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ETTE Epoque de la ruine de Troye, arrivée environ l'an 308. après la fortie d'Egypte, & 1164. après le Déluge, est confidérable,tant à caufe de l'importance d'un fi grand événement 2820. 1184. célébré par les deux plus grands Poëtes de la Gréce & de l'Italie, qu'à caufe qu'on peut rapporter à cette date ce qu'il y a de plus remarquable dans les tems appellés fabuleux ou héroïques; fabuleux, à caufe des fables dont les hiftoires de ces tems font enveloppées; héroïque, à caufe de ceux que les Poëtes ont appellé les enfans des Dieux & les Héros. Leur vie n'eft pas éloignée de cette prife; car du tems de Laomedon, pere de Priam, paroiffoient tous les Héros de la Toifon d'Or, Jafon, Hercule, Orphée, Caftor & Pollux, & les autres qui font connus; & du tems de Priam même, durant le dernier fiége de Troye, on voit les Achilles, les Agamemnon, les Ménélas, les Ulyffe, Hector, Sarpedon, fils de Jupiter, Enée, fils de Venus, que les Romains reconnoiffoient pour leur fondateur, & tant d'autres, dont des familles illuftres & des Nations entiéres ont fait gloire de defcendre. Cette Epoque eft donc propre pour raffembler ce que les tems fabuleux ont de plus certain & de plus beau. Mais ce qu'on voit dans l'hiftoire fainte, est en toutes 2887. 1177. façons plus remarquable: la force prodigieufe d'un Samfon, & fa 2888. 1176. foibleffe étonnante: Eli, fouverain Pontife, vénérable par sa piété, fa 2909. 1995. & malheureux par le crime de fes enfans: Samuel juge irreprocha

ble, & Prophéte choifi de Dieu pour facrer les Rois: Saul, premier Roi du Peuple de Dieu, fes victoires, fa préfomption à facrifier fans les Prêtres, fa défobéiffance mal excufée par le prétexte de la Religion, fa réprobation, fa chûte funefte. En ce tems, Codrus, Roi d'Athènes, fe dévoüa à la mort pour le falut de fon Peuple, & lui donna la victoire par fa mort. Ses enfans Médon & Nilée difputerent entr'eux le Royaume. A cette occasion, les Athéniens abolirent la Royauté, & déclarerent Jupiter le feul Roi du Peuple d'Athènes. Ils créérent des Gouverneurs ou Présidens per

pétuels,

SUR L'HIS-
TOIRE UNI-
VERSELLE,

Ans Ans

du dev,

pétuels, mais fujets à rendre compte de leur adminiftration. Ces Magiftrats furent appellés Archontes. Médon, fils de Codrus, fut DISCOURS le premier qui exerça cette Magiftrature, & elle demeura long-tems dans fa famille. Les Athéniens répandirent leurs Colonies dans cette partie de l'Afie mineure, qui fut appellée Ionie. Les Colonies Eoliennes fe firent à peu près dans le même tems, & toute l'Afie mineure fe remplit de Villes Grecques. Après Saül, paroît un monde. F. Ca David, cet admirable berger, vainqueur du fier Goliath, & de 2949, 10ggi tous les ennemis du Peuple de Dieu; grand Roi, grand Conquérant, grand Prophête, digne de chanter les merveilles de la toutepuiffance divine: homme enfin felon le cœur de Dieu, comme il le nomme lui-même, & qui par fa pénitence, a fait même tourner fon crime à la gloire de fon Créateur. A ce pieux guerrier fuccéda 2970. 10341 fon fils Salomon, fage, jufte, pacifique, dont les mains pures de 2990. 1014. fang, furent jugées dignes de bâtir le Temple de Dieu.

SIXIÈME ÉPOQUE.

Salomon, ou le Temple achevé.

CINQUIEME AGE DU MONDE

E fut environ l'an 3000 du monde, le 488. depuis la fortie
d'Egypte, & pour ajufter les tems de l'hiftoire fainte avec ceux

Ca

de la profane, 180 ans après la prife de Troye, 250 devant la fon

dation de Rome, & 1000 ans devant Jefus - Chrift, que Salomon

2992, 1012

acheva ce merveilleux édifice. Il en célébra la dédicace avec une 3000. 1005: piété & une magnificence extraordinaires. Cette célébre action eft 3001. 1004 fuivie des autres merveilles du regne de Salomon, qui finit par de honteufes foibleffes. Il s'abandonne à l'amour des femmes, fon efprit baiffe, fon cœur s'affoiblit & fa piété dégénère en idolâtrie. Dieu justement irrité, l'épargne en mémoire de David fon ferviteur; mais il ne voulut pas laiffer ifon ingratitude entiérement impunie: il partagea fon Royaume après fa mort, & fous fon fils Roboam. L'orgueil brutal de ce jeune Prince lui fit perdre dix Tri- 3029. 975. bus • que Jeroboam fépara de leur Dieu, & de leur Roi. De qu'ils ne retournaffent aux Rois de Juda, il défendit d'aller facrifier au Temple de Jérufalem, & il érigea fes veaux d'or, aufquels

Tome VIII.

