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uns d'entre eux rôder autour de la maison où s'étaient commis le meurtre et le vol.

Sur cette simple dénonciation, et sans recourir à d'autres preuves, le monarque irrité chargea un officier d'aller, à la tête d'un détachement, ravager le village et d'en ramener les habitants chargés de fers. Abosaber seul, dont l'honnêteté était connue, était excepté de cette mesure rigoureuse.

Les soldats renchérirent sur les ordres sévères qu'ils avaient reçus. Ils ravagèrent toute la campagne des environs; ils n'épargnèrent que la demeure d'Abosaber; mais ils saccagèrent ses récoltes avec celles de tous les hahitants..

La femme d'Abosaber pleurait sur ce désastre.

« On nous ruine! dit-elle à son mari; vous voyez qu'on enlève nos troupeaux avec ceux des coupables, quoiqu'on ait donné des ordres pour épargner ce qui nous appartient; voyez avec quelle injustice on nous traite; parlez aux officiers du roi.

- J'ai parlé, dit Abosaber, mais on n'a pas le temps de m'entendre; prenons patience, le mal retombera sur ceux qui le font. Malheur à celui qui doune des ordres à la fois rigoureux et pressants! Malheur à celui qui agit sans réflexion! Je crains que les maux que le roi nous envoie ne retombent bientôt sur lui. » Un ennemi d'Abosaber avait entendu ces propos et alla les reporter au roi.

« C'est ainsi, lui dit-il, que parle celui que la bonté de Votre Majesté avait épargné!»

Aussitôt le monarque ordonna qu'Abosaber, sa femme et ses deux enfants fussent chassés du village et bannis de ses États.

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Le bon Abosaber lève ses regards vers le ciel et bénit le Tout-Puissant, en suivant sa route avec sa famille; mais à peine sont-ils entrés dans le désert, qu'ils sont assaillis par une bande de voleurs; on leur prend tout ce qu'ils ont sur eux, on ne leur laisse que leurs habits; on leur enlève leurs deux petits garçons, et ils restent abandonnés dans le désert, loin de toute ressource et de tout secours humain.

A ce nouveau coup du sort, la femme, qui venait de perdre ce qu'elle chérissait le plus, donna un libre cours. à ses douleurs, et, poussant des cris plaintifs :

« Homme indolent! dit-elle à son mari, renoncez à votre insouciance. Courons après ces voleurs; s'il leur reste encore quelque sentiment d'humanité, ils nous rendront nos enfants.

- Prenons patience! répondit Abosaber, c'est le seul remède aux maux qui paraissent n'en pas avoir. Ces voleurs sont bien montés; il n'y a pas apparence que nous puissions les rejoindre; et lors même que nous pourrions y réussir, il est probable que ces hommes féroces, importunés de nos lamentations, nous tueraient sans pitié. »

L'épouse se tut, parce que l'épuisement de ses forces ne lui permettait pas de se se plaindre davantage, et tous deux arrivèrent en vue d'un village.

Ils s'y traînèrent comme ils purent, et furent assez bien accueillis par les habitants, qui étaient hospitaliers, quoique fort pauvres.

Mais, dès le lendemain de leur arrivée, la femine, ne pouvant résister à l'excès de son chagrin, tomba très-dangereusement malade et mourut.

Ce malheur était trop terrible pour qu'Abosaber pût le supporter avec sa patience ordinaire. Il ne put d'abord résister à sa douleur, il s'arracha les cheveux, déchira sa poitrine, se meurtrit de coups; mais le calme succéda bientôt à tant d'agitation :

<< Prends patience, Abosaber! se dit-il à lui-même. Tu aimais tendrement ta femme et tu en étais aimé; Dieu, en te l'enlevant, a voulu peut-être la dérober à des maux plus affreux, auxquels elle aurait été exposée ; te convient-il de sonder les secrets de la Providence?

