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Les Tour

nois ont donné lieu

chofe par des figures & par des couleurs ; &
que la louange ou le blâme eft une manière de
peinture & de portrait, les anciens Auteurs
François fe font fervis de blafonner, pour
Jouer, ou blâmer. On lit dans Patelin :

Je l'ai aimé & blafonné,
Si qu'il me l'a prefque donné.

Et dans le Roman de la Rose:

Par fon parler faux blafonneur.

Une Epitaphe du fameux Aretin finiffoit par ces mots :

Contre Dieu fon blafon

N'arrefta, s'excufant qu'il ne le cognoifoit.

D. Puisque les Tournois ont donné lieu au Blafon, donnez-moi, je vous prie, une au Blafon. idée de leur origine, & de leur progrès. Origine, R. L'ufage de ces Combats femble être progrès de originairement François. Peut-être que les ces fameux Maures, qui inondèrent l'Espagne, l'étaCombats. blirent dans ce Païs, avec leur galanterie romanefque.

Les Tour

blis en

France.

L'Hiftoire nous apprend que Charles le nois éta Chauve, qui vivoit en 844, tint des Tournois à Strasbourg, lorfque fon Frère Louis d'Allemagne l'y vint voir. On lit dans I'Hiftoire de France qu'un certain Godefroi de Preuilli, qui vivoit en 1060, étoit le renovateur de ces Combats.

En Angle

terre.

En Alle

magne.

Cette mode paffa en Angleterre dès l'an 1114; & Richard, Roi de la Grande Brétagne, l'établit l'an 1194.

Les Tournois s'introduifirent en Allemagne en 1136. Nous lisons dans l'Hiftoire de Bran

Brandebourg, que l'Electeur Albert, furnommé l'Achille gagna le prix dans 17 Tournois, & ne fut jamais defarçonné.

On envoyoit des Lettres de défi pour Lettres de ameuter les Champions de ces Combats.défi qu'on Elles portoient à peu près, qu'un tel Prince, envoyoit. s'ennuiant dans une lâche oifiveté, defiroit le combat pour donner de l'exercice à fa valeur, & pour fignaler fon adreffe. Elles marquoient le tems, le nombre de Chevaliers, l'efpèce d'Armes, & le lieu où le Tournoi devoit fe tenir; & enjoignoient aux Chevaliers vaincus de donner aux Chevaliers vainqueurs un Bracelet d'or, & un Bracelet d'argent à leurs Ecuyers.

d'Andro

Jean Cantacuzène dit, qu'au Mariage Tournoi d'Anne de Savoye avec Andronic Paléolo-au mariage gue, Empereur Grec, ces Combats, dont l'unic Paleofage étoit venu des Gaules, fe célébrèrent logue. en 1226. Il y périffoit fouvent du monde, lorfqu'ils étoient pouffés à outrance.

On lit dans Henri Cnigfton, qu'il fe fit A Châun Tournois à Châlons en 1274, au fujetlons. d'une entrevue entre la Cour d'Edouard, Roi d'Angleterre, & celle du Duc de Châlons, où beaucoup de Chevaliers Bourguignons & Anglois demeurèrent fur la place.

s'élèvent

envain

Les Papes s'élevèrent contre ces funeftes Les Papes divertiffemens. Innocent III en 1140, & Eugène III au Concile de Latran en 1313, contre les fulminèrent les Anathêmes, & prononcèrent Tournois. l'Excommunication contre ceux qui affifteroient à ces Combats. Mais, malgré la fuperstition de ce tems-là, les Papes ne purent rien contre ce fatal ufage, auquel un malheureux point d'honneur donnoit le cours, & que la groffiereté des mœurs faifoit fervir de fpectacle, d'amufement & d'occupation

Z 4

pro.

De quoi les Aimoiries font compofees.

Le fond de l'Ecu.

Combien

il y a d'E

inaux.

Leur dif. tinction.

Leur explication.

proportionnées à la barbarie des fiècles qui le virent naître. Car depuis ces Excommunications, l'Hiftoire fait mention du Tournoi de Charles VI, Roi de France, qui fe tint à Cambrai en 1385, de celui de François I, qui fe tint entre Ardres & Guines en 1520, & de celui de Paris en 1559, où Henri II reçut une bleffure à l'œil par un éclat de la Lance du Comte de Montgommery, dont ce Roi mourut onze jours après.