C

peur

III. Reg. XI,

32.

SUR L'HIS

il donna le nom du Dieu d'Ifraël, afin que le changement parut DISCOURS moins étrange. La même raifon lui fit retenir la Loi de Moyfe, qu'il TOIRE UNI- interprétoit à fa mode; mais il en faifoit obferver prefque toute la VERSELLE. police, tant civile que religieufe: de forte que le Pentateuque demeura toujours en vénération dans les Tribus féparées.

Ans Ans

du dev.

Ainfi fut élevé le Royaume d'Ifraël contre le Royaume de Juda. monde. J. C Dans celui d'Ifraël, triompherent l'impiété & l'idolâtrie. La Religion fouvent obfcurcie dans celui de Juda ne laiffa pas de s'y con· ferver. En ces tems les Rois d'Egypte étoient puiffans. Les quatre Royaumes avoient été réunis fous celui de Thébes. On croit que Séfoftris, ce fameux Conquérant des Egyptiens, eft le Sefac Roi d'Egypte, dont Dieu fe fervit pour châtier l'impiété de Roboam. 3033. 971. Dans le regne d'Abiam, fils de Roboam, on voit la fameufe victoire que la piété de ce Prince lui obtint fur les Tribus fchifmatiques. Son fils Afa, dont la piété eft loüée dans l'Ecriture, y eft marqué comme un homme qui fongeoit plus dans fes maladies au fecours de 3087. 917. la médecine, qu'à la bonté de Dieu. De fon tems, Amri, Roi 924 d'Ifraël, bâtit Samarie, où il établit le fiége de fon Royaume. 914. Ce tems eft fuivi du regne admirable de Jofaphat, où fleuriffent la

3080. 3090.

3132. 892.

piété, la justice, la navigation & l'art militaire. Pendant qu'il faifoit voir au Royaume de Juda un autre David, Achab, & fa femme Jéfabel qui regnoient en Ifraël, joignoient à l'idolâtrie de Jéroboam toutes les impiétés des Gentils. Ils périrent tous deux miséraðle3105. 899. ment. Dieu qui avoit fupporté leurs idolâtries, réfolut de venger fur eux le fang de Naboth, qu'il avoit fait mourir, parce qu'il avoit refufé, comme l'ordonnoit la Loi de Moyfe, de leur vendre à perpétuité l'héritage de fes Peres. Leur fentence fut prononcée par la 3107. 897. bouche du Prophéte Elie. Achab fut tué quelque tems après, malgré les précautions qu'il prenoit pour fe fauver. Il faut placer vers ce tems la fondation de Carthage, que Didon, venue de Tyr, bâtit en un lieu, où à l'exemple de Tyr, elle pouvoit trafiquer avec avantage, & afpirer à l'Empire de la mer. Il eft mal aifé de marquer le tems où elle fe forma en République; mais le mélange des Tyriens & des Africains, fit qu'elle fut tout enfemble guerriere & marchande. Les anciens Hiftoriens qui mettent fon origine devant la ruine de Troye, peuvent faire conjecturer que Didon l'avoit plûtôt augmentée & fortifiée, qu'elle n'en avoit pofé les fonde3116 888. mens. Les affaires changerent de face dans le Royaume de Juda. Athalie, fille d'Achab & de Jéfabel, porta avec elle l'impiété dans la maison de Jofaphat. Joram, fils d'un Prince fi pieux, aimą mieux

SUR L'HIS

TOIRE UNI

Ans Ans

885.