C'est à toi de te soumettre, en cessant de fatiguer et d'offenser le ciel par tes cris et tes murmures. >

Ces réflexions le calmèrent; pour ne pas abuser de la générosité de ses hôtes, il quitta le village, et prit le chemin d'une ville peu éloignée, qui était la capitale de cette contrée, séparée de son pays natal par le désert.

IV

Comme il en approchait, il aperçoit une multitude d'ouvriers occupés à construire un bâtiment pour agrandir le palais du roi. Le conducteur de cette entreprise le prend par le bras et l'oblige de travailler avec ses manœuvres, sous peine d'être mis en prison. Abosaber est forcé de prendre patience en s'aidant de son mieux, n'ayant pour tout salaire qu'un peu de pain et de l'eau.

Il était depuis un mois dans cette pénible et infructueuse position, lorsqu'un ouvrier, s'étant laissé tomber d'une échelle, se cassa la jambe; ce pauvre malheureux poussait des cris épouvantables, entrecoupés par des plaintes et des imprécations. Abosaber s'approche de lui.

«

<< Compagnon, lui dit-il, vous aigrissez vos maux loin de les soulager; prenez patience! L'effet de cette vertu est toujours salutaire; elle fait supporter l'infortune, et sa puissance est telle, qu'elle peut conduire un homme sur le trône, eût-il même été précipité dans le fond d'un puits. »

Le monarque du pays était dans ce moment-là à une des croisées de son palais, où les cris du malheureux ouvrier l'avaient attiré; il avait entendu le discours d'Abosaber, il en fut irrité.

"

« Qu'on arrête cet homme, dit-il à un de ses officiers, et qu'on l'amène devant moi. » L'officier obéit. Abosaber est en présence du tyran, dont, sans le savoir, il vient de révolter l'orgueil.

« Insolent! lui dit ce roi barbare, la patience pourrait donc, selon toi, conduire un homme du fond d'un puits sur le trône? Tu vas faire l'essai de ton impertinente maxime. »

Il ordonne en même temps qu'on descende Abosaber dans un puits sec et profond qui se trouvait dans l'intérieur du palais. Là, il le visitait régulièrement tous les jours, en lui apportant lui-même deux morceaux de pain.

« Abosaber, lui disait-il, il me paraît que vous êtes toujours au fond du puits; quand votre patience vous fera-t-elle monter sur le trône? »

Plus le monarque insensé insultait à son prisonnier, plus celui-ci se résignait.

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LA PAILLE LA PLUS LONGUE. François, brave garçon de vingt-quatre ans, serrurier-mécanicien, est un ouvrier sage et économe.

Dans la chambre qu'il occupe dans un hôtel garni de Vincennes, en compagnie d'un grand nombre de camarades, il a une malle; dans cette malle il a de bon linge, de bons habillements, et un petit sac ne contenant pas moins de cent vingt-cinq francs. Aussi, pour mettre ses petites richesses à l'abri des tentations, il ne s'en est rapporté qu'à lui-même, et il a confectionné une serrure qui ne peut être ouverte que par la clef qu'il y a adaptée.

Il croyait son trésor bien en sûreté, lorsque dernièrement, étant à son atelier, il s'aperçoit qu'il a oulié la clef de sa malle, laissée par mégarde dans une poche d'un pantalon oublié le matin sur son lit. Sa journée finie, il s'empresse de se rendre à son gite, va droit à son lit et y trouve son pantalon, mais le chef n'y était pas. Fort inquiet, il appelle aussitôt la domestique de la maison, Rosalie, et lui demande si elle a vu la clef de sa malle. Rosalie répond qu'elle a balayé la chambre et fait les lits sans avoir vu la clef, et que si elle est quelque part, elle ne peut se trouver que derrière la malle. François regarde aussitôt derrière sa malle. et y trouve sa clef. A l'instant même il ouvre sa malle, compte son trésor; il y manquait quarante francs en deux pièces d'or. Rosalie proteste de son innocence, et François, fort embarrassé, attend le retour de ses camarades pour leur faire part de l'événement.

A la nouvelle du vol, les ouvriers sont furieux; tous veulent être fouillés, et chacun proposa un moyen quelconque de découvrir le voleur.

