Tout fage qu'il étoit, dit des chofes pareilles. Du refte contens d'eux. Mais parmi les plus fous fommes, Lynx envers nos pareils, & Taupes envers nous, Nous nous pardonnons tout, & rien aux autres hommes. On fe voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain. Le Fabricateur fouverain Nous créa Befaciers tous de même maniere, Tant ceux du temps paffé que du temps d'aujourd'hui. Il fit pour nos défauts la poche de derriere, FABLE VIILA L'Hirondelle & les petits Oiseaux. UNE Hirondelle en fes voyages Avoit beaucoup appris. Quiconque a beaucoup vu, Diij Peut avoir beaucoup retenu. Celle-ci prévoyoit jufqu'aux moindres orages, Et, devant qu'ils fuffent éclos, Les annonçoit aux Matelots. Il arriva qu'au temps que le chanvre fe feme, Je faurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin. Ils trouvoient aux champs trop de quoi. Prophete de malheur, babillarde, dit-on, Il nous faudroit mille perfonnes La chanvre étant tout-à-fait crûe, Mais puifque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien, Ne volez plus de place en place; De paffer, comme nous, les déferts & les ondes, Ni d'aller chercher d'autres mondes: C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit für, C'eft de vous renfermer aux trous de quelque mur. Les Oifillons las de l'entendre, Se mirent à jafer auffi confufément Que faifoient les Troyens, quand le pauvre Caffandre Ouvroit la bouche feulement. Il en prit aux uns comme aux autres. Maint Oifillon fe vit efclave retenu. Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui font les nôtres, Et ne croyons le mal que quand il eft venu. Le Rat de ville & le Rat des champs. Invita le Rat des champs, Sur un tapis de Turquie Le régal fut fort honnête, Le bruit ceffe, on fe retire: C'eft affez, dit le Ruftique : Mais rien ne vient m'interrompre: FABLE X. Le Loup & l'Agneau. LA raifon du plus fort est toujours la meil leure, Nous l'allons montrer tout-à-l'heure. Un Agneau fe défaltéroit Dans le courant d'une onde pure, Un Loup furvient à jeun, qui cherchoit aven ture, Et que la faim en ces lieux attiroit. |