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POUR

LA TROISIÈME ÉDITION.

La réimpression de ce Recueil, d'année en année,

pour ainsi dire, dépose assez en faveur de son utilité pour l'éducation publique et particulière, et même pour les gens du monde auxquels il offre une lecture aussi agréable que

solide.

Plus il est doux pour nous de voir notre zèle récompensé par un pareil succès, plus nous croyons devoir nous attacher à rendre cet ouvrage classique digne de plus en plus et de l'objet que nous nous sommes proposé et de la bienveillance du public.

Pour assurer à cette troisième édition ce double avantage, nous avons eu très peu de changements et d'additions à faire au volume de Prose, dont toutes les parties, déjà pleines et nourries, avaient entre elles une proportion convenable, et formaient un ensemble où brillaient de toutes parts la beauté, la force et la richesse de notre langue. Le deuxième volume, consacré à la Poésie,

n'avait

pas à nos yeux le même degré de perfection. Malgré les ressources que nous avait présen-sentées le génie de nos grands maîtres, malgré le

talent de ceux de leurs successeurs qui ont le plus approché d'eux, cette partie nous avait toujours paru inférieure à l'autre. La moitié du volume était à la vérité riche, brillante et diversifiée dans les Narrations, Tableaux, Descriptions, Discours et Morceaux Oratoires; mais l'autre moitié, et particulièrement les Caractères et Portraits, était loin de soutenir la comparaison.

Heureusement un des écrivains à qui notre littérature doit une des plus considérables et des plus belles parties de ses richesses poétiques, le Virgile français, y versa tout à coup, avec une nouvelle profusion, les trésors de sa veine inépuisable. Le Paradis perdu, le poëme de l'Imagination, l'Énéide, étaient pour nous une mine précieuse, que nous ne pouvions exploiter assez tôt à notre gré, et au profit de notre Recueil.

Un seul scrupule dut nous arrêter, et gêner notre délicatesse. Les vers de M. Delille seul formaient à peu près la sixième partie de ce deuxième volume, et peut être nous étions-nous déjà laissé trop emporter à notre juste enthousiasme. L'abus de ces précieuses ressources pouvait nous rendre répréhensibles à ses yeux ou à ceux de ses éditeurs. Nous avions besoin de son aveu et du leur.

Avec quelle bonté il accueillit nos excuses et notre vœu! De nouveau il applaudit à l'idée et à l'exécution de ce Recueil (1); il se rappela avec

(1) Il nous engagea encore, comme il l'avait fait pré

un vif intérêt le plaisir que lui-même avait jadis à des morceaux choisis de la littérature

exercer, sur

ancienne et moderne, l'ardeur d'une jeunesse avide d'instruction, et permit tout sur ses ouvrages à notre zèle pour l'enseignement et pour les progrès des élèves.

Les éditeurs des poëmes de M. Delille nous félicitèrent de sa bienveillance, et nous prouvèrent leur intérêt, en nous donnant, pour cette troisième édition des Leçons de Littérature et de Morale, des morceaux d'une nouvelle production de ce grand poëte qui n'a pas encore vu le jour (1).

Plusieurs hommes de lettres distingués, les amis, quelquefois même les rivaux d'un poëte, nous ont indiqué dans ses écrits des pages qui nous avaient échappé, et qui méritaient une place dans notre collection.

Grace à cette nouvelle moisson, nous avons enfin eu la satisfaction de remplir les vides qui déparaient ce deuxième volume, dont les diverses parties, mieux proportionnées entre elles, composent un tout plus assorti à celui du premier. Maintenant l'un est en harmonie avec l'autre, et la Prose ne paraît plus avoir sur la Poésie une supériorité si marquée.

cédemment, à former une collection latine du même genre, et parut se réjouir d'apprendre que l'impression en suivrait immédiatement celle de cette troisième édition. (1) Les trois Règnes de la Nature.

Ainsi les Leçons de Littérature et de Morale se trouvent aujourd'hui fixées au degré de perfection où il était possible de les porter. Désormais le fonds en reste le même, et ne peut plus guère varier que fortuitement, c'est-à-dire, dans le cas où de nouveaux ouvrages nous présenteraient des morceaux supérieurs à quelques uns de ceux que nous avons adoptés. C'est le seul accroissement d'intérêt que puisse encore recevoir ce Recueil, et c'est un attrait de plus, que sa nature même l'en rende susceptible, d'édition en édition. Nous nous flattons que le public voudra bien accorder à celleci la même bienveillance, et toute la faveur que nous nous sommes efforcés de mériter.

Cet espoir semble d'autant mieux fondé, que cet ouvrage classique reparaît, pour ainsi dire, sous des auspices nouveaux, et dans l'heureuse circonstance où le Gouvernement va donner à l'Instruction publique un éclat que jamais elle n'eut chez aucun peuple; lorsqu'il établit l'édifice de l'Université impériale sur la triple base de la Religion, des Lettres et des Sciences, et que dans sa sagesse il prend les mesures les plus propres à l'élever au point de grandeur et de gloire qu'exige la majesté de l'Empire et de son auguste chef.

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