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úne altération de la vérité. Il était sans doute de la Sagesse divine de se conserver en tout temps de vrais adorateurs sur la terre. Les vérités qu'elle leur a fait connaître durent se transmettre de siècle en siècle par une succession manifeste et non interrompue de témoignages;' en sorte qu'en remontant cette chaîne il fut toujours facile d'arriver jusqu'à l'origine des traditions et de s'assurer de leur authenticité. Or, en suivant ces traditions, on parvient de degré en degré à ce qu'il y a de plus ancien, c'est-à-dire, aux premiers jours du monde où ces traditions commencèrent et jusqu'à Dieu même qui en est l'auteur.

Ce que la raison nous indique, l'Écriture sainte nous le confirme. Elle ne nous donne d'autre marque sensible de la vraie religion que son antiquité. <<< Interro» gez votre père, et il vous l'annoncera;

Succession manifeste et non interrompue qu'il ne faut pas chercher sans doute dans l'universalité des peuples, mais dans quelques hommes assistés d'en haut pour conserver et transmettre les traditions. Tels sont aujourd'hui les pasteurs de l'Église; tels furent autrefois les membres de la Synagogue et les Patriarches.

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» demandez à vos ancêtres, et ils vous » le diront; tenez-vous sur les grands » chemins et informez-vous des voies

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» anciennes. »

Ainsi celui qui veut connaître la vraie doctrine ne s'attache point en aveugle aux opinions les plus répandues : il remonte les siècles; il interroge ses pères; il examine quelle était la foi de ses ancêtres ; s'il trouve un changement, il le suit aussitôt, et continuant toujours ses informations, il suit toujours ce qu'il y a de plus ancien, prêt à l'abandonner s'il découvre quelque chose de plus ancien encore, bien sûr d'arriver ainsi à l'origine même de la Religion. Et s'il n'a trouvé ni changemens ni interruptions dans la doctrine, il est certain de posséder la vérité.

Ainsi, que le disciple de Calvin interroge ses ancêtres, et il découvrira bientôt une interruption dans la doctrine, et l'époque d'un changement déplorable. Qu'il remonte donc encore; qu'il suive des voies plus anciennes ; qu'il embrasse, s'il veut, les doctrines de Luther ou de Jean Huss;

qu'il se jette dans le schisme des Grecs ou dans la secte des Ariens, il rencontrera partout une marque de nouveauté, une rupture toujours sanglante. Il découvrira des voies encore plns anciennes qu'il faudra examiner, et il arrivera enfin à la naissance même de la vraie doctrine ; de la doctrine de Jésus-Christ, dont il se trouvait si malheureusement éloigné.

Le vrai chrétien, prenant toujours pour règle de sa croyance ce qu'il y a de plus ancien, se plaît à considérer dans l'histoire de l'Église, cette suite de pontifes que la providence a placés dans la ville la plus célèbre de l'univers, comme la lumière sur le chandelier, pour être en vue à tous les peuples de la terre; et remontant de siècle en siècle en consultant les monumens historiques, il voit la même doctrine toujours enseignée dans la même Chaire depuis le vénérable Pontife qui gouverne aujourd'hui l'Église, jusqu'à saint Pierre, sans qu'il puisse découvrir aucune interruption, aucune trace de changement, malgré l'instabilité des choses humaines;

1 Bossuet.

malgré les révolutions des empires, le renversement des états, les attaques furieuses des impies de tous les siècles; il voit avec admiration que cette doctrine est, après dix-neuf siècles, aussi exempte d'altération, aussi pure, aussi sainte, que le jour même où l'Église la reçut de son divin fondateur,' et dans sa joie il s'attache avec une nouvelle ardeur à cette Eglise antique, colonne inébranlable de la

vérité.

Philosophie moderne.

Nous venons de rappeler ce qu'il y a de plus essentiel à savoir en métaphysique, et la brieveté de nos preuves n'aura point nui à leur solidité. Mais pour mieux apprécier les avantages de la saine doctrine, il importe de jeter encore un coup d'œil sur quelques-uns des faux principes que la philosophie moderne propage avec tant de fanatisme, et qui, semblables au levain qui fait aigrir toute la masse, occasionnent

1

1 Confingant tale aliquid hæretici. Edant ergo origines ecclesiarum suarum; evolvant ordinem episcoporum suorum, ità per successiones ab initio decurrentem. Tertull. lib. de præscript.

une fermentation funeste dans la société. Le danger de ces principes excitera un plus vif désir de se rallier à des principes opposés, et la vérité aura d'autant plus de prix pour nous, que les excès de

l'erreur nous seront mieux connus.

De ces deux philosophies résultent, pour l'homme et pour la société, des conséquences bien différentes. L'une, fille du ciel, porte la lumière dans l'intelligence, et la paix dans le cœur. Elle repousse toute doctrine qui pourrait troubler la terre. Elle fait descendre d'en haut la source de toute autorité, le principe de toute obéissance, la règle de tous les devoirs. Elle proclame la liberté de l'homme ; mais elle enseigne que cette vraie liberté ne peut exister qu'avec la soumission aux lois, l'exacte observation des devoirs de la religion et de la justice, et qu'ainsi l'homme peut s'élever à un degré d'indépendance tel, qu'il est libre même dans les fers.

L'autre, dominée par l'orgueil, avide d'une liberté licencieuse, ne voulant suivre que sa raison, c'est-à-dire, une raison

;

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