Page images
PDF
EPUB

1o Un certain nombre d'écoles pour lesquelles on a comparé le chiffre théorique des élèves jour par jour (le chiffre des inscrits) et le chiffre pratique (chiffre des présents). Ceci pour tâter le pouls à la santé générale de la population et à la santé particulière des enfants.

2o Pour les mêmes écoles, la statistique de la conduite et des punitions: à l'effet de connaître les variations de l'humeur.

3° Statistique des coups et blessures et des rixes pendant six ans à New-York: chiffre des arrestations. Ceci donne une mesure de l'irritabilité générale.

4° Pour 12 ans, à Denver, la statistique des homicides. Même but.

5o Pour 6 ans, le registre de la discipline au pénitencier de New-York. Comme ci-dessus.

6° Chiffre des arrestations (jour par jour, naturellement, comme dans les cas qui précèdent et qui suivent) pour cause de folie pendant 6 ans à New-York.

7° Statistique, pour 2 ans, des consultations données au Roosevelt Hospital de New-York: pour suivre les oscillations de la santé.

8° Chiffre, pour 4 ans, des cas d'absence par maladie parmi les policemen de New-York (idem).

9° Chiffres de la mortalité de New-York pour 2 ans. 10° Chiffres des suicides à New-York pour 5 ans et à Denver pour 3 ans.

11° Arrestations pour cause d'ivrognerie (3 ans, NewYork).

12° Chiffre des erreurs faites dans quelques banques (2 ans, New-York).

13° Observations de psychologie expérimentale sur des étudiants par temps divers.

Les groupes de population sur lesquels M. Dexter a réuni des renseignements sont nombreux, on le voit, et ces renseignements sont d'ordres divers, permettant de se rendre compte des oscillations de la santé, ou de la vitalité, et du caractère.

Pour en tirer quelque chose, naturellement, il a fallu d'abord recueillir, pour tous les jours au sujet desquels on possédait les statistiques ci-dessus énumérées, les données météorologiques du lieu.

Ceci a été facile: le Weather Bureau a des archives très complètes pour toutes les localités où se trouve un bureau météorologique.

Puis on a rapproché les faits des données météorologiques. L'exposé de la méthode serait un peu trop compliqué et technique; je me contenterai donc de prendre les résultats sans m'attarder à la description du procédé par lequel ils sont obtenus.

Initialement, M. Dexter ne songeait qu'à se procurer des renseignements sur la réaction de l'enfant aux conditions météorologiques; ce n'est que secondairement qu'il a voulu étendre le cadre de son enquête en étudiant la réaction d'autres groupes de la population générale. Aussi commence-t-il l'exposé de ses résultats par celui des faits relatifs aux enfants et s'y attarde-t-il davantage. Quelques observations préliminaires s'imposent. Tout d'abord, il faut bien se dire que les conditions météorologiques ne sont pas les causes immédiates des phénomènes qui les accompagnent dans la physiologie ou la psychologie de l'enfant. Il faut voir dans ces conditions des influences capables d'agir sur l'état général, simplement. L'action est médiate, non immédiate. La pression du baromètre ou le degré hygrométrique ne

font qu'engendrer un état favorable à telle ou telle tendance du caractère. Et la tendance ne se manifeste que si la résistance naturelle est faible.

En second lieu, il serait imprudent de croire qu'on juge l'enfant seul par les notes que lui donne son maître. Très probablement, on juge le maître autant que l'enfant le premier peut autant que le dernier devenir irritable sous l'influence de la température. Peu nous importe, d'ailleurs, mais c'est une possibilité dont on ne peut faire abstraction. Enfin, il est certain qu'il y a des sujets plus sensitifs que d'autres: il ne faut pas croire que sous l'influence d'une condition quelconque, toute une classe va s'orienter de la même manière. Tels élèves resteront normaux ; quelques-uns seuls manifesteront des tendances particulières. Voilà qui est entendu.

Passons maintenant aux phénomènes.

