T'a soumis son orgueil au moment que l'Espagne, Quel trouble pour l'Europe! et combien d'épouvante Nous seuls goûtons la paix que tes exploits nous donnent; Le Parnasse aujourd'hui célèbre votre fête ; Les Muses de concert vous vont faire leur cour: Je vais vous parler sans détour. Je ne suis point votre conquête ; Pour vos jeunes appas, je n'ai point pris d'amour : Je sais que quelquefois des cris applaudissans Vous mettent sans façon au rang des plus charmantes; les passans, Et moins encore les passantes. Mais que le grand bassin ne s'en offense pas; Je n'ai point pris d'amour, ce mot vous doit suffire. A quoi bon? Je suis très-content ÉNIGME SINGULIÈRE. MoN nom est grec, non pas tiré du grec par force, Par le secours d'une savante entorse; Mais grec, purement grec, et tel que Casaubon, Épris d'amour pour moi, se seraient pâmés d'aise, En soupirant pour ce beau nom. S'il m'eût manqué, réduite à me fournir en France, Qui des siècles naissans retraçait l'innocence, Que je pouvais en toute sûreté Être Mathurine ou Colette. Le mot de l'énigme est mademoiselle Lascaris, fille de feu le marquis d'Urfé. Après la prise de Constantinople par les Turcs, un seigneur Lascaris, de la maison des derniers empereurs grecs, se retira en France; il acquit quelques terres, qui sont tombées par succession dans la maison d'Urfe, sous la condition que dans la maison qui les posséderait, il y aurait toujours quelqu'un qui porterait le nom de Lascaris. Si votre A MAD... I votre absence continue, Je vous en avertis, mon amour diminue. En vous différens dons des cieux Font un tout rare et curieux : Mais quand un si beau tout est un temps sans paraître A mes yeux, à mes propres yeux, Je viens à douter qu'il puisse être. SUR MA VIEILLESSE. Il fallait n'être vieux qu'à Sparte, Disent les anciens écrits. O Dieux! combien je m'en écarte, O Sparte! Sparte, hélas! qu'êtes-vous devenue? O Sparte! Sparte, hélas! qu'êtes-vous devenue? RÉPONSE Aux vers de FONTENELLE sur sa vieillesse. Il avait alors quatre-vingt-douze ans. E ce pays si vanté Je connais très-peu la carte: Mais je crois, en vérité, Qu'un vieillard de sa trempe eût été mal à Sparte. Pour être Fontenelle, il devait être aimable; Le Prés. Hénaut lut à la reine les vers de Fontenelle, sur le respect que l'on avait à Sparte pour une téte chenue, et ses regrets sur ce que ce respect s'était bien perdu depuis. La reine lui dit : » Faites savoir à Fontenelle que j'ai vu >> ses vers, et qu'une tête comme la sienne doit trouver Sparte partout. » Le Président ne manqua pas de mander une réponse si flatteuse à Fontenelle. Il le fit même souvenir que ses premiers vers ayant été pour madame la dauphine de Bavière, ses derniers vers devraient bien être pour la reine. Il vint sur-le-champ chez le Président, et lui apporta ces quatre vers: Je ne me flatte point du tout REMARQUES SUR QUELQUES COMÉDIES D'ARISTOPHANE, SUR LE THÉATRE GREC, etc. Les Grecs sont harangueurs et rhéteurs jusques dans leurs tragédies. Vous voyez presque toujours deux personnages qui devraient se dire des choses vives et souvent interrompues, faire chacun un long discours qui a exorde, preuves et péroraison, et où l'un résume tranquillement tout ce qu'a dit l'autre. Ces mêmes tragiques ont des lieux communs sans fin, et souvent mal placés, et qui ne s'appliquent pas si bien aux personnages qu'aux Athéniens, pour lesquels je ne doute point qu'ils ne fussent faits mais il n'y avait pas beaucoup d'art à cela. : Je voudrais bien savoir comment on me justifierait les reproches violens qu'Admète, dans Alceste, fait à son père Phérès, sur ce qu'il n'a pas voulu mourir pour lui. Il fallait que les Grecs fussent encore bien barbares, du temps qu'ils trouvaient cela beau. Encore dans Alceste, il y a une description d'Hercule arrivé chez Admète, et qui aussitôt se met