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âme atroce, quoiqu'il n'y paraisse pas : il ne leur manque qu'une entière liberté, pour que ce germe se développe, pour qu'il prène un accroissement subit et prodigieux; pour qu'il deviène capable d'embrâser tout l'univers. (1)

(1) Entre les portraits de toute espèce que Mauzolli, autrement dit Palingène, nous a laissés dans son Zodiacus vitae humanae, l'on reconnaîtra aisément les originaux d'après lesquels il a fait les vers suivants :

Post, sequitur medius digitus, qui infamis habetur, In quâ sede aliud genus est tibi constituendum, Illorum quibus est magnæ solertia mentis, Ingeniique vigor, nec non vis magna loquendi ; Sed pravi sunt, injusti, vitiisque referti, In terras curvi, numquam æthera suspicientes ; Astuti in primis, falsoque in pectore vulpem Gestantes, turbamque ignaram decipientes. Quumque odio virtutem habeant,quum numina temnant, Se simulant justos tamen ac virtutis amantes, Praque albis nigra, et pro nigris alba loquuntur : Omnia vel lucri faciunt vel laudis amore, Nec nisi præsentem vitam sperantve timentve; Hi sunt qui semper prudentibus adversantur, Armatique dolis, confidentesque favori, (Quem sibi servitio turpi vel munere blanda. Conciliare solent) sanctis conatibus obstant Prudentum, et nubem veris rationibus obdunt: Quæ si non prosunt artes, tunc res agitur vi,

Non contents du mal que certains d'entr'eux ont fait sur la terre, ils ont craint que la postérité sacerdotale ne dégénérât; ils lui ont transmis leurs fureurs avec leurs écrits. Entre autres, un Nicolas Eymeric (1) a eu l'audace

Utuntur ferro, flammis, atroque veneno ;
Lædere si nequeunt furtim, grassantur apertè.

Qui quum sceptra tenent et præsunt urbibus, ætas
Ferrea regreditur, mavortia bella resurgunt :
Justitiam et leges vincit furor; omnia demùm
Bacchantur vitia impunè, et jacet obruta virtus.
Hoc hominum genere est nullum sceleratius inter
Mortales, nec cœlicolis odiosius ullum est.

SAGITT. p. 202.

Ceux qui n'entendent point ce latin, pourront voir la traduction que M. de la Monnerie en a faite en 1731.

(1) Ce Nicolas Eymeric était un dominicain, natif de Gironne. Il fut inquisiteur général sous le pape Innocent VI, puis chapelain de Grégoire XI, et juge des causes d'hérésies. Son Directorium Inquisitorum fut imprimé successivement à Barcelonne, à Rome, à Venise, etc. Les éditions les plus complètes sont celles où se trouvent les commentaires,

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détestable d'avancer dans son Directorium Inquisitorum, que non seulement les hommes privés, mais que les princes et les rois peuvent être jugés secrètement par l'inquisition, sans être entendus, et · ensuite être mis à mort par le fer ou par le poison. Un autre scélérat, nommé Penna a orné ce livre exécrable de

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commentaires non moins horribles; et les éditions d'un tel livre se sont multipliées à la face de l'Europe étonnée. Votre dominicain a vraisemblablement prétendu relever les fastes de la prêtraille des premiers siècles, en étalant les prouesses de S. Cyrille; mais il a passé le plus beau de l'histoire. Je ne parle point des brouilleries du pape Victor avec S. Irenée et autres, pour la célébration de la pâque; (1) ni de celles du pape Etienne avec S. Cyprien; (2)

ni de la mort de Priscillien et de ses sectateurs causée par des évêques

(1) EUSEB. Hist. Eccl. Lib. V, Cap. 23, et seqq. (2) Vie de S. Cyprien, par LE CLERC, Biblioth. Univers. Tome XII. p. 351 et suiv,

espagnols; (1) ni des violences de Théophile d'Alexandrie, de l'orgueil des prêtres des Gaules, (2) etc.; cela nous mènerait trop loin: il me suffit de vous rapporter quelques passages qui pourront servir de pendant à ce que le bon père vous a débité.

» L'an 305, dit M. Fleuri, (3) il s'as>> sembla onze ou douze évêques à Cyrthe, » où ils se reprochèrent des crimes » énormes. La plupart avaient livré >> des écritures aux païens pour éviter » la persécution, pendant qu'un grand » nombre de simples fidèles l'avaient >> soufferte constamment ; d'autres les » avaient eux-mêmes jetées au feu. Un » Purpurius de Limate, étant accusé » d'avoir fait mourir les deux enfants de >> sa soeur, au lieu de s'excuser, dit ›› hardiment : Pour moi, j'ai tué et » je tue ceux qui sont contre moi. Ne » m'obligez pas d'en dire davantage,

(1) SULP. SEVER, Hist. Sacr. Lib. II,

(2) ID. Dialog. I. Cap. XXI,

(3) Hist. Eccl.

» vous savez que je ne me soucie de » personne. Dès qu'il y eut des empe>> reurs chrétiens, les plaisirs commen» cèrent à s'introduire dans l'église, >> et l'on ne voyait, parmi les ecclésias>>tiques, qu'inimitiés et que divisions : >> et parce que les évêques étaient riches » et considérés, on se servait de toutes >> sortes de voies pour parvenir à l'épis>> copat ; quand on y était parvenu, » l'on prenait une autorité tyrannique. » Ces désordres augmentèrent toujours, >> jusques à ce qu'ils vinssent au comble » où on les a vus, comme le savant ar>> chevêque irlandais Usserius le montre >> par un grand nombre de passages d'au» teurs célèbres, qui nous ont laissé des >> peintures affreuses de la corruption de >> leur siècle. »>

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» Les sectes des Nestoriens et Euty>> chiens, dit un autre auteur, (1) nées (1) Dissertations Historiques, etc. imprimées à Amsterdam, en 1707, p.

8,9,

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- Voyez, pour le Ve. siècle, les passages d'ISIDORE DE DAMIETTE, cités dans les Epit. Eccl. et Crit. de M. LE CLERC, pag. 167 et sulv. 4. Edit,

en

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