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ici, elle est surnaturelle. Là c'est la raison; et ici c'est la foi qui vient au secours de la raison. Mais remarquons bien

que si avec la raison on examine, avec la foi on n'examine pas. Écoutons l'évêque de Meaux « Le bonheur, dit-il, de ceux » qui naissent pour ainsi dire dans le sein » de l'Église, c'est que Dieu lui ait donné » une autorité telle, qu'on croit d'abord » ce qu'elle propose, et que la foi précède » ou plutôt exclut l'examen. »

Soutenir d'une manière générale, que le consentement commun est le seul fondement de la certitude; n'établir ainsi qu'une seule et même règle de certitude dans les choses humaines et dans les choses divines: c'est tout réduire à une croyance purement humaine; c'est anéantir la foi qui exclut l'examen; et effacer toute différence entre les moyens qui nous conduisent à la croyance des faits historiques, et ceux qui nous ont conduits à la croyance des mystères de la Religion.

Tel est pourtant ie système que l'on Philosophie décore du beau nom de Philosophie ca- prétendue catholique. Mais c'est abuser des termes. tholique. L'autorité dans l'Église ne repose pas sur

le même principe, que l'autorité dans la société humaine. Ici, ce sont des témoignages qui deviennent naturellement plus imposans à mesure qu'ils sont plus unanimes; mais là, c'est l'assistance même de la Divinité qui préserve de toute erreur. Remarquons encore que la Religion use de la voie d'autorité , parce que la foi. est au-dessus de la raison, et qu'il faut croire sans comprendre. Mais dans les choses humaines, où l'on ne croit en général qu'après avoir compris, la philosophie ne peut faire uniquement usage ni de l'autorité de tous ni de celle de quelques-uns; elle a des preuves appropriées à chaque espèce de vérités.

Son erreur

marque de la

Il est surtout important de faire observer touchant la l'erreur de cette nouvelle philosophie qui prétend appliquer sa règle unique de certiQuelle est cet- tude à la religion, et qui s'appuyant sur une te marque? prétendue révélation de toutes les vérités

vraiereligion.

essentielles faite dès l'origine du monde, et conservée chez tous les peuples malgré leur corruption, veut nous donner le consentement général pour la marque sensible de la vraie religion. Mais les monumens historiques sont contraires à une révélation primitive aussi complète; elle est regardée comme une erreur manifeste; et d'ailleurs elle ne se serait point conservée au milieu des ténèbres de l'idolâtrie, ainsi que nous l'avons déjà prouvé. Le caractère de la vraie religion n'est donc pas sa généralité mais la raison seule nous dit, que le caractère sûr et facile auquel on peut la reconnaître, est son antiquité. Car la vérité qui a pris naissance dans le sein de Celui qui est avant tous les temps, est nécessairement antérieure à l'erreur qui vient de la faiblesse ou de la malice de l'homme, et qui n'est qu'une privation ou

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úne altération de la vérité. Il était sans doute de la Sagesse divine de se conserver en tout temps de vrais adorateurs sur la terre. Les vérités qu'elle leur a fait connaître durent se transmettre de siècle en siècle par une succession manifeste et non interrompue de témoignages;' en sorte qu'en remontant cette chaîne il fut toujours facile d'arriver jusqu'à l'origine des traditions et de s'assurer de leur authenticité. Or, en suivant ces traditions, on parvient de degré en degré à ce qu'il y a de plus ancien, c'est-à-dire, aux premiers jours du monde où ces traditions commencèrent et jusqu'à Dieu même qui en est l'auteur.

Ce que la raison nous indique, l'Écriture sainte nous le confirme. Elle ne nous donne d'autre marque sensible de la vraie religion que son antiquité. « Interro» gez votre père, et il vous l'annoncera;

1 Succession manifeste et non interrompue qu'il ne faut pas chercher sans doute dans l'universalité des peuples, mais dans quelques hommes assistés d'en haut pour conserver et transmettre les traditions. Tels sont aujourd'hui les pasteurs de l'Église; tels furent autrefois les membres de la Synagogue et les Patriarches.

ΙΟ

Son erreur

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Il est surtout important de faire observer touchant la l'erreur de cette nouvelle philosophie qui vraiereligion, prétend appliquer sa règle unique de certiQuelle est cet- tude à la religion, et qui s'appuyant sur une te marque? prétendue révélation de toutes les vérités

nous

essentielles faite dès l'origine du monde, et
conservée chez tous les peuples malgré leur
corruption, veut nous donner le consente-
ment général pour la marque sensible de la
vraie religion. Mais les monumens historiques
sont contraires à une révélation primitive
aussi complète; elle est regardée comme
une erreur manifeste; et d'ailleurs elle ne
se serait point conservée au milieu des
ténèbres de l'idolâtrie ainsi
"
que
l'avons déjà prouvé. Le caractère de la
vraie religion n'est donc pas sa généra-
lité mais la raison seule nous dit, que
le caractère sûr et facile auquel on peut
la reconnaître, est son antiquité. Car la
vérité qui a pris naissance dans le sein
de Celui qui est avant tous les temps,
est nécessairement antérieure à l'erreur qui
vient de la faiblesse ou de la malice de
l'homme, et qui n'est qu'une privation ou

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