« Un moment, dit Olivier, un des plus jeunes de la chambrée, il me vient une idée. Faites venir Rosalie et tous les gens de la maison; nous allons tous nous mettre en rond et tirer à la courte-paille; celui qui aura la plus longue sera le voleur. »

On accepte la proposition, par badinage prépare les pailles et les distribue à chacun.

Olivier

Les pailles distribuées, on procède à la vérification. Rosalie, triomphante, produit une petite paille à peine de la longueur du petit doigt. Ce n'était pas le compte d'Olivier, qui, sachant à quoi s'en tenir sur la longueur de la pailie qu'il lui avait donnée, cherche aussitôt, et

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Un prêtre pieux et dévoué faisait, il y a peu de jours, la visite de ses malades. Il arrive au coin d'une rue solitaire et obscure, dans un quartier reculé habité par des indigents. Une pauvre femme réclamait son ministère. Il ouvre une porte vermoulue, monte un mauvais escalier et entre dans une chambre moins semblable à un logement qu'à un grenier à foin. Là, un spectacle navrant s'offre à ses regards: devant lui, sur un méchant grabat, gît une pauvre malade. Point de couverture, de mauvaises nippes en tenaient lieu; un drap grossier, sale et noir, replié en deux; une vieille. armoire couverte de misérables vêtements; quelques objets de piété, images, croix et chapelets, entourant un bénitier de terre cuite, attestaient la foi et la misère dont ce pauvre réduit était le séjour. Le bon prêtre en fut ému; il venait bien à propos. Il fut salué comme l'ange de la charité que Dieu envoyait à l'indigence.

Après quelques paroles de compassion et de foi, le ministre de Dieu s'assit au chevet de la malade et remplit son ministère. C'était une mère de famille; elle avait quatre filles, dont deux, bien jeunes encore, étaient maladives; les deux autres, assez grandes, travaillaient à la couture, mais, malheureusement pour elles et pour leur mère, elles étaient mondaines et égoïstes, et, pendant que leur pauvre mère mourait de faim, elles consacraient à leur toilette les modiques produits de leurs mains. Pour fournir à la famille le pain de chaque jour, il n'y avait donc que la journée du père, hélas! trop insuffisante. La mère infortunée s'était condamnée aux plus dures privations; exténuée de souffrances physiques et morales, elle était bien près de succomber.

Son ange consolateur, sa providence, c'était le bon curé. Après avoir pourvu aux besoins de l'âme, il songea à ceux du corps. Sur-le-champ il donna des secours pour fournir aux nécessités les plus pressantes. Mais des draps! il n'en portait pas dans sa bourse.... Le bon pasteur encouragea la malade à espérer en Dieu, et il sortit pour en chercher.

Quand, le cœur plein d'émotion, il eut achevé sa tournée de visites, il revint auprès de la mère de famille, pour laquelle un drap lui avait été promis. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver le lit de la malade proprement fait! Les nippes étaient en ordre; un drap vieux, il est vrai, et rapiéceté, mais blanc et

propre, avait remplacé les lambeaux sales et noircis. L'homme de Dieu s'informe; il apprend que la voisine avait opéré ce changement. Il s'en étonne. Cette voisine, il la connaît: c'est une veuve, pauvre elle-même, avec deux enfants sur les bras. Son mari défunt ne lui a laissé que des dettes; plus d'une fois elle a reçu l'aumône de son curé. Il va la trouver; il lui demande pourquoi elle n'a pas attendu son retour.

Monsieur le curé, répond naïvement la bonne femme, je n'ai fait que mon devoir; j'ai fait pour ma voisine ce que je voudrais qu'on fit pour moi en pareille nécessité. J'avais un drap de rechange qui me sert pendant que je lave ceux de mes enfants; voyant que vous étiez longtemps à revenir et que cette femme avait bien besoin, je lui ai prêté mon drap blanc, pour blanchir et rapiécer le sien; ça ne l'empêchera pas de recevoir le yôtre. »

Ce vénérable prêtre a dit souvent dans la suite: «Ja

mais sermon sur la charité n'a retenti dans mon cœur comme ces paroles d'une femme chrétienne.» T. H.

