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même conserver les faibles ouvrages sortis de ses mains, et il n'est et il n'est pas besoin qu'on lui prouve que la création excède ses forces. Il n'est donc pas le seul être intelligent de l'univers, autrement rien n'existerait, ni l'univers, ni lui-même. « S'il était seul >> intelligent, dit Bossuet, il faudrait donc » que son intelligence imparfaite ne laissât » pas d'être par elle-même, par conséquent » d'être éternelle, indépendante de toute » autre chose, ce que nul homme, quelque » fou qu'il soit, n'oserait penser. » Il y a donc un être supérieur à l'homme, puisqu'il a fait l'homme même, et nous voilà heureusement arrivés à cette grande vérité d'un premier être créateur de tout ce qui

existe.

Être nécessaire, puisqu'il a précédé tous les autres, et par conséquent éternel unique, immense, immuable. Être souve rainement intelligent, puisque toute intelligence émane de lui. Souverainement indépendant, puisque rien n'existe que par sa volonté. Infiniment puissant, parce qu'il est maître absolu de tout ce qu'il a créé. Infini dans toutes ses perfections, parce que si un degré de perfection manquait

dans le Créateur, on pourrait cependant le concevoir dans la créature, dont les qualités sont susceptibles d'augmentation et de diminution, et qui deviendrait ainsi supérieure à son Créateur.

Dieu existe; et il ne faudrait pour s'en convaincre que ce seul principe, dont la conviction est inhérente à notre nature, savoir: Qu'il n'y a pas d'effet sans cause. Si nous nous considérons nous-mêmes , ainsi que tous les objets qui nous environnent nous decouvrirons bientôt ce Dieu caché, soit dans la structure admirable de notre corps, et dans l'union incompréhensible de nos deux natures; soit dans la grandeur de l'univers et les merveilles sans nombre qui l'embellissent. Cette preuve de l'existence de Dieu, est la plus naturelle, la plus frappante, la plus facile à saisir, en sorte que, suivant le témoignage de l'Esprit-Saint, elle rend inexcusables ceux qui n'en auraient pas été convaincus. « Car s'ils ont eu assez de lu» mière pour connaître l'ordre du monde... » la beauté et la grandeur de la créature... >> comment n'ont-ils pas découvert plus aisé »ment Celui qui en est le dominateur?....

>> l'auteur de toute beauté qui a donné » l'être à toutes choses. >> '

Les plus beaux génies des temps anciens et modernes se sont attachés à développer cette preuve. Ce ne serait pas faire usage de son intelligence, disait Cicéron, ce ne serait pas être homme, que d'attribuer au hasard ce qui a été fait avec tant d'ordre, de régularité, de convenance et de raison que notre raison elle-même s'y perd.

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Voyez, dit La Bruyère, ce morceau » de terre plus propre et plus orné que » les autres terres qui lui sont contiguës: » ici, ce sont des compartimens mêlés >> d'eaux plates et d'eaux jaillissantes; là, » des allées qui n'ont pas de fin, et qui » vous couvrent des vents du nord; d'un >> autre côté, c'est un bois épais qui défend >> de tous les soleils; ailleurs, de longues et » fraîches avenues se perdent dans la cam>>pagne et annoncent la maison du maître. >> Vous écrierez-vous : Quel jeu du hasard!

Si enim tantùm potuerunt scire, ut possent æstimare sæculum: quomodo hujus Dominum non faciliùs invenerunt ? Sap. 13.

>> combien de belles choses se sont ren>> contrées ensemble inopinément! Non >> sans doute; vous direz au contraire : >> Cela est bien imaginé, bien ordonné; il règne ici un bon goût et beaucoup d'intelligence.

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Si ces preuves d'intelligence et de goût repoussent toute idée de hasard dans les ouvrages des hommes, que sera-ce dans les ouvrages du Créateur et au milieu des merveilles de l'univers ? C'est là que l'intelligence de la cause se manifeste avec éclat dans l'ordre et dans la beauté des effets.

Considérez ces générations d'ètres divers qui se succèdent sans interruption sur la terre, ces animaux qui la vivifient, ces arbres et ces fleurs qui l'embellissent, et dites-moi d'où ils viennent, ô vous qui refusez de reconnaître un Dieu créateur? Ce vil insecte qui se traîne dans la fange, qui l'a produit ? un autre insecte, sans doute. Mais cet autre insecte, mais le premier de tous les insectes, apprenezmoi son origine, rien n'excite davantage ma curiosité. Elle est très-ancienne, dites

vous; n'importe, perçons ensemble la nuit des temps, nous parviendrons peut-être à la découvrir.

Ou ce premier insecte se créa lui-même ou il existait de toute éternité : deux alternatives également absurdes, mais inévitables pour l'impie. Suivant la première, le néant eût été fécond: suivant la seconde, cet insecte existant par lui-même, eût été éternel, indépendant, immuable, il eût été Dieu; et voilà que l'athée, qui se refuse à reconnaître le Dieu véritable, est conduit à se faire un Dieu de ce qu'il y a de plus vil dans la nature.

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Il faut donc croire à un premier être auteur de tout ce qui existe, ou se précipiter dans de monstrueuses erreurs. Les hommes les plus sages du paganisme en firent l'objet assidu de leurs recherches et à l'ouvrage ils reconnurent l'artisan : Hæc et philosophi nobiles quæsierunt, et ex arte artificem agnoverunt. Ainsi, du sein des choses sensibles l'intelligence humaine peut s'élever à cette cause invi

⚫ Saint Augustin.

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