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étendre ses glaces sur ces âpres contrées, qu'il répand à grands flots la neige; que les eaux cessent de couler, se glacent et se durcissent; que les fleuves sont changés en masse solide, capable de soutenir les plus lourds fardeaux, et que la mer ne présente plus qu'une plaine rigide de glace dure et compacte, ces hommes féroces sortent de leurs tanières. Tout va leur servir de chemin ; ils trouveront même, sur la mer et sur les fleuves, des routes plus sûres, plus courtes et moins embarrassées que celles qui traversent leurs forêts. La massue d'une main et la hache de l'autre, ils partent pour aller au loin surprendre les animaux dont ils se nourrissent, et enlever des bourgades entières pour servir à leurs repas inhumains. Ils vont donner la mort, et peut-être la recevoir. Pressés par la faim, agités par la férocité, pleins de courage, do cruauté et de force, s'animant par le souvenir de leurs victoires passées, cherchant à s'étourdir sur le danger qui les menace, ils profèrent à haute voix l'expression de leurs sensations profondes et horribles; ils crient, ils élèvent leurs voix avec effort, et tâchent d'en remplir tous les lieux qu'ils parcourent: un enthousiasme atroce s'empare de leur ame; une espèce de chant sauvage, une chanson barbare sort de leur bouche avec leurs paroles de mort et de carnage.

LACEPEDE. Poétique de la Musique.

Le spectacle d'une belle nuit dans les déserts du Nouveau-Monde.

Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres; à l'horizon opposé, une brise embaumée qu'elle amenait de l'orient avec elle, semblait la précéder, comme sa fraîche haleine, dans les

forêts. La reine des muits monta peu sau poul dans le ciel : tantôt elle suivait paisiblement sa course azurée; tahton elle reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime des hantes montagnes couronnées de neige. Ces nues, ployant et déployant leurs voiles, se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d'écume, ou formaient dans les cieux des bancs d'une ouate éblouissante, si doux à l'œil, qu'on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticités 299 206Ɑ

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¿La scène, sur la terre, n'était pas moins ravissante; let jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumière jusque dans l'épaisseur des plus profondes ténèbres. La riv vière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellail tichs de la nuit, qu'elle répétait dans son sein. Dans une vaste prairie, de l'autre côté de cette rivière, la clarté des la lune dormait sans mouvement sur les gazons. Des bou-{ leaux sagités par les brises, et dispersés çà et là dans la savane, formaient des îles d'ombres flottantes, sur une mer/immobile de lumière. Auprès, tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d'un vent subit, les gémissements rares et inter rompus de la hulotte; mais au loin, par intervalles',"on entendait les roulements solennels de la cataracte de Nia gara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert, et expiraient à travers les forêts solitaires.nous zol; gemico rust sh stiligst, aÍNIMIVVOL

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La grandeur, l'étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s'exprimer dans des langues humaines; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée En vain, dans nos champs cultivés, l'imagination cherche à s'étendre; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes; mais dans ces pays déserts, l'ame se plait

a s'enfoncer dans un océan de forêts àlerrer aux bondsi des lacs immenses, planer sur le gouffre des cataractes;} pour ainsi chirep à se trouver seule de vant Dieu

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29 .9gi CubreAUBKIAND! Gëndë du Christianisme, al 49 tasisiworìb 92,29liov zwol tusyolqob.is trazoly, 2901 219g9l ne trsi£ar9qaib sa,ouslá nitse ob 29andqsıb asmoa 2De la Nature dans l'Amerique méridionale. Jisyor no up lis'i s zob 12

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Dans ces contrées de l'Amérique méridionale où łat nature, plus active, fait descendre à grands flots, Uu ommet des hautes Cordillières, des fleuves immensesgi dont les eaux, s'étendant en liberté, inondent au loim dust campagnes nouvelles, et où la maire de l'homme n'a jamais opposé aucun obstacle à leur course sur les rives limoneuses de ces fleuves rapides s'élèvent de vastes et antiques forêts. L'humidité chaudesetpvivifiante qui les abreuve devient la source intarissable d'une verdure tou jours nouvelles pour ces bois touffusa,image sans cessel renaissante d'une fécondité sans bornes, et où il semble que la nature, dans toute la vigueur de la jeunessey,¤ \sen plaît à sentasser les germes productifs. Les végétaux ne croissent pas seuls au milieu de ces vastes solitudesqqlar nature a jeté sur ces grandes productions la variété,le mouvement et la vie. En attendant que l'homme vienne régner au milieu de ces forêts, elles sont le domaine de plusieurs animaux qui, les uns, par la beauté de leurs écailles, l'éclat de leurs couleurs, la vivacité de leurs mouvements, l'agilité de leur course; les autres, par la fraîcheur de leur plumage, l'agrément de leur parure, la rapidité de leur vol; tous, par la diversité de leurs formes, font, des vastes contrées du Nouveau-Monde, un grand et magnifique tableau, une scène animée, aussi variée qu'immense. D'un côté, des ondes majestueuses roulent avec bruit; de l'autre, des flots écumants se précipitent

