fervi, & à qui elle devoit le plus ; puifque c'étoit lui qui la maintenoit dans la France, où elle régnoit en toutes chofes. Elle ajoûtoit enfuite, que pour empêcher que quelque andacieux ne vínt troubler, en s'élevant contre un fi grand Prince, la gloire dont elle jouifoit avec lui; elle vouloit que dès aujourd'hui même, fans perdre de tems, on représentat Jur la Scène la Chute de l'ambitieux Phaethon. Auffi-tôt tous les Poëtes tous les Muficiens par fon ordre, fe retiroient s'alloient habiller. Voilà le fujet de mon Prologue, auquel je travaillai trois ou quatre jours avec un affez grand dégoût, tandis que Monfieur Racine de fon côté, avec non moins de dégoût, continuoit à difpofer le plan de Jon Opera, fur lequel je lui prodiguois mes confeils. Nous étions occupez à ce miferable travail, dont je ne fai fi nous nous ferions bien tirez, lorfque tout à coup un beureux incident nous tira d'affaire. L'incident fut que Monfieur Quinaut s'étant présenté au Roi les larmes aux yeux, & lui aiant remontré l'affront qu'il alloit recevoir s'il ne travailloit plus au divertissement de Sa Majefte: le Roi touché de compaffion, déclara franchement aux Dames dont j'ai parlé, qu'il ne pouvoit fe refoudre à lui donner ce déplaifir. Sic nos fervavit Apollo. Nous retournames donc, Monfieur Racine & moi, à notre premier emploi, & il ne fut plus mention de notre Opera, dont il ne refa que quelques Vers de Monfieur Racine, qu'on n'a point trouvez dans fes papiers après fa mort, que vraisemblablement il avoit fupprimez par délicatesse de confcience, à caufe qu'il y étoit parlé d'amour. Pour moi, comme il n'étoit point question d'amourette dans la Scène que j'avois compofée; non feulement je n'ai pas jugé à propos de la fupprimer; mais je la donne ici au Public; perfuadé qu'elle fera plaifir aux Lecteurs, qui ne feront peut-être pas fâchez de voir de quelle maniere je m'y étois pris, pour adoucir l'amertume & la force de ma Poëfie Satirique, pour me jetter dans le ftile doucereux. C'eft de quoi ils pourront juger par le fragment que je leur prefente ici; & que je leur prefente avec d'autant plus de confiance, qu'étant fort court, s'il ne les divertit, il ne leur laiffera pas du moins le tems de s'ennuier. PRO. PROLOGUE. LA POËSIE, LA MUSIQUE. LA POES I E. Uoi! par de vains accords & des fons impuiffans Q LA MUSIQ U E. Aux doux transports, qu'Apollon vous inspire, Oui, vous pouvez aux bords d'une Fontaine Ne me fauroient prêter qu'une cadence vaine. LA MUSIQUE. Je fai l'art d'embellir vos plus rares merveilles. LA POESIE. Pour entendre mes fons, les Rochers & les Bois LA POESIE. Ah! c'en eft trop, ma Sœur, il faut nous feparer. Nous allons voir fans moi ce que vous faurez faire. LA MUSIQUE. Je faurai divertir & plaire; Et mes chants moins forcez, n'en feront que plus doux. Tom.I. Iii LA LA POESIE. Hé bien, ma Sœur, feparons-nous. LA POESIE. Separons-nous. CHOEUR DE POETES ET DE MUSICIENS. LA POESIE. Mais quelle puiffance inconnuë, Quelle Divinité fort du fein de la nuë? Quels chants melodieux Font retentir ici leur douceur infinie? Ah! c'est la divine Harmonie, Qui defcend des Cieux! LA POESI E. Qu'elle étale à nos yeux LA MUSIQUE. Quel bonheur imprevû la fait ici revoir! LA POESIE ET LA MUSIQUE. Il faut nous accorder pour la bien recevoir. Il faut nous accorder pour la bien recevoir. POE POËSIES LATINES. nukunukunukunukunukunukunukunukunukunu kununu pukunukunununa EPIGRAMMA, In novum Caufidicum, ruftici Lictoris Filium. UM Puer ifte fero natus Lictore perorat, DU Et clamat medio, ftante Parente, foro. Quæris, cur fileat circumfufa undique Turba? ALTERUM, In Marullum, Verfibus Phaleucis antea male laudatum. OSTRI quid placeant minùs Phaleuci, REMARQUES. EPIGR. LAT. I. Cette Epigramme, & celle qui fuit, furent faites peu de tems après que l'Auteur eut été reçu Avocat, en 1656. Celui qu'il attaque dans celle-ci, étoit un jeune Avocat, fils d'un Huiffier, nommé ***. Cet Avocat eft mort Confeiller de la Cour des Aides. Son Pere étoit fort riche, & le Fils paffoit pour grand ménager. Extrait d'une Lettre de l'Auteur, du 9. d'Avril, 1702. EPIGR. II. Extrait de la même Lettre. Cette Epigramme regarde Monfieur de ***. Il étoit alors dans la folie de faire des Vers Latins, & fur tout des Vers Phaleuces: & comme fa dignité en ce ,,tems-là le rendoit confiderable, je ne pus ,,refifter à la prière de mon Frere, aujourd'hui Chanoine de la Sainte Chapelle, qui étoit fouvent vifité de lui, & qui m'engagea à faire des Vers Phaleuces à la louange de ce Fou qualifié, car il étoit déja fou." J'en fis donc, & il les lui montra. Mais comme c'étoit la première fois que je m'étois exercé dans ce genre de Vcrs, ils ne furent pas trouvez fort bons, & ils ne l'étoient point en effet. Si bien que dans le dépit où j'étois d'avoir fi mal réuffi, je compofai cette Epigramme &c. Le célèbre La Fontaine la montra à Mr. Racine, qui ne connoiffoit pas encore Mr. Defpréaux. Elle fut caufe de leur connoiffance. Mr. Racine le pria de lui donner les avis fur la Tragédie des Freres Ennemis, à laquelle il travailloit alors. a SATIR A. UiD numeris iterum me balbutire Latinis, REMARQUES. C'est le commencement d'une Satire que l'Auteur, étant fort jeune, avoit eu deffein de compofer contre les Poëtes François qui s'appliquent à faire des Vers Latins. On voit qu'il a affecté d'y emploier des expreffions finguliéres, tirées d'Horace, de Perfe, & de Juvénal. Il avoit auffi compofé un Dialo gue en François, à la manière de Lucain, pour faire voir que l'on ne peut ni bien parler, ni bien écrire une Langue morte; mais il n'a jamais écrit ce Dialogue, & il fe contentoit de le réciter de mémoire. Voïez ce que j'en ai raporté à la fin du fecond Volume. CHAPE |