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comme auparavant. Dans ce même tems Servius Tullius agrandit Rome, & veut la mettre en République; arrivent alors les révolutions que tout le monde fçait. Efdras, Docteur de la Loi, & Néhémie, Gouverneur du Peuple de Dieu nouvellement rétabli en Judée, réforment les abus, & font obferver la Loi de Moyse : Efdras met en ordre les Livres Saints. Il ramaffe les anciens Mémoires du Peuple de Dieu, dont il forme les Paralipoménes. M. de Meaux reprend ici l’Histoire profane on voit entre autres les différentes Guerres des Romains avec les Carthaginois, ceux-ci fuccombent sous les efforts de Scipion, furnommé l'Afriquain, à cause de ses conquêtes en Afrique.

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La IXe Epoque fe prend à la ruine de Carthage. Annibal, Général des Carthaginois, veut fe relever de fa défaite. Ce grand Capitaine, réduit à chercher un asyle chez les Etrangers, remue tout l'Orient contre les Romains, il attire leurs armes en Afie; par fes conseils, Antiochus, Roi de Syrie, leur fait la guerre, il eft vaincu. Antiochus Epiphanès fon fils se rétablit, après avoir effuyé bien des traverfes : il tourne fes armes contre les Juifs, & entreprend de détruire la Loi de Moyfe, le Temple & la Nation. Les Machabées lui résistent, il meurt en impie; fon fils Antiochus Eupator recommence la guerre contre les Juifs, les victoires des Machabées continuent. Démétrius fuccéde à Eupator, & perfécute les Juifs; Simon Machabée prend leur défenfe, & est protégé par les Romains; avec ce fecours il fe rend redoutable, & parvient enfin à chaffer les ennemis de toutes les places de la Judée. Ses enfans fuccédent au Pontificat, tout le Peuple fe foumet à eux. Pendant ce tems, Tome VIII.

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les Romains continuent d'agrandir leur domination : les Guerres inteftines déchirent le fein de la République, chacun veut dominer, Marius & Sylla excitent des troubles, Catilina forme une Conjuration, Pompée regne dans le Sénat, Céfar devient fon rival, & le défait à la bataille de Pharfale : Brutus & Caffius croient garantir la République de la tyrannie, en tuant Céfar: Rome fe voit expofée à de nouveaux troubles fous le Triumvirat de Lépide, de Marc-Antoine, & du jeune Céfar Octavien. Ces deux derniers ruinent le parti de Lépide; ils tournent enfuite leurs armes l'un contre l'autre. Antoine eft défait à la Bataille d'Actium : tout cède à la fortune de Céfar; la paix eft rendue à l'Univers; JesusChrift vient au monde.

La naiffance de Jefus - Chrift forme la Xe Epoque la plus confidérable de toutes, non-feulement par l'importance d'un fi grand événement, mais encore parce que c'eft par elle que toute la Chrétienté commence à compter fes années. M. Boffuet donne ici une explication bien claire & bien fimple des 70 femaines, dont il eft parlé dans le Prophéte Daniel, fans entrer dans les détails embarraffans des différentes fupputations des Chronologiftes. Après la mort de Jesus-Christ, commencent les perfécutions faites aux Chrétiens. Saint Etienne eft lapidé; cependant les Gentils fe convertiffent. Saint Pierre & Saint Paul font martyrifés fous Néron. On respire un peu fous Tite & Vefpafien. La perfécution recommence: Domitien regne; fous cet Empereur, Saint Jean est exilé à Pathmos, où il écrit fon Apocalypfe; quelque tems après il écrit l'Evangile qui porte fon nom. Depuis ce tems les persécutions continuent, la Religion

se répand, l'Eglise encore naissante, rendue féconde par le fang des Martyrs, remplit toute la terre ; pourfuivie & maltraitée pendant près de trois cens ans, elle donne les plus grands exemples de ferveur & de patience. La paix lui est enfin accordée par l'Empereur Conftantin, qui embraffe publiquement le Chriftianisme.

Cette célébre converfion, qui arriva l'an 312. de Notre-Seigneur, forme la XI Epoque. La Croix de Jefus-Chrift devient alors un figne honorable. Cinquante ans après l'Empereur Julien fe rend fameux par fon apoftafie; il perfécute les Chrétiens, & ceux-ci lui demeurent fidéles. Cet Empereur périt miférablement dans la Guerre contre les Perfes. L'Eglife dans la fuite est affligée par les Héréfies, contre lefquelles on tient plufieurs Conciles généraux. L'Empire Romain est déchiré par diverfes révolutions, qui enfin l'anéantissent.

