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Ce que

c'est que

ARTICLE IV.

Des Fables héroïques.

Où l'on traite 1. des diverfes fortes de Fables béroïques; 2. de leur origine; 3. de l'utilité qu'en peuvent retirer les Feunes gens, foit pour la Morale, soit pour l'intelligence des Puètes, des Ou vrages de Peinture, de Sculpture, des Statues, &c. 4. des différens ordres de Divinités Payennes; 5. des Auteurs des Fables béroïques; 6. des diverfes for tes de Méthodes propofées par les meil leurs Auteurs pour enfeigner la Fable à la Jeunesse.

D. Qu'appellez-vous Fables héroïques? R. Ce font celles qui contiennent les Fables l'hiftoire des Dieux, & celle des Demihéroïques. Dieux ou des Héros de l'Antiquité.

Combien il y en a de foxtes.

D. Combien de fortes en diftingue-t-on? R. Il y en a d'hiftoriques, de philofophiques, d'allégoriques, de morales, & d'autres qui ne font que de pures fictions.

D. A combien de claffes peut-on les ré duire?

R. A deux claffes, felon les deux tems différens auxquels elles ont raport. Ces deux tems font les tems inconnus, & les tems fabuleux ou héroïques. Les prémiers depuis le Cahos ou la Création "jusqu'au Déluge d'Ogygés, arrivé vers l'an du Mon

de

Tome V. Planche IX. pag. 652.

Fig. 2

LES CERCO jeunehomme de l'Ile de Cos et favori

des hommes sans y penser un crimes, les chauer, Mais Apollon appelle Pitecha en Cypres

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Cerf qu'il aimoit

ne voulant

pas

Fig. 4.

NIOBE org Idmon fut si ingenieuse à travailler preferoit a ce tant de Vanité qu'elle osa qu'ette les fucepté le defi, et voyant que son curra defier qu 'elle fut msien, de dépit la changea en. Araignée.

e 2240. Les feconds depuis le Déluge ifqu'à la prémière Olympiade, qui tombe ur l'an 3208; après quoi viennent les tems iftoriques. Les deux fortes de Fables, qui épondent à ces deux prémiers_tems, font elles des Dieux, & celles des Demi-Dieux u des Héros.

D. A quoi la Fable doit-elle fon origine? A quoi elR. Elle la doit principalement à l'Idola-les doivent rie & à la Poéfie. leur origi. On ne fauroit douter que l'Idolatrie n'y ne. it donné lieu, puifque la plupart des Dieux les Payens étoient des Hommes, que leurs vices ou leurs belles actions ont rendus céèbres. Les faits qui fervent de fondement aux Fables, ne font pas toujours des contes faits à plaifir, ce font d'anciennes histoires, que les Hommes ont défigurées, fuivant les différentes vues qu'ils ont eues.

La Poéfie eft auffi fans contrédit l'une des principales fources de la Fable. Les Poètes voyant que la fiction pouvoit embellir leur récit, s'avifèrent de ne jamais rien dire naturellement, & d'orner tous les faits hiftoriques par des circonftances furnaturelles. Bientôt les Bergers furent des Satyres, ou des Faunes; les Bergères des Nymphes; les Hommes à cheval, des Centaures; les Vaiffeaux, tantôt un Cheval aîlé, comme dans l'hiftoire de Bellérophon; tantôt des Dragons, comme dans celle de Médée. On fit paffer les Oranges pour des Pommes d'or; l'Or pour une pluie de ce précieux métal, comme dans la Fable de Danaé; les Fleches pour des foudres & des carreaux.

Tel étoit l'ufage de ces prémiers tems,
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com

Si l'on doit

la Fable

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comme nous l'apprend Hérodote (a). On mettoit adroitement en pratique une maxime qu'on a tant fait valoir depuis, & qu'un de nos plus fages Philofophes (b) n'a pas craint de recomınander. L'Efprit humain & le Faux fympatifent extrêmement. Si vous avez la Vérité à dire, vous ferez ,, bien de l'enveloper dans des Fables, elle en plaîra beaucoup plus. Si vous voulez dire des Fables, elles pourront bien plaire fans contenir aucune Vérité. Ainfi le Vrai a fouvent befoin d'emprunter la fi», gure du Faux, pour être agréablement ,, reçu dans l'Esprit humain; mais le Faux ,, y entre bien fous fa propre figure; c'est le lieu de fa naiffance & de fa demeure ordinaire.

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D. Eft-il à propos d'enseigner la Fable aux enfeigner Jeunes-gens, & n'y a-t-il pas du danger à les inftruire de toutes les inventions & des nes gens. rêveries abfurdes, dont il a plu au Paganif me de remplir les Livres de l'Antiquité?

aux Jeu

Sentiment

de Mr.

R. Cette étude, dit Mr. Rollin (c), quand elle eft faite avec les précautions & Rollin fur la fageffe que demande & qu'inspire la Recette quef. ligion, peut être d'une grande utilité pour les Jeunes gens.

tion.

De Mr.

che.

L'Auteur du Spectacle de la Nature (d) l'Abbé Plu- croit qu'on ne peut guère fe paffer de la connoiffance de la Fable, mais il fouhaiteroit qu'on ne l'enfeignât à la Jeuneffe, que lorfque leur efprit eft formé, & en état de fentir

(a) Livre II.

(b) Mr de Fontenelle.

(e) Dans fon Traité des Etudes, Tome IV, Ar. ticle de la Fable.

(d) Tome VI, Entretien V, pag. 105, 106.

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