyen, par la variété & l'élégance de fes expreffions, d'ajoûter de nouvelles graces à un Ouvrage déja fi excellent par luimême. M. l'Abbé de Partenay, difent les Journa,, liftes de Trévoux, ( Avril 1718.) a fait un choix très-juste pour exercer le talent qu'il a pour la Lan,, gue Latine fon nom ira avec celui du célébre Boffuet, en tous lieux, & paffera à tous les tems. Que ,, fçait-on! peut-être l'Original fouffrira du change,, ment, à quoi notre Langue eft fujette, & vieillira, & cependant la Traduction confervera ce qu'elle a de beauté. Les Journalistes rapportent enfuite quelques endroits de la Traduction Latine, afin que le Lecteur foit en état d'en juger par lui-même, nous avons cru à leur exemple en devoir donner auffi une idée : nous nous contenterons de citer feulement la Traduction d'un endroit de la premiere Partie où M. Boffuet, en parlant du renouvellement du Monde après le Déluge, s'exprime ainfi : Tout commence : il n'y a point d'Hiftoire ancienne où il ne paroiffe, non-feulement, &c. (pag. 10. de ce Volume. Voici comment M. l'Abbé de Partenay l'a rendu en Latin.

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Tunc cunctarum exordia rerum. Nulla prifca Hiftoria extabat, que non tantùm his primis temporibus, fed etiam multò pòft mundi recèns nati certa figna non contineret. Con

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