溅 sang. Pour ceux qui ressemblent à ce nais peu, personne, de quelque religion qu'il fût ; ce qu'à leur exemple, j'ai constamment pratiqué jusqu'à ce jour. Ils m'ont prêché mille fois qu'il n'y avait que la superstition de méprisable, que le vice de haïssable; qu'il fallait se borner à déplorer le sort du superstitieux et celui du vicieux; les plaindre l'un et l'autre, les éclairer s'il était possible, les traiter en tout comme nos frères. Et tel est le fruit de l'éducation que j'ai reçue, que, malgré les peines que j'ai souffertes depuis que je suis en votre pouvoir, ma patience, et.l'espoir que j'ai toujours eu que le temps et la vérité vous feraient un jour ouvrir les yeux sur mon innocence m'ont tenu lieu de tout ressentiment. Or cette haine, ce mépris, ainsi que ces prétendues illusions du diable, et tout ce qui s'ensuit, n'existent que dans le cerveau de ceux qui, par faiblesse, ou par méchanceté, sont venus vous débiter la plus absurde et la plus sanglante des calomnies..... Ma chère enfant, dit l'inquisiteur, vous venez d'avouer, sans y penser, que vous êtes hérétique. Courage, dites-nous en quoi consiste plus particulièrement votre hérésie, et les suites qu'elle a eues: ne nous obligez point d'avoir recours à la rigueur; avouez, vous dis-je, ou l'on va vous faire subir la question. Grand dieu! s'écria cette malheureuse la question! hélas !... pourrais-je la supporter!.. ah! mes pères! qui vous autorise à tourmenter vos semblables, qui, avec toutes les vertus morales possibles, ont le malheur d'être d'un autre sentiment que vous ? --- Qui nous autorise, repartit l'inquisiteur? l'honneur de la religion, la gloire d'un dieu vengeur, d'un dieu terrible, du dieu des armées... Arrêtez! s'écria la fille; ce dieu là n'est point mon dieu; mon dieu n'est point terrible; il n'est point le dieu des armées : mon dieu n'approuve ni ne conduit les persécutions, ni la désolation du genre humain; il haït la discorde, l'injustice, la vengeance, la violence, la cruauté, la fureur et généralement tous ces funestes fruits de l'ambition, du fanatisme et de l'intérêt. Mon dieu est bon: toute la nature me l'annonce ainsi. Elle ne retentit point du nom d'un dieu terrible qui menace, qui tonne et répand par-tout la terreur et l'effroi : elle ne retentit point du nom d'un dieu cruel et capricieux, qui s'abreuve de sang et de pleurs, ou qui s'appaise par des pratiques insensées et par des grimaces de gueux. Elle m'annonce un dieu qui fait de nous l'objet de ses plus tendres soins, qui nous a prodigué ses largesses, qui nous a donné une raison pour nous conduire dans la jouissance de ses bienfaits: elle m'annonce un dieu qui aime la douceur, la justice, la charité, la bienfaisance, et qui exige de nous la pratique de ces vertus ; un dieu qui a pitié de nos faiblesses; qui, s'il nous punit, nous punit en père. Et s'il réserve, ce dieu, quelque supplice épouvantable, ce n'est que pour les méchants obstinément méchants, et sur-tout pour ces hommes vains et cruels, qui se sont fait un dieu semblable à eux; c'est-à-dire, un monstre composé de l'odieux assemblage de toutes les passions et et de tous les vices; un monstre qu'ils mêlent dans tous leurs intérêts, au nom duquel ils s'arrogent le droit affreux de tyranniser les consciences, d'être les fléaux de l'humanité, l'horreur et l'opprobre de la nature, Juste ciel ! quelle impiété ! s'écria l'inquisiteur: créature abominable! il n'y a que le démon qui puisse t'avoir inspiré de tels blasphemes contre les attributs de la divinité, si solidement établis dans l'écriture sainte, et contre son divin culte, si étroitement prescrit par l'église..... Bourreaux! faites votre devoir: arrachezlui, à force de tourments, la confession de ses liaisons avec Satan son maître, le détail de ses autres crimes, et la révélation de ses complices. L'inquisiteur eut à peine prononcé ces paroles, que deux des quatre spectres qui avaient amené cette créature infortunée, se mirent à la dépouiller des haillons dont elle était couverte les deux autres préparèrent ce qu'il fallait pour cette exécution. III. 2* |