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avec fracas des roches élevées, et des tourbillons de vapeurs réfléchissent au loin les rayons éblouissants du soleil; 201 ausoleil, ici,

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l'émail des fleurs se mêle au brillant de la verdure, et est 291buch 29h 26061 effacé par l'éclat, plus brillant encore, du plumage varie des oiseaux: là, des couleurs plus vives, parcequ'elles sont renvoyées par des corps plus polis, forment la parure cuba Tilquor 91 2ot ob se ub de ces grands quadrupedes ovipares, de ces gros lézards l'on est tout étonné de voir décorer le sommet des Smont un do Jus lenge jul baerg ob fist arbres, et partager la demeure des habitants ailes. IV EU 39ade eurequot hoo noë musbuerg 91190 ob ToiduaÉPÈRE, Histoire naturelle des Ovipares.of

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19. ait smisaol szû xi li zailooïgger el vo rengiol 90wotab 92 liòtion & allsup que al trot erols incvov Le grand Général et son Armées, aug moment thaitno sb sydune bataille (1).

Quel moment qu'une bataille, pour un homme tel que Catinat, déjà familiarisé avec l'art de vaincre, et capable de la considérer en philosophe, en même temps qu'il la dirigeait en guerrier! Quel spectacle, que cette foule d'hommes, rassemblés de toutes parts, qui tous semblent n'avoir alors d'autre ame que celle que leur donne le général; qui, agrandis les uns par les autres, élevés au {essus' d'eux-mêmes, vont exécuter des prodiges dont peut-être chacun d'eux, abandonné à ses propres forces, n'eût jamais conçu l'idée! Ah! la multitude est dans la main du grand homme, on n'en fait rien qu'en la transformant, pour ainsi dire, qu'en faisant passer en elle uh instinct qui la domine, et qu'elle n'est pas maîtresse de repousser. Alors le péril, la mort, la crainte, les petits intérêts, les passions viles s'éloignent et disparaissent; Te as trot 6 gåvolusio atiorbyn'b cast ng gms feasts Ha Derterhom ok to see9qua ob » alle'ın (1) Rapprocher ce morceau des Narrations, s, Tableaux ou Descriptions de batailles, en prose ou en vers.

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cri de l'honneur, plus fort, plus imposant, plus retenissant que le bruit le bruit des instruments militaires, et que le fait naître dans tous les esprits un

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fracas des foudres 91767 926 ob même enthousiasme; le général le meut, le dirige, l'anime 29119 991629717 20 auginoo 25).

et ne le ressent pas, seul, il n'en a pas besoin. La pensée Palog ang a 99 2999 6997071 du salut de tous le remplit sans l'agiter; elle occupe 2011 2019 290 9089Tgives escuabour ab 160 toutes les forces de sa raison recueillie. Tout ce qui se fait de grand lui appartient, et lui-même est au-dessus de cette grandeur. Son œil, toujours attaché sur la victoire, la suit dans tous les mouvements qui semblent l'éloigner ou la rapprocher; il la fixe, l'enchaîne enfin, et voyant alors tout le sang qu'elle a coûté, il se détourne du carnages et se console en regardant la patrie.

19m2 91 497099h 107 90 90 103 Juoi jas roam

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Même sujet sous un autre point de vue "up eqmat 90 19 odeozoic 419 1979bië 23 6 S'il y a une occasion au monde où l'ame pleine d'ellemême soit en danger d'oublier son Dieu, c'est dans ces postes éclatants, où un homme, par la sagesse de șa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le Dieu des autres hommes, et, rempli de gloire en luimême, remplit tout le reste du monde d'amour, d'admiration on de frayeur. Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l'éclat des armes, l'ordre des troupes, le silence des soldats, l'ardeur de la mêlée, le commencement, le progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs, attaquent l'ame par tant d'endroits, qu'enlevée à tout ce qu'elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît ni Dieu, ni elle-même. C'est alors que les impies Salmonées osent imiter le tonnerre de Dieu, et répondre par les

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