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de donner aux étrangers une idée générale de la

littérature française.

Ces ouvrages sont, comme nous venons de le dire, intéressants, composés avec goût. Cependant

ils ont des défauts, même essentiels, du moins sous les rapports d'instruction que nous avons spécialement considérés dans la composition de ce recueil; et à cet égard, s'il nous est permis de le dire avec franchise, ils nous paraissent loin du degré de mérite et d'intérêt auquel nous avons eu le désir et l'espérance de le porter.

Le premier paraîtrait avoir, en certaines parties, quelque conformité avec le nôtre; mais les sermonaires seuls remplissent les deux tiers, la moitié au moins des trois volumes. De plus, il est trop peu varié dans le nombre, soit des auteurs, soit des morceaux, et quelquefois même très inégal dans le choix des uns et des autres.

Trop souvent, en général, le second abuse de la fécondité de sa matière, et, en l'épuisant, aux morceaux bien choisis en mêle nécessairement beaucoup qui n'ont pas le même mérite. Quelquefois aussi ses extraits sont des discours, des poëmes entiers, l'Art poétique, le Lutrin, Vert-vert, etc.

En évitant ces différents défauts, nous avons aussi profité de l'avantage inestimable d'une position à laquelle rien n'était à comparer pour la perfection de notre travail. Ce recueil, en général, embrasse l'ensemble des deux plus beaux siècles de notre littérature, et il en est, pour ainsi dire, l'abrégé. C'est une espèce de Muséum ou d'Élysée français, où nos meilleurs orateurs, historiens, philosophes et poëtes semblent se réciter entre eux, ou lire à la jeunesse les endroits de leurs écrits qu'ils ont travaillés avec le plus d'intérêt, qui leur plaisent à eux-mêmes davantage pour la pensée, le style, le goût et la morale.

Nous avons multiplié, autant qu'il a été en nous, les rapprochements, les sujets de comparaison, les oppositions, les contrastes dans les choses, dans les personnes, etc., en mettant les écrivains qui traitent d'objets semblables, analogues, ou contraires, en opposition les uns avec les autres, et quelquefois le même auteur avec luimême, pour comparer le génie, le talent, et faire sentir les ressources inépuisables de l'expression et de la pensée. Ces rapprochements, ces contrastes, si magiques, si pittoresques dans la nature et dans

les arts, ont dans les lettres le même charme, la même puissance, et sont dans l'enseignement, par leur agrément, leur utilité, un des moyens d'instruction les plus féconds et les plus heureux.

Pour répandre sur cet ouvrage le charme et le prix d'une plus riche variété, nous avons réuni aux auteurs fameux qui ne sont plus, les auteurs vivants dont les talents sont depuis long-temps consacrés par la gloire, et même ceux dont le nom, jeune encore, est déjà inauguré par elle à la célébrité.

En cela, nous n'avons fait aussi que nous conformer aux principes et aux idées des maîtres de l'art, Le Batteux (1), Rollin, etc. Ce dernier recommande de lire aux jeunes gens les meilleurs ouvrages français, de faire un recueil des plus beaux endroits où l'utilité et l'agrément se trouvent ensemble, qui leur plairont infiniment par l'élégance du style et la variété des matières, et leur feront connaître les savants de notre langue qui ont travaillé à la porter à ce point de perfec

(1) Mon ouvrage, dit-il, sera réellement celui des bons auteurs morts ou vivants, plaốt que le mien. Cours de Belles-lettres, distribué par exercices. tome I.

tion où nous la voyons, et qui ont fait tant d'honneur à la France par leur profonde érudition et par leurs curieuses découvertes en tout genre de sciences. Il me semble que l'Université de Paris, la plus ancienne et comme la mère et la source de toutes les autres Académies, doit s'intéresser d'une manière particulière à leur gloire, qui rejaillit sur elle, et met le comble à la sienne. 'Tr. des Études, t. I, Langue française. Et de toutes

parts, il cite pour modèles, en différents genres,

des morceaux extraits indistinctement d'auteurs morts ou vivants.

Chaque morceau de ce recueil, en offrant un exercice de lecture soignée, de mémoire, de déclamation, d'analyse, de développement oratoire, est en même temps une leçon de vertu, d'humanité ou de justice, de religion, de philosophie, de désintéressement ou d'amour du bien public, etc. Tout, dans ce recueil, est le fruit du génie, du talent, de la vertu; tout y respire et le goût le plus exquis, et la morale la plus pure. Pas une pensée, pas un mot qui ne convienne à la délicatesse de la pudeur et à la dignité des mœurs. Cette lecture, pleine de charme et d'intérêt, perfection

nera, achèvera l'éducation des jeunes personnes leur donnera l'indication des ouvrages d'un grand nombre de nos meilleurs auteurs, et, pour la plupart d'entre elles, une teinture suffisante de notre littérature.

En un mot, tous les moyens de donner, soit au fond, soit à la forme et à l'exécution de l'ouvrage, tout l'agrément, toute l'utilité qu'il comporte, nous les avons recherchés, employés avec un zèle et un soin qu'inspirent seuls l'ardent désir du bien de la jeunesse, et l'espoir de seconder efficacement les instituteurs et les institutrices, les pères et mères de famille qui ont le loisir ou le besoin de s'occuper eux-mêmes dans leurs foyers de l'éducation de leurs enfants.

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