D. De quoi les Armoiries font - elles composées?

R. D'un Ecuffon dont la figure dans chaque Nation eft différente. En France il eft quarré, arondi & pointu par le bas. En Allemagne il est échancré & de différentes figures. En Italie il eft ovale, particulierement celui des Eccléfiaftiques; quoiqu'aujourdhui l'Ovale foit le plus en ufage partout. Les Femmes le portent accolé & parti, & les Filles portent une lozange.

On appelle le fond de l'Ecu, le champ fur lequel font pofées les différentes pièces des Armoiries.

D. Combien y a-t-il d'Emaux?

R. Sept, qui font 1. l'Or, 2. l'Argent. 3. l'Azur, 4. le Gueule, 5. le Sinople, 6. le Sable, 7. le Pourpre. On y ajoute l'Hermine, le. Contre-hermine, le Vair & le Contre-vair, qu'on nomme Fourure. D. De quelle manière diftingue-t-on les Emaux ?

R. Par des couleurs & par des hachures. D. Expliquez-les moi des deux manières. R. En couleur: l'Or eft jaune, l'argent blanc, l'Azur bleu, le Gueule rouge, le Sinople verd, le Pourpre violet, & le Sable noir.

En hachures: l'Or eft pointillé, l'Ar

gent

gent eft blanc, l'azur eft répréfenté par des lignes de droit à gauche; le Gueule par des lignes de haut en bas; le Sinople par des lignes tirées diagonalement de la pointe droite à la gauche; le Pourpre par des lignes diagonales de la gauche à la droite, & le Sable par des lignes croifées de droit à gauche, & de haut en bas.

D. De quelle manière repréfente-t-on Manière l'Hermine & le Contre-hermine?

de les re

R. L'Hermine par un fond blanc, fur le préfenter. quel il y a de petites mouchetures noires. Le Contre-hermine par un fond noir & des mouchetures blanches.

D. Qu'entendez-vous par le Vair & le DiftincContre-vair?

R. J'entens des pots ou cloches de verre dont fe fervent les Jardiniers, rangées en droite ligne, leur émail naturel eft d'argent & d'azur. Le Contre-vair, c'eft lorsque les cloches de même métail ou couleur font mifes l'une contre l'autre.

D. N'y a-t-il point encore quelque diftinction dans les Vairs?

R. Oui, lorfque le Vair eft d'autre émail ou métail que d'Argent & d'Azur, on dit vairé de tel métail ou couleur.

tion des

Vails.

D. Combien y a-t il de fortes d'Armoi- Combien ries?

R. On en compte de plufieurs fortes; les principales font de Domaine, de Dignité, de Conceffion, de Patronage, de Commu→ nauté & de Famille.

de fortes d'Armoi

ries.

D. Quelles font les Armoiries de Do- De Do maine?

R. Ce font celles que portent les Souverains, qui font attachées aux Royaumes, ou aux Terres qu'ils poffèdent.

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Cel

maine.

De Dignité.

De Con

ceffion.

De Patro

nage.

De Communauté.

De Famil

le.

Armoiries

Celles de Dignité font extérieures, & fervent à diftinguer l'emploi ou l'état des perfonnes qui font dans l'Eglife, l'Epée, ou la Robe.

Les Armoiries de Conceffion font celles que les Souverains accordent à des Particuliers pour être une marque à la Poftérité de la récompenfe qu'ils ont méritée par quelque fignalé fervice.

Les Armoiries de Patronage font celles que les Villes ajoutent comme une marque de fujétion & de dépendance. Les Cardinaux par reconnoiffance écartellent celles du Pape qui les a honorés du Chapeau, & les Evêques celles de leur Evêché.

D. Quelles font celles de Communauté ? R. Ce font celles des Provinces, des Villes, Eglifes, Académies, Chapitres, Communautés Religieufes, & Marchands. D. Et de Famille?

R. Celles qui font particulières à certaines perfonnes, & qui fervent à distinguer une Maifon d'une autre.

D. Combien y a-t-il de fortes d'Armoiries de Famille de Familles?

parlantes.

Arbitrai

res.

Pleines.

B:ilées.

R. Il y en a de huit fortes, qui font, de parlantes, c'eft-à-dire, qui ont du rapport avec les noms des perfonnes.

D'Arbitraires, qui font produites par le caprice de certaines gens qui ont fait fortune. De pures & pleines, comme celles de France.

De brifées qui fervent à diftinguer les Cadets des Aînés.

Chargées. De chargées, qui font celles, où on ajoute quelques pièces.

Diffamées.

De diffamées, qui font celles où l'on retranche quelques pièces, ou partie, comme une marque d'infamie.

D. Quel

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