imiter fon beau-pere que fon pere. La main de Dieu fut fur lui. Son regne fut court, & fa fin fut affreufe. Au milieu de ces châtimens, DISCOURS Dieu faifoit des prodiges inoüis, même en faveur des Ifraëlites qu'il vouloit rappeller à la pénitence. Ils virent, fans fe convertir, les mer- VERSELLE. veilles d'Elie & d'Efifée, qui prophétiferent durant les regnes d'Achab, & de cinq de fes fucceffeurs. En ce tems, Homère fleurit, du de. & Héfiode fleuriffoit trente ans avant lui. Les mœurs antiques qu'ils monde. J. C. nous représentent, & les veftiges qu'ils gardent encore, avec beau- 3119. Marm. coup de grandeur, de l'ancienne fimplicité, ne fervent pas peu à Arund. nous faire entendre les antiquités beaucoup plus reculées, & la divine fimplicité de l'Ecriture. Il y eut des fpectacles effroyables dans 3120. 884. les Royaumes de Juda & d'Ifraël. Jéfabel fut précipitée du haut d'une Tour par ordre de Jéhu. Il ne lui fervit de rien de s'être pa rée; Jéhu la fit fouler aux pieds des chevaux. Il fit tuer Joram, Roi d'Ifraël, fils d'Achab: toute la maifon d'Achab fut extermi née, & peu s'en fallut qu'elle n'entraînât celle des Rois de Juda dans fa ruine. Le Roi Ochofias, fils de Joram, Roi de Juda, & d'Athalie, fut tué dans Samarie avec fes freres comme allié & ami des enfans d'Achab. Auffi-tôt que cette nouvelle fut portée à Jérufalem, Athalie réfolut de faire mourir tout ce qui reftoit de la famille Royale, fans épargner fes enfans, & de regner par la perte de tous les fiens. Le feul Joas, fils d'Ochofias, enfant encore au berceau, fut dérobé à la fureur de fon ayeule. Jéfabeth, fœur d'Ochofias, & femme de Joïada, fouverain Pontife, le cacha dans la maison de Dieu,& fauva ce précieux refte de la maison de David. Athalie, qui le crut tué avec tous les autres, vivoit fans crainte. Lycurgue donnoit des loix à Lacédémone. Il eft repris de les avoir fait toutes pour la guerre, à l'exemple de Minos, dont il avoit fui- lib. VIII. de leg. lib. 1. vi les inftitutions, & d'avoir peu pourvû à la modeftie des femmes, pendant que pour faire des Soldats, il obligeoit les hommes à une lib. II. cap. 9. vie fi laborieuse & fi tempérante. Rien ne remuoit en Judée contre Athalie: elle se croyoit affermie par un regne de fix ans ; mais Dieu lui nourriffoit un vengeur dans l'afyle facré de fon Temple. Quand il eut atteint l'âge de fept ans, Joïada le fit connoître à quelques-uns des principaux Chefs de l'armée Royale, qu'il avoit foi gneufement ménagés, & affifté des Lévites, il facra le jeune Roi dans le Temple. Tout le Peuple reconnut fans peine l'héritier de 3126. 6784 David & de Jofaphat. Athalie accourue au bruit pour diffiper la conjuration, fut arrachée de l'enclos du Temple, & reçut le traite→ ment que fes crimes méritoient. Tant que Joïada vécut, Joas fir

Plat. de rep.

Arift. Polit.

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1OIRE UNI

VERSELLE.

garder la Loi de Moyfe. Après la mort de ce faint Pontife, corrompu DISCOURS par les flatteries de fes courtifans,il s'abandonna avec eux à l'idolâtrie. Le Pontife Zacharie, fils de Joïada, voulut les reprendre, & Joas, fans se souvenir de ce qu'il devoit à fon pere, le fit lapider. La ven geance fuivit de près. L'année fuivante, Joas battu par les Syriens, du dev. & tombé dans le mépris, fut affaffiné par les fiens, & Amafias fon monde. J. C. fils, meilleur que lui, fut mis fur le Thrône. Le Royaume d'Ifraël 3164. 840. abattu par les victoires des Rois de Syrie, & par les guerres civi3195 82: les, reprenoit fes forces fous Jéroboam II. plus pieux que fes pré810. déceffeurs. Ozias, autrement nommé Azarias, fils d'Amazias, ne

Ans Ans

3179. 8.25.

3194.

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gouvernoit pas avec moins de gloire le Royaume de Juda. C'est ce fameux Ozias frappé de la lépre, & tant de fois repris dans l'Ecriture, pour avoir en fes derniers jours, ofé entreprendre fur l'Office Sacerdotal, & contre la défense de la Loi, avoir lui-même offert de l'encens fur l'Autel des parfums. Il fallut le féqueftrer, tout Roi qu'il étoit, felon la Loi de Moyfe; & Joatham fon fils, qui fut depuis fon fucceffeur, gouverna fagement le Royaume. Sous le regne d'Ozias, les Saints Prophétes, dont les principaux Ofé, I. 1. en ce tems furent, Ofée & Ifaïe, commencerent à publier leurs prophéties par écrit, & dans des Livres particuliers, dont ils dépofoient les originaux dans le Temple, pour fervir de monument à la poftérité. Les prophéties de moindre étendue, & faites feulement de vive voix, s'enregiftroient, felon la coutume, dans les Archi228, 776. ves du Temple avec l'Hiftoire du tems. Les jeux Olympiques infti tués par Hercule, & long-tems difcontinués, furent rétablis. De ce rétablissement font venus les Olympiades, par où les Grecs comptoient les années. A ce terme, finiffent les tems que Varron nomme fabuleux, parce que jufqu'à cette date, les hiftoires profanes font pleines de confufion & de fables; & commencent les tems hif toriques, où les affaires du monde font racontées par des relations plus fidéles & plus précises. La premiere Olympiade eft marquée par la victoire de Corébe. Elles fe renouvelloient tous les cinq ans, & après quatre ans révolus. Là, dans l'affemblée de toute la Gréce à Pife, premiérement, & dans la fuite, à Elide, fe célébroient ces fameux combats, où les vainqueurs étoient couronnés avec des applaudiffemens incroyables. Ainfi les exercices étaient en honneur, & la Gréce devenoit tous les jours plus forte & plus polie. L'Italie étoit encore prefque toute fauvage. Les Rois Latins de la po ftérité d'Enée regnoient en Albe. Phul étoit Roi d'Affyrie. On le croit pere. de Sardanapale, appellé, felon la coutume des Orien

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