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rapporte le cas d'une demoiselle qui avait subi l'injection d'un grain dans les gencives. Dix minutes après elle perdit connaissance et resta ainsi pendant deux heures et demie. Un homme de vingt-sept ans fut cocaïnisé de la même manière ; une minute après il était devenu violet; les pupilles grandement dilatées, le pouls comptant six pulsations pour chaque inspiration, la face pâle avec des cercles foncés autour de la bouche et des yeux.

Schubert note le cas d'une femme, vigoureuse et bien portante, sans antécédents nerveux, à laquelle on injecta 6 gouttes d'une solution à 20 p. 100 pour l'extraction d'une dent. Dix minutes après, la vue était troublée, le regard fixe; bientôt elle devint aveugle et perdit connaissance.

Le docteur Georges O. Williams (New-York Med. Journal) dit qu'il injecta, chez une femme, un 1/2 grain de cocaïne en trois fois avec des intervalles de cinq minutes entre les piqûres, pour obtenir de l'anesthésie locale, pour faire l'ablation d'une petite tumeur de l'avantbras. Dix minutes après la dernière piqûre il y avait un engourdissement général de l'avant-bras, une sécheresse extrême de la gorge, une dilatation des pupilles; la vision tellement troublée qu'il lui était impossible de distinguer ses amis à une distance de 40 pieds (13 mètres) et la marche était chancelante. Les troubles de la vue et la sécheresse de la gorge durèrent pendant la nuit qu'elle passa sans sommeil. Les symptômes toxiques persistèrent en partie près d'une semaine.

Le docteur Call, dans un travail lu devant la Société médico-chirurgicale de Madrid, affirme que cinquante centigrammes d'une solution au 1/100 injectés dans la vessie furent suivis de mouvements convulsifs.

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Le docteur Emmet Holt (New-York Med. Journal) rapporte cinq cas d'enfants âgés de 3 à 21 mois atteints de coqueluche chez lesquels l'emploi d'une solution au 1/25o en badigeonnage ou pulvérisations fut suivi de symptômes toxiques. C'étaient des vomissements, de l'agitation, de la respiration accélérée et superficielle. Le pouls trop fréquent pour être compté, une dilatation extrême des pupilles ; des sueurs profuses, une élévation de la température à 39o ; un bavardage constant et incohérent, du délire et des convulsions; un état en somme très critique. Chez un enfant de 4 mois un seul badigeonnage, avec la solution au 1/25°, causa des symptômes toxiques bien marqués, et des effets a alarmants » suivirent la pulvérisation de cette même solution chez deux enfants de 3 et 6 mois. Il conclut que la cocaïne doit être toujours employée avec beaucoup de circonspection chez les jeunes enfants.

Grube injecta un grain et quart à une femme pour de l'anesthésie locale ; il causa de la pâleur, du vertige, des vomissements, de l'engourdissement général, de la faiblesse du pouls, de la gêne de la déglutition, de l'oppression de la poitrine et de la dyspnée.

Le docteur Heimann cite le cas d'une femme lypémaniaque, à laquelle il administra 2/7e de grain en injection sous-cutanée. Cinq minutes après, il y avait de l'excitation maniaque qui dura près d'une heure.

Schnyder rapporte le cas d'un droguiste qui prit deux doses de 3/4 de grain à 45 minutes d'intervalle pour combattre une migraine : il y avait perte de sensation, tremblement des mains et des pieds, spasmes, refroidissement des extrémités ; le pouls filiforme à 150°; la respiration

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laborieuse, la céphalalgie intense, de la jactitation, de la gesticulation et du délire.

Bresgen introduisit dans la narine de sa femme un tampon d'ouate imbibé de 4 à 6 gouttes d'une solution au 1/20°. Il causa du refroidissement, de la nausée, des troubles dans la marche, de l'excitation suivie de dépression, une difficulté d'articulation et une agitation qui dura toute la nuit.

Le DF. Tipton m'a communiqué le cas d'une femme d'une santé robuste à laquelle il injecta 4 gouttes d'une solution à 4 p. 100. Cinq minutes après elle était « påle « comme une morte, vomissait, avait le pouls faible et fréquent, soupirait, avait le hoquet et se plaignait d'un « engourdissement général avec sentiment de mort im«< minente. » Les symptômes durèrent trois heures.

