Mais comment surmonter sa douceur inhumaine, EN achevant ces mots, il attachoit sa vue » Ce prodige douteux flatta pourtant son cœur : THAMIRE VIII. ÉG LOGU E. AMARILLIS, FLORISE, SYLVIE AMARILL I S. Les bergers tous les jours font entr'eux des combats Et de chansons et de musettes ; Lorsque vous vous trouvez seules comme vous êtes, Pourquoi ne les imiter pas ? Quoi! les graces du chant sont-elles nécessaires A des bergers plutôt qu'à vous? FLORIS E. Et quel sujet chanterions-nous? AMARILLIS. Je n'en connois qu'un seul pour de jeunes bergères. SYLVIE. Nos amours? AMARILLI S.. Et quoi donc ! FLORIS E. Prenons garde en ces lieux Que quelques bergers curieux N'écoutent des récits peut-être trop sincères. SYLVI E. Ne craignez point ces dangers Dans des lieux si solitaires. FLORIS E. Je crains par-tout les bergers. AMARILL I S. Chantez sans tarder davantage : Voyons qui de vous deux sait le mieux engager Mon expérience et mon âge. Me rendent propre à vous juger. Que sans feinte avec moi votre cœur se déclare LYCAS brûle pour moi de l'amour le plus tendre, FLORIS E. Il n'est fidèle amant que mon amant n'efface; SYLVIE. Aimer est un plaisir, mais il ne peut suffire ; y faut joindre encor le plaisir de le dire: J'aime Lycas, Lycas le sait. FLORIS E. Ce plaisir est bien doux, mais je me le refuse. SYLVI E. Je suis simple et naïve, et de feindre incapable; Que l'éclat qu'on trouve à mes yeux. Je pourrois, comme vous, être simple et naïve ; SYLVI E. Si l'on cache le feu dont on se sent éprise, FLORIS E. Je consens qu'avec soin un amant m'examine; SYLV I、 E. Dans vos regards, mes yeux, l'amour ose se peindre ; Mes yeux, vous dites tout: mai je ne puis m'en plaindre, On vous répond trop tendrement. Quand mon berger paroît trop vif et trop sensible, SYLVI E. Je feignis quelque temps, moins par art que par honte ; FLORIS E., Je dissimulois moins hier qu'à l'ordinaire ; Si l'on ne fût venu troubler notre entretien SYLVIE. Pour faire à mon berger l'aveu de ma tendresse, Je m'en suis apperçue, et , grace Il n'en est que plus amoureux. à la déesse FLORSE. FLORIS E Je sais bien dans mon cœur que je suis obligée. Du péril où j'étois je me vis dégagée ; J'en eus cependant du dépit SYLVI E. Souvent nous disputons sur l'ardeur qui nous touche, FLORIS E. 97 Lorsqu'avec des regards attentifs, pleins de flamme, SYLVIE. J'imagine toujours quelques faveurs nouvelles, FLORIS E. J'évite de n'avoir qu'une même conduite: Voyez jusqu'à quel point va ma douceur extrême : Tome V |