Page images
PDF
EPUB

che conrre

Hance.

une affiette: & celle-ci préfente au Renard de la viande dans une bouteille.

Ces images font peu naturelles, ainfi que les Societés d'Animaux ennemis, & dont l'un eft la proie de l'autre : mais les anciens Fabulistes leur ayant prêté la parole, & les ayant mis de niveau avec l'Homme, dont ils deviennent les Précepteurs, ont cru devoir étendre la fiction, & fuppofer fociables les Animaux les plus féroces, en confervant une partie de leur caractère.

Les Fabuliftes ont encore fuivi un autre ufage. Ils donnent les actions des Ani-maux, toujours néceffaires, pour l'image des nôtres, qui font libres. Ainfi l'action de l'Ecreviffe, qui marche à reculons, fignifie le mauvais exemple qu'une Mère donne à fa Fille. Contentons-nous de la reffemblance qui frape les yeux, fans approfondir l'action trop fcrupuleufement. 11 eft peu de Fables dont l'image foit juste & naturelle dans la dernière exactitude; on doit avoir quelque indulgence, autrement il faudroit rayer du nombre des Fables celles qui font les plus célèbres.

Fable célè Une Fable qui péche d'une manière bien bre qui pé fenfible contre la Vraisemblance, & qui cela Vraifem-pendant eft l'une des plus célèbres de l'antiquité, c'eft celle du Lion qui fait societé avec la Geniffe, la Chevre & la Brebis. Ces Animaux, après être convenus de partager entre eux le butin, prennent un Cerf, que le Lion partage en quatre, & dont il prend trois parts fur différens droits qu'il allègue, en menaçant quiconque ôfera tou cher à la quatrième. Le Lion choifit fort mal fes Chaffeurs. Les trois Affociés ne peuvent lui fervir de rien, & ils font d'ail

leurs

TH

VERTUMNEpisonna son mari, et ayant été chassée pour s'en faire Italie et fit sa demeure sur un Promon il la persuada, Roi d'Italie, n'ayant point voulu l'écou voyant persuadet la suite d' Vlisse en bétes,

Fig. 3.

GANIMED Roi d'Arcadie, étoit une des Nimp feint que Jupée par Jupiter sous la forme de Aigle et le ordinaire, la metamorphosa en Ourse il voulut qu'iter plaça l'un et l'autre au Ciel.

en

eurs trop timides pour fe lier avec un Chaffeur, dont ils font eux-mêmes le Gipier. Joignez à cela que le Cerf ne fauroit Etre la pature que du Lion: la Chevre, la Geniffe, & la Brebis ne font pas des Animaux carnaciers, ils ne mangent point de Cerf, il est donc ridicule de vouloir leur faire part du butin.

défaut.

Une autre Fable qui ne péche pas moins Autre Facontre la Vraisemblance, c'est celle d'un ble qui a Lion qui devient amoureux d'une Fille. Ille même la demande en mariage, & fe laiffe couper à ce prix les grifes & les dents; imprudence qui lui coute la vie. La fuppofition de cet amour eft d'autant plus ridicule, que l'Inventeur la hazarde fans befoin; car le befoin en pourroit justifier la témérité. Mais loin d'en être réduit à feindre un prodige fi abfurde pour marquer l'imprudence des Amans, il avoit à choisir entre mille autres fimboles, qui l'auroient également repréfentée fans contredire la Nature; elle fournit toujours affez de juftes Allégories pour les différens befoins de la Morale, fans qu'on foit obligé pour cela de lui faire aucune violence; & l'art confifte à y mesurer ingénieusement fes fictions.

D. Quelles font les fources du Riant dans Sources du la Fable?

R. L'une de ces fources, c'est de transporter aux Animaux des dénominations humaines, Maître Corbeau, Compère le Renard, Sa Majefté Lionnne. Ce badinage, dirigé par de fines convenances, a d'ailleurs fon étendue & fa fécondité. Comme on donne aux Animaux des dénominations humaines, on en donne de même à tout ce qui leur appartient. Leur Efpèce eft une Ré

Riant dans la Fable.

publique; l'Affemblée de plufieurs eft une
Diète, un Sénat; leurs Inftincts différens
font des Réglemens & des Loix: mascara-
de ingénieufe, qui ne va pas à les faire mé-
connoître, mais feulement à nous mieux re-
préfenter en eux, & qui offre tout à la fois
à l'imagination, & l'Animal & l'Homme joué |
fous fon nom.

Une autre fource du Riant, c'est d'appliquer quelquefois de grandes comparaifons aux plus petites chofes, comme dans cet exemple:

Deux Coqs vivoient enfemble: une Poule
furvint

Et voila la guerre allumée.
Amour, tu perdis Troye!

Il femble que l'Auteur regarde ici les deux
evènemens du même œil, & l'on fent avec
lui la parité effentielle des deux faits: on fe
moque de la fauffe grandeur que l'on atta-
choit auparavant à l'un des deux.

D. Comment doit-on réciter les Fa

'Manière
de bien ré-bles?

citer les Fables &

R. Comme il eft important que les Jeuautres Piè- nes-gens, qui récitent des Fables, faffent voir qu'ils fentent eux-mêmes & qu'ils comprennent ce qu'ils difent, voici les princi pales chofes qu'il y a à obferver pour y réuffir.

1. La prononciation doit être nette; & pour cela, il faut parler doucement, distinguer les fons, ne point négliger les finales, féparer les mots, les fillabes, s'arrêter aux points, aux virgules, & par-tout où le fens & la netteté l'exigent. On entend toujours avec plaifir une prononciation nette,

« PreviousContinue »