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pourquoi une chofe eft bonne ou mau,, vaife, à fuivre ou à fuir". C'est donc aux Sages à rendre raifon de tout, & c'eft auffi les Sages que je fais parler dans mes Remarques, car c'eft de leurs Ecrits que je tire ce qu'il y a de meilleur, & c'eft ainfi que la jeuneffe doit être inftruite.

comment le

Quand on lit des Hiftoires & des Vies, il eft naturel de vouloir favoir le temps où fe font paffées les actions dont il y eft parlé, & ce n'eft pas toûjours une curiofité infructueufe; mais c'est à quoi on trouve fouvent de grandes difficultés, tant à caufe du defordre & de l'irregularité dų Calendrier, que de ce que les mois Grecs ne répondent pas exactement aux nôtres. On ne peut pas toûjours déterminer le jour précis dont il s'agit; pourrions-nous aujourd'hui ? Plutarqué même ne le pouvoit pas de fon temps. Mais aujourd'hui, dit-il dans la Vie de Romulus, les mois des Romains repondent fi mal aux mois des Grecs, qu'il est trèsdifficile de marquer précisément le jour de la Fête Palilia, qui fut le jour natal de Rome. De là vient que les Savans ne font pas d'accord fur cette matiere. Par exemple le mois Elaphebolion, que je traduis Avril, eft felon d'autres, le mois de Mars. Munychion, Thargelion, Scirrophorion,

que

que je prends pour Mai Juin, Juillet, d'autres prétendent que c'eft Avril, Mai, Fuin. Pofeideon, que je prends pour fanvier, eft, felon d'autres, Decembre. Cela pourroit fournir des Differtations & des conteftations infinies. Il faut laiffer les Chronologiftes fe battre fur cela tant qu'ils voudront, cette matiere eft de leur reffort. Mais heureufement ce n'eft pas ce qu'il y a d'important dans ces Vies, où nous devons chercher à apprendre d'autres chofes que les dates exactes, & que les bornes des mois pour les faire quadrer avec les nôtres. Peut-être ne feroit-il pas impoffible de concilier les differens fentimens, parce que les mois des Grecs enjamboient ordinairement fur deux des nô tres, & que Manychion, par exemple, commençoit en Avril, Hecatombaon en Juillet, &c. Dans l'embarras où jettent ces opinions fi differentes, j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de fuivre Plutarque même, qui en quelques endroits ajoûte le nom du mois Latin au mois Grec. Nous voyons que dans la Vie de Sylla en parlant de la prife d'Athenes, il affure qu'elle arriva le premier de Mars, qui répon doit, dit-il, à la nouvelle Lune du mois Anthefterion. Ce qui s'accorde parfaite ment avec ce qu'Appien a écrit de la mort

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de

de Cefar. Il fut tué, dit-il, le jour des ides de Mars, qui repondent au milieu du mois Anthefterion. Ce mois Anthesterion eft donc le mois de Mars felon Plutarque & felon Appien, & nullement le mois de Novembre, comme quelques Savans l'ont prétendu. De même le mois Pofeideon, que la plupart prennent pour Decembre, Plutarque dans la Vie de Cefar le fait répondre au mois de Janvier, comme dans la Vie de Publicola, il fait répondre le mois Metageitnion, au mois de Septembre. Plutarque & Appien doivent être plûtôt crus que tous les raifonnemens des plus habiles Chronologiftes, car Plutar que & Appien ne peuvent pas s'être trompés fur leurs mois. Contentons-nous donc de favoir à peu près quels mois des Grecs répondent aux mois des Romains n'efperons pas de pouvoir toûjours déterminer précisément les jours des uns, pour les faire répondre aux jours des autres.

&

A l'égard des mefures & des distances des lieux, on ne fauroit fe tromper dans Plutarque, parce qu'il compte toûjours par ftades, & que la mesure du ftade étant connue pour un efpace de cent vingt-cinq pas Geometriques, il eft aifé de reduire tous les ftades, dont il parle, à notre ma niere de compter par lieuës, de quelque

me

mefure qu'on les faffe, de quinze cens de deux mille, de trois mille, ou de quatre mille pas. Voilà pourquoi j'ai confervé toûjours le mot de ftade, & je me fuis contenté de marquer à la marge le nombre des pas, ou des lieuës, & je fais la lieuë commune de vingt-cinq ftades.

Il n'y a pas non plus de difficulté fur le prix des anciennes monnoyes Grecques & Romaines, fur lesquelles on a tant disputé inutilement. Plutarqué les évaluë les unes aux autres, & j'ai cru que je devois les évaluer à la nôtre, non felon le prix courant, qui change tous les jours, ou du moins qui n'eft pas long-temps fixe, mais felon le prix le plus ordinaire de l'argent, & ce qu'il doit valoir. Car il m'a paru qu'un Lecteur eft naturellement curieux de favoir ce que valoient, par exem ple, les fommes immenfes d'or & d'argent qu'apportoient à Rome tous fes Triomphes. J'en ai fait l'eftimation; pour cet effet je n'ai fuivi aucun des Modernes, car ils ne font pas d'accord, les uns eftimant le talent cinq cens écus, les autres fix cens, & les autres huit cens. J'ai voulu m'éclaircir moi-même & cela n'étoit pas bien mal-aifé, il n'a fallu que pefer quelques drachmes, car tout dépend de là,

j'ai trouvé que la drachme pefe un gros, & le gros d'argent je l'ai mis à dix fols, qui eft fon prix le plus ordinaire. Nous favons que le talent Attique (le talent étoit un poids, & non pas une monnoye) valoit foixante mines, & pefoit fix mille gros, & la mine cent drachmes, cent gros. Ainfi la mine valoit cinquante livres de notre monnoye, & le talent mille écus.' Le denier Romain étoit du même poids & du même prix que la drachme, & la livre Romaine qu'on appelloit pondo, & qui n'étoit que de douze onces, étoit du même prix que la mine, & valoit cinquante francs. Le fefterce étoit la quatriéme partie du denier, c'eft-à-dire, qu'il valoit deux fols & demi; de forte qu'il falloit quatre fefterces pour faire une drach

me, ou un denier, comme il falloit fix obo-
les, car l'obole valoit vingt de nos deniers.
Toutes les évaluations, que Plutarque a fai-
tes', font felon ce tarif. Ceux qui voudront
réduire toutes les fommes dont Plutarque
parle, à la monnoye courante, pourront
le faire aifément fur ce pied-là, en comp-
tant par gros, & en diminuant, ou aug-
mentant le gros,
c'eft-à-dire, le denier,
ou la drachme, à proportion que l'argent
hauffera ou baiffera.

J'ai eu entre les mains un Plutarque
Tome I.

Grec

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