LIVRE QUATRIEME. FABLE PREMIERE. Le Lion amoureux. A MADEMOISELLE DE SÉVIGNÉ, SEVIGNE EVIGNE' de qui les attraits La Fable au moins fe peut fouffrir. Celle - ci prend bien l'afsurance De venir à vos pieds s'offrir, Par zele & par reconnoiffance. Du temps que les Bêtes parloient, Un Lion de haut parentage Même un refus cût fait poffible, Car outre qu'en toute maniere N'ofant renvoyer notre amant, On lâcha fur lui quelques Chiens: Amour, amour, quand tu nous tiens. Du FABLE II. Le Berger & la Mer. rapport d'un troupeau, dont il vivoit fans foins, Se contenta long-temps un voifin d'Amphitrite. Si fa fortune étoit petite, Elle étoit sûre tout au moins. A la fin, les tréfors déchargés fur la plage Son maître fut réduit à garder les Brebis, vage. Celui qui s'étoit va Coridon ou Tirfis, Au bout de quelque temps il fit quelques profits, Et comme un jour les Vents retenant leur ha leine, Laiffoient paisiblement aborder les Vaiffeaux ; Vous voulez de l'argent, ô Mefdames les eaux, Dit-il,adreffez-vous, je vous prie, à quelqu'autre : Ma foi, vous n'aurez pas le nôtre. Ceci n'eft pas un conte à plaifir inventé. Pour montrer par expérience, Qu'un fou, quand il eft affuré, Vaut mieux que cinq en espérance, Qu'il faut fe contenter de fa condition, Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront. La mer promet monts & merveilles: Fiez-vous-y, les vents & les voleurs viendront. FABLE I I I. La Mouche & la Fourmi. LA Mouche & la Fourmi conteftoient de leur prix. O Jupiter, dit la premiere, Faut-il que l'amour-propre aveugle les efprits D'une fi terrible maniere, Qu'un vil & rampant animal A la fille de l'Air ofe fe dire égal ? Je hante les Palais, je m'affieds à ta table: Mais, ma mignone, dites - moi, Vous campez-vous jamais fur la tête d'un Roi, D'un Empereur, ou d'une Belle? Je le fais; & je baise un beau sein quand je veux : Je me joue entre des cheveux : |