La XII & derniere Epoque eft fixée au tems de Charlemagne. Ce Prince eft appellé à l'Empire, il l'accepte, & lui donne une nouvelle forme; protecteur de l'Eglife & de la Religion, il rétablit la Difcipline Eccléfiaftique, affemble des Conciles, & fonde la grandeur temporelle du S. Siége.

SECONDE PARTIE.

M. de Meaux s'attache ici uniquement à démontrer la fuite conftante de la Religion depuis le commencement du monde. Il expofe les différens états du Peuple de Dieu, d'abord fous la Loi de nature & fous les Patriarches. Il paffe enfuite à Moyfe, & à la Loi écrite; de-là il vient à David & aux Prophétes, il fait

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voir l'état de la Religion dans le tems de la captivité des Juifs, & après leur retour. Jesus-Christ paroît, l'Evangile eft publié, les perfécutions s'élévent, la Reli gion fubfifte toujours, en vain les hommes font les der niers efforts pour l'abattre, l'enfer qui les foutient, ne peut faire réuffir leurs projets, l'Eglife d'abord victorieuse de l'Idolâtrie triomphe enfuite de toutes les er

reurs.

M. Boffuet finit cette feconde Partie par une réflexion très-importante fur l'authenticité des Livres Saints, & fur le rapport qu'ils ont entre eux.

Les Miracles éclatans que les Hébreux ont vûs de leurs yeux, & qui fervent à préfent à confirmer notre foi, font confervés encore aujourd'hui dans des actes authentiques que ce même Peuple nous a transmis; ces actes font les Livres de l'ancien Teftament, les plus anciens qu'il y ait au monde, & les feuls de l'Antiquité où la connoiffance du vrai Dieu foit enseignée. Les Livres que les autres Peuples regardoient comme Divins, ont disparu même avant la fin de l'Idolâtrie. Les Ro mains eux-mêmes ont été les premiers à détruire ceux où Numa avoit écrit les Myftères de la Religion qu'il avoit inventée on a parlé long-tems parmi eux des Livres des Sibylles, mais on n'a jamais pû en montrer un feul, ni même aucun Oracle qui en eût été tiré. Les Juifs font donc les feuls dont les Livres aient été conftamment en vénération; on ne les a point cachés mystérieusement aux yeux des Peuples, ils ont été, & font encore aujourd'hui dans les mains de tout le monde.

Les Miracles de Jefus-Chrift ont été écrits avec la

même exactitude, les actes en font répandus par toute la terre, on les a examinés, on les a combattus, on n'a pû ni les détruire, ni les ébranler. Les différens Livres qui compofent le Nouveau Teftament ont entre eux un rapport évident, les Actes des Apôtres font une fuite de l'Hiftoire de l'Evangile, leurs Epîtres ont avec eux une liaison néceffaire, & la Collection de ces Ecritures Le rapporte à l'Ancien Teftament, qu'elles réclament prefque à chaque page, tout y parle de Moyfe, tout y eft fondé fur Moyfe, c'est lui qui a dit, c'est lui qui a écrit, fon témoignage eft für. Jefus-Chrift lui-même rappelle toujours la Loi de Moyfe, les Ecrits des Prophétes & des Pfeaumes. Ce font autant de témoins qui dépofent en fa faveur.

M. de Meaux fe propofe ici les objections que l'incrédulité forme contre la vérité des Ecritures, & il les détruit avec autant de folidité que de précision. Je n'entrerai point dans ce détail, il faut le lire dans l'Ouvrage même. Je rapporterai feulement ce qu'il dit de l'ob-jection générale, qu'il y a des difficultés dans les Saintes Ecritures : il y en a fans doute, dit M. Boffuet, qui n'y feroient pas fi le Livre étoit moins ancien, & fi l'on eût été moins fcrupuleux à le donner tel qu'on le trouvoit, ou enfin, fi l'on eût pris la liberté d'y corriger ce qui faifoit de la peine. Il y a les difficultés qui naif fent de l'ancienneté, lorfque les lieux ont changé de nom, ou de fituation, lorfque les dates font oubliées, lorfque les généalogies ne font plus connues, & qu'il eft impoffible de remédier aux fautes d'un Copiste né gligent; mais trouve-t-on de réelles difficultés dans le fond ou dans la fuite de l'Hiftoire ? Non, tout eft.

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