LES ARÈNES DE NIMES.

Nîmes est la ville de France la plus riche en antiquités romaines. Nulle part les mosaïques, les tombeaux, les inscriptions votives, les pierres gravées, les anneaux, les petites statues en bronze, les médailles, ne se présentent avec autant de profusion.

L'amphithéâtre, ou les arènes, est l'un des monuments les mieux conservés de l'antiquité : il est bâti en belles pierres ayant de 2 à 3 mètres cubes et posées sans ciment. Sa forme est une ellipse dont le grand axe, pris en dehors, de l'est à l'ouest, est de 133 mètres 38 centimètres, et le petit axe de 101 mètres 40 centimètres. Sa hauteur est de 21 mètres 82 centimètres, sur deux rangs de portiques superposés, au

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nombre de soixante. Ceux du premier étage sont séparés par des pilastres sans base, et ceux du deuxième étage par des pilastres engagés, d'ordre dorique. Audessus règne l'attique, supporté par des chapiteaux : il a 8 mètres, portant en saillie deux consoles.

Ce gigantesque édifice, inachevé du côté du midi, à en juger par les chapiteaux, corniches, consoles et archivoltes, laisse voir encore au nord-est quelques sculptures entre autres la Louve allaitant deux petits enfants, rappelant la fondation de Rome.

Aux quatre points cardinaux s'ouvrent quatre portes. Si l'on ne craint pas d'être pris de vertige, on peut monter au faîte de l'édifice par un petit escalier qui prend naissance au-dessus de la porte et qui est taillé dans l'épaisseur du mur. De ce sommet on jouit d'une vue admirable.

A l'intérieur sont établis trente-cinq rangs de gradins, divisés en quatre précinctions répondant aux qua

tre classes de citoyens de la colonie: la première était réservée aux dignitaires (on voit encore, sur les dalles en gradins qui recouvrent la petite porte du nord les traces des marches sur lesquelles était placée la chaise curule du personnage consulaire); la seconde aux chevaliers; la troisième aux plébéiens, et la quatrième (la plus élevée) aux esclaves. Ces quatre précinctions, desservies par un grand nombre d'issues dites vomitoires, pouvaient recevoir environ 25 000 spectateurs.

Après avoir servi aux combats des animaux, aux combats des gladiateurs et aux sacrifices des chrétiens et des captifs, l'amphithéâtre fut transformé en château fort par les Visigoths, puis négligé et abandonné. C'est en 1809 que l'on commença à déblayer ce monument.

Aujourd'hui, l'amphithéâtre sert aux courses des bœufs sauvages de la Camargue; mais sa restauration, commencée par les architectes de Nîmes, est loin d'être complète. MAURY.

(15 centimes dans les départements et dans les gares de chemins de fer.)

LA

SEMAINE DES ENFANTS

MAGASIN D'IMAGES ET DE LECTURES AMUSANTES ET INSTRUCTIVES.

PUBLICATION DE CH. LAHURE, IMPRIMEUR A PARIS.

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On s'abonne à Paris : au Bureau du Journal, chez M. Ch. Lahure, éditeur, rue de Fleurus, 9; à la librairie de MM. L. Hachette et Cie, boulevard Saint-Germain, 77, et chez tous les Libraires de la France et de l'Étranger. Les abonnements se prennent du 1er de chaque mois. Pour Paris, six mois, 6 francs; un an, 11 fr; pour les départements, six mois, 8 fr.; un an, 15 fr. Les manuscrits déposés ne sont pas rendus.