à faire bonne chère. Cette description est si burlesque, qu'on dirait d'un crocheteur qui est de confrairie. Je ne sais quelle idée les Grecs avaient d'Hercule, ou comment étaient faites leurs réjouissances. On ne sait ce que c'est que le Prométhée d'Eschyle. Il n'y a ni sujet ni dessein, mais des emportemens fort poétiques et fort hardis. Je crois qu'Eschyle était une manière de fou qui avait l'imagination très-vive et pas trop réglée. Le Plutus est fort bon. Il y a des choses aussi plaisantes que Molière en ait fait. Aristophane paraît en un endroit s'y plaindre de ce qu'il n'y avait point de médecins à Athènes, parce que la médecine n'y était pas estimée. Il fallait que les Athéniens ne fussent pas trop dévots; car cela se jouait devant eux, et les dieux sont traités dans cette comédie assez cavalièrement. Mercure vient se plaindre de ce qu'ils meurent tous de faim, depuis que Plutus a recouvré la vue, parce que tout le monde étant riche, on ne fait plus de sacrifices. Il pousse la chose jusqu'à demander un emploi chez Chremile, quel qu'il soit, du moins pour avoir de quoi manger. Il y a encore un en droit on Aristophane décrit fort plaisamment la friponnerie du prêtre d'Esculape, qui ayant éteint les lumières dans le temple, venait ramasser et mettre dans un grand sac tout ce qu'on avait offert au dieu; et Carion, pour imiter le prêtre, mange la bouillie d'une vieille qui était auprès de lui. Les scènes de cette autre vieille qui entretenait un jeune homme, sont merveilleuses. Les scènes de la Pauvreté ne me plaisent guère; elles font même un mauvais effet, à quoi Aristophane n'a pas pris garde; car la Pauvreté fait voir des inconvéniens très-solides à l'égalité des biens, et on ne répond point à ses raisons; cela est cause que je ne suis pas si aise que Plutus ait recouvré la vue. Je le serais tout-à-fait sans cela; tous les effets qu'on en voit sont agréables. Les Nuées eussent été bonnes contre un sophiste; mais non pas contre Socrate, qui n'était rien moins que sophiste. Le dessein de cette pièce est pourtant fort plaisant. Strepsiade est le vrai gentilhomme bourgeois, par la difficulté qu'il a d'apprendre, par ses méprises continuelles, et par la naïveté avec laquelle il rend ce qu'il a appris. Il ressemble fort aussi à George Dandin, quand il se plaint d'avoir épousé une femme de la ville, lui qui était un homme de la campagne. Les niaiseries qu'on fait faire à Socrate sur la mesure du saut de la puce, sont très-ridicules s; mais je ne crois pas que cela fût fondé. Aristophane dit beaucoup de bien de lui dans un chœur, et se plaint de ce que tous les comiques ne savaient point d'autre chanson que d'attaquer ce pauvre Hyperbolus. Je n'aime point ces deux personnages, dont l'un est le discours véritable, et l'autre le discours sophistique. Les personnages allégoriques ou métaphysiques ont fort mauvaise grâce parmi ceux qui sont vivaus, mais principalement ces deux discours-là ; ils disent pourtant de bonnes choses. Aristophane reproche à son siècle la délicatesse de se servir de bains chauds. Les Grenouilles sont faites de deux morceaux, qui ne se ressemblent point. L'un est tout de plaisanteries et de jeux de théâtre sur le Voyage de Bacchus aux enfers; les différentes réceptions qu'on lui fait, et ses continuels changemens d'habits avec Xanthias, font un effet fort agréable: ce serait encore toute autre chose dans l'action; je n'ai rien vu de meilleur pour le jeu de théâtre. L'autre morceau des Grenouilles est tout de critique. Euripide reproche à Eschyle ses grands mots forgés à plaisir, l'enflure et l'obscurité de son style, une Niobé qui était tout un acte sur le théâtre, sans parler. Eschyle reproche à Euripide qu'il est grand causeur et sophiste; qu'il a un style mou; qu'il n'a pas fait comme lui des Perses et des Sept Chefs |