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non plus. Leurs fureurs sont circonscrites dans un cercle invisible qu'ils ne peuvent franchir Huc usquè venies.

Pour bien comprendre ces principes, il faut croire à cette action continue d'une Providence qui n'abandonne rien au hasard, et qui dirige à ses fins les événemens les plus fortuits en apparence. Un insecte vénimeux voltigeant dans l'air, » pique la main d'un jeune prince; elle » s'enflamme, l'inflammation augmente, >> l'enfant royal meurt. Il s'élève des dis>> putes sur la succession; l'Europe en» tière s'y intéresse; les guerres commen» cent, les empires sont renversés; et le premier mobile de toutes ces révolutions » a été l'action d'un animal invisible. » ' Quoi! un insecte aura mis toute l'Europe en feu! Le matérialiste seul pourrait le

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croire.

Dans la société, l'homme se soumet par conscience, et non par contrainte, aux lois établies qui n'ont rien de contraire à la loi divine.

1 Fénélon.

Les lois ne portent point atteinte à la vraie liberté, laquelle consiste à être libre pour le bien, et non pour le mal. La liberté pour le bien est la seule qui puisse exister, et que l'homme puisse désirer. Sans les lois qui règlent l'usage de la liberté, il n'y aurait de liberté d'aucune sorte; tout serait confusion et anarchie.

La liberté doit être réglée sur trois points essentiels : la religion, l'éducation, et la publication des écrits.

Le philosophisme lâche la bride aux passions, mais la raison veut un frein. Si elle use quelquefois de tolérance, ce n'est que pour mieux préparer les esprits à revenir à la règle.

Concevrait-on qu'on pût ériger en principe la liberté de pratiquer extérieurement une mauvaise religion; de donner publiquement une mauvaise éducation; d'imprimer et de répandre des livres pervers?

La raison ne conçoit pas l'erreur. La société ne repose que sur la vérité et la

justice; ses lois règlent le présent, et préparent l'avenir; elles répriment, mais surtout elles préviennent. Il ne faut pas beaucoup d'art pour punir, mais il en faut beaucoup pour prévenir, et c'est en cela que consiste le grand art de gou

verner.

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que contre le

Nous ne suivrons pas la philosophie moderne dans tous ses écarts; qui pourrait genre d'attacompter tous les faux principes qu'elle a christianisme. répandus dans le monde ? On sait assez qu'une erreur conduit à une erreur plus grossière; qu'un abîme appelle un autre abîme. La philosophie, résolue d'en finir avec l'ordre social, proclame hautement la fin du christianisme, et détruit dans ses théories nouvelles tous les biens qui, jusqu'à présent, avaient uni les hommes entr'eux. Ce n'est plus la violence qu'elle emploie comme aux premiers jours de la révolution. Les échafauds ne lui ont pas réussi. Son attaque est en apparence plus modérée c'est un combat de doctrines; ce sont des sophismes, présentés avec art, qu'elle dépose dans le sein de la jeu

nesse, laissant au temps et aux passions le soin de les mûrir et de les développer. Ce n'est encore qu'un grain de sénevé, mais elle se flatte qu'il couvrira un jour toute la terre de son ombre.

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Ainsi, pour détruire le christianisme, elle n'en discute plus les dogmes, elle n'en conteste plus les bienfaits. Elle se plaît au contraire à les énumérer et à lui rendre un hommage hypocrite. Ses coups seront plus assurés, si elle persuade qu'elle n'agît que dans l'intérêt de la vérité, et non par aucune sorte de haine. Le christianisme, nous dit-elle, a sans doute des droits à nos respects, on ne peut nier ses bienfaits, mais il est usé; c'est un corps qui tombe en dissolution. Il est meilleur que toutes les religions qui l'ont précédé, parce que tout se perfectionne et s'épure; mais par la même raison, la religion qui lui succédera sera meilleure encore. Et il faut bien l'attendre cette religion nouvelle, de la perfectibilité indéfinie des choses humaines; de ce progrès en tout sens que nous ne pouvons méconnaître. Voudrait-on que le christianisme fût seul stationnaire au milieu de

ce mouvement général? Il suit les progrès de la civilisation; il passe par les mêmes vicissitudes; il se perfectionne comme elle. Un jour viendra où l'on ne nous donnera plus pour des vérités, ce qui n'était que des figures. On ne nous dira plus, par exemple, qu'il y eut autrefois une incarnation de la Divinité. Ce christianisme poétique et figuré commence à déchoir. Son temps est fini, et nous touchons à cette heureuse époque où il fera place à une croyance plus conforme à l'état actuel des esprits et au goût du siècle.

Tel est le nouveau système d'attaque dirigé contre le christianisme; c'est le résumé exact de ce qu'on lit dans les écrits les plus modernes; c'est là ce que la philosophie propage et ce que l'ignorance accueille qu'on s'étonne ensuite des conséquences que les passions en déduisent! Comment tant d'assertions mensongères et qui ne s'accordent que trop avec les penchans déréglés du cœur, ne séduiraientelles pas une génération élevée au milieu du désordre de la société ; dans un temps ; où l'anarchie règne dans la raison, la mo

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