Un premier fait qui est bien établi, c'est que la conduite générale est certainement meilleure par temps froid que par temps chaud. Les conditions par lesquelles la conduite et le travail sont les meilleurs sont celles que présentent les journées froides, calmes et claires. La conduite et le travail sont à l'étiage le plus bas les jours humides et lourds d'abord, puis les jours chauds et les venteux. Fait inattendu: les garçons se montrent plus influençables que les filles; ils varient plus que celles-ci suivant la température. Voilà pour le côté psychologique; il faut voir ensuite le côté physiologique. Les données relatives à cette face de la question sont fournies par les chiffres relatifs à l'assiduité. Car l'assiduité est un indice de santé. Un enfant qui manque souvent l'école est un enfant de santé pauvre, et les moments où il y a le plus d'absences sont ceux où il y a le plus d'indispositions. Or, quels sont les caractères des

jours où les absences sont le plus fréquentes, où il y a le plus d'indispositions? Il est facile de le voir par les statistiques de M. Dexter les enfants sont indisposés surtout les jours à température extrême, à vent modéré, et clairs. Nous aurons à revenir là-dessus plus loin; contentons-nous de noter que l'enfant se comporte le mieux durant les périodes qui sont, généralement, celles où il est le plus souvent indisposé.

Voyons la criminalité. On a beaucoup discuté ses rapports avec la température: les statistiques font voir, en tout pays, des variations saisonnières de la malfaisance. La statistique de M. Dexter porte sur quelque 40000 cas de coups et blessures. Elle fait voir une influence météorologique très marquée. De janvier à juillet, accroissement continu; de juillet à janvier, diminution. Minimum à la saison froide, maximum à la chaude.

La température, évidemment, a une influence considérable sur notre combativité et notre émotivité. Ici, la femme est plus influencée que l'homme. Elle est moins combative que lui en hiver; elle l'est plus que lui en été. Toutefois, ni l'homme ni la femme ne deviennent indéfiniment plus agressifs selon la température; passé un certain point, ils redeviennent tranquilles : il fait trop chaud pour se battre; la température élevée diminue la vitalité, et avec elle la tendance aux rixes. Le baromètre a son influence aussi : on est plus criminel à basse pression qu'à pression haute. L'hygromètre de même: la population est plus calme les jours humides et brumeux. Mais ces jours-là, aussi, elle a moins de vitalité; elle est trop déprimée, semble-t-il, pour échanger des coups. Elle est plus belliqueuse les jours clairs que les jours couverts.

Si nous considérons maintenant la conduite des gens

internés au pénitencier, nous remarquons qu'elle est plus mauvaise en janvier, février, mars et août. Au début de l'année, les prisonniers peuvent moins prendre d'exercice physique: ils deviennent quelque peu explosifs; en été, c'est la chaleur qui agit. De façon générale, ils se conduisent moins bien les jours clairs et secs.

Quant aux aliénés, il ne semble pas qu'ils soient aussi sensibles aux variations du temps que les simples normaux. Ceci étonne d'abord. Mais il faut considérer que les aliénés ne sont pas du même type. S'il en est d'excitables, pouvant être considérés comme de bons sensitifs, il en est de phlegmatiques que rien ne peut ébranler. Si les asiles contenaient des populations triées, on constaterait chez ceux-ci une action très vive de la température, nulle chez ceux-là; tels qu'ils sont composés, c'est-à-dire mixtes, ils doivent donner un résultat peu appréciable. Pourtant, de façon générale, la conduite des aliénés est à son optimum par temps clair, froid ou calme. Le temps d'orage, l'humidité, puis le temps nuageux et la chaleur amènent des troubles. Le mauvais temps, celui qui empêche les sorties et les promenades, c'est-à-dire l'exercice, rend les aliénés explosifs tout comme les prisonniers. Ils sont irritables, nerveux.

M. Dexter s'arrête longuement, avec raison, à la population générale au point de vue de la santé. Car, si tous les médecins croient bien à une influence générale de la température sur la santé de ceux qui, pourtant, ne sont pas malades, aucun d'eux ne peut rien dire de très précis sur la matière. Aucun même ne s'est occupé de façon un peu suivie de l'influence du temps sur les malades.

Une des manières de M. Dexter de tâter le pouls à la santé publique est d'étudier la statistique de la con

« PreviousContinue »