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Fabricius, l'un des plus habiles généraux de l'an-
par son
cienne Rome, était non moins célèbre
désinté-

ressement que par sa valeur. Ayant été nommé con-

sul, il remporta de grands avantages sur les Samnites

et leurs alliés, et fit sur eux un butin si considérable,

qu'après avoir remboursé les frais de la guerre et ré-

compensé ses soldats, il lui resta une somme très-con-

sidérable qu'il fit verser au trésor public le jour de son

lui-même.

triomphe, sans en rien réserver pour

Les députés des Samnites, qui s'étaient rendus à

Rome pour traiter de la paix, vinrent remercier Fabri-

cius des bons offices qu'il leur avait rendus à cette oc-

casion; et, voyant qu'il manquait des meubles les plus

nécessaires, ils lui offrirent une somme pour se les

procurer. Fabricius leur répondit:

<< Tant que je saurai modérer mes désirs, je serai

toujours assez riche: gardez votre argent. »

Pyrrhus, roi d'Épire, ayant ensuite vaincu les Ro-

mains dans un combat, le sénat de Rome envoya Fa-

bricius vers ce prince pour traiter de l'échange ou de

la rançon des prisonniers.

Pyrrhus, instruit par la renommée des exploits et

du crédit de cet homme iliustre, s'efforça de le mettre

dans ses intérêts. Connaissant sa pauvreté et non son

désintéressement, il lui montra une haute estime, lui

offrit des présents magnifiques, et lui promit de grandes

possessions en Épire s'il voulait entrer dans ses vues;

mais il le trouva incorruptible. Le lendemain, dans le

dessein d'éprouver son intrépidité, il fit cacher der-

rière une tapisserie le plus grand de ses éléphants, car,

à cette époque, il y avait quelquefois des éléphants

dans les armées; mais Fabricius n'en avait pas vu en-

core. Au milieu de la conférence, l'énorme animal se

montre tout à coup, tenant sa trompe élevée sur la tête

du Romain, et jetant un cri effroyable. Fabricius, sans

montrer la moindre émotion, dit au roi :

« Vous me voyez aujourd'hui tel que j'étais hier;

votre éléphant ne m'effraye pas plus que votre or ne

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Pas du tout, répondit Max, si je renonçais à tra-

vailler pour me borner à manger mon argent, j'en ver-

rais tôt ou tard la fin; et alors ma condition deviendrait

pire, habitué que je serais à la paresse et au bien-être.

Non, je veux travailler tant que je vivrai, je veux passer

par tous les degrés jusqu'à ce que je parvienne au grade

de capitaine. Une fois à ce point, j'emploierai mon ar-

gent à acheter un navire, et j'irai à Björneborg cher-

cher ma mère. »

Ainsi noblement et sagement raisonnait le petit Max,

et il agit en conséquence. Il continua donc à servir

fidèlement son capitaine, travaillant avec plaisir et dili-

gence, et n'oubliant jamais de prier et de remercier

Dieu chaque matin et chaque soir. Au bout de trois

ans, il fut nommé comptable; trois ans après, pilote;

enfin, trois ans s'étant encore écoulés, il prit les galons

de capitaine. Max avait alors vingt-un ans, l'âge de la

majorité; rien ne s'opposa donc à ce qu'il retirât son

argent de la banque; il le joignit aux épargnes qu'il

avait amassées pendant la durée de son service et

acheta un grand et magnifique navire avec lequel il fit

voile vers Björneborg.

Arrivé dans le port, il y produisit une sensation

immense. Jamais on n'y avait vu un navire pareil au

sien. Tous les mâts et les bordages étaient garnis de

cuivre qui reluisait au soleil comme de l'or; à l'arrière

resplendissait un riche miroir au cadre d'or; à l'avant

se dressait un buste de femme, enrichi d'argent pur et

de pierres précieuses: c'était l'image de Diane dont le

navire portait le nom.

Toute la ville sortit en masse pour contempler la

merveille. Parmi les curieux se trouvèrent Guldenius

et son fils Moïse. Ils n'avaient pas beaucoup changé

ni l'un ni l'autre, si ce n'est que Guldenius était encore

plus dur, plus avare; Moïse plus méchant, plus sour-

nois qu'auparavant. Ils s'approchèrent dans leur bateau

du navire de Max et lui demandèrent humblement la

permission d'en visiter l'intérieur.

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