Heymann observa un enfant de 10 ans chez lequel la cocaïne appliquée au larynx au moyen d'un pinceau, << causa de l'apathie qui dura 5 heures. »

Minney a vu des effets toxiques résultant d'applications répétées d'une solution au 1/25e dans les narines.

Le D' Howell Way m'a communiqué les détails de quatre cas dans lesquels des injections ou des instillations de 5 à 60 gouttes d'une solution au 1/25 causèrent des symptômes d'intoxication, pâleur de la face, cyanose des lèvres, aphasie, dyspnée, hallucinations, délire, syncope.

Le Dr N. Monette (Journal Amer. medical Assoc.) a noté trois cas, dans la pratique dentaire, où des injections dans les gencives de 2 à 4 gouttes d'une solution à 20 p. 100, ont été suivies de vertiges, amaurose, sueurs froides et incapacité de marcher; les malades étaient complètement anéantis et agissaient comme des aliénés.

Le Dr R.-M. Griswald m'a rapporté le cas d'un jeune homme de 15 ans auquel il injecta 15 gouttes d'une solution au 1/250; 4 minutes après, le malade se plaignit de défaillance et de vertige. Le pouls était filiforme à 160, la respiration saccadée; il devint aveugle et perdit connaissance.

Manheim a vu une femme chez laquelle l'injection sous-cutanée de 2 décigrammes causa de la dyspnée; la respiration devint irrégulière, fut suspendue, il y eut de la dysphagie et de l'agrypnie durant 30 heures.

Gougenheim a réuni nombre de cas dans lesquels l'application d'une solution de cocaïne dans la gorge a été suivie de symptômes inquiétants.

Conclusions. Il y a une dose mortelle de cocaïne, laquelle est variable. Les effets toxiques ne sont pas rares. Ce danger doit nous rendre circonspects.

Les contre-poisons qui doivent toujours être à portée sont surtout le nitrite d'amyle et la morphine en injections sous-cutanées.

(Tribune médicale.)

FRACTURE DU MAXILLAIRE INFÉRIEUR.

INFECTION PUTRIDE.

MORT.

Ce sont faits rares que les cas d'infection putride dans les fractures. Aussi il faut profiter des cas connus pour en tirer d'utiles enseignements. M. le professeur Richet publia, en 1865, dans la Gazette des Hôpitaux, un mémoire sur l'intoxication putride dans les fractures du maxillaire inférieur.

Aujourd'hui, à l'occasion d'un fait d'intoxication sur

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venu chez un alcoolique dont la mâchoire était brisée, il rappelle que ces fractures ne sont pas simples, mais qu'elles constituent des fractures ouvertes, parce que le revêtement fibro-muqueux de la gencive est déchiré, et que, dès lors, la plaie est exposée à l'infection par l'air expiré et les liquides buccaux.

Le dernier malade sur lequel M. le professeur Richet vient d'attirer l'attention, était un homme d'une cinquantaine d'années, qui présentait une fracture du maxillaire inférieur, près de la ligne médiane; le traumatisme avait eu lieu, le malade étant en état d'ivresse. Dès le lendemain de son entrée à l'hôpital, le blessé fut pris d'accès répétés de delirium tremens, et il fallut lui mettre la camisole de force. Il est probable que, dans de telles conditions, l'antisepsie ne put pas être aussi rigoureuse qu'on eût pu le désirer. Toujours est-il que, trois semaines après son entrée à l'hôpital, le malade succombait avec de la suppuration buccale, et que l'autopsie montrait un abcès à la face externe de la jambe droite et des abcès miliaires dans le poumon.

A la suite de ce cas malheureux, on ne saurait trop insister sur l'asepsie de la cavité buccale dans les cas de fractures des maxillaires et sur la nécessité de lavages antiseptiques, larges et fréquents.

(Gazette des Hôpitaux.)

A l'occasion de ce cas d'une gravité extrême, nous croyons devoir rappeler que les fractures du maxillaire inférieur ne sont pas aussi fréquentes qu'on le croit généralement. Malgaigne, qui en fit le premier la statistique, dit que pendant onze années il ne s'en présenta que 27 cas à l'Hôtel-Dieu.

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