ACTE II I. QUOI! SCENE I HECTOR, PARIS. HECTO R. UOI! vous vous obstinez à vivre en ces retraites ? Oubliez vous déjà, mon frère, qui vous êtes, Quel sang vous a donné le jour ? PARIS. Seigneur, j'ai peine encore à vous nommer mon frère, Hélas! vous ne connoissez guère Les biens de ce charmant séjour. Une éternelle paix tient ici son empire: Ici quelques troupeaux, de l'ombrage, un zéphyre, Voilà tous les biens qu'on desire ; Et ce qui passe encor tout ce qu'on peut vous dire, HECTO r. Ne rougissez-vous point de l'indigne mollesse Qu'aux yeux d'Hector vous laissez éclater? Lorsque de votre sang vous voyez la noblesse, Par quel honteux appas un sort plein de bassesse Peut-il vous enchanter? PARIS. Souffrez qu'à vos regards ma foiblessè s'expose. Aux devoirs que la gloire impose. D'aujourd'hui seulement je suis fils d'un grand Rope Je fus berger toute ma vie. Et rêvois presque sans objet; » Un beau jour, un ruisseau, les fleurs de nos prairies, » Suffisent pour causer nos douces rêveries, » J'entendis quelque voix que je crus reconnoître ; » C'étoient Lise et Cloris, qui toutes deux font naître » De nos hameaux les plus tendres amours: » J'écoutai sans vouloir paroître, » Trahison qui se fait toujours Aux belles dont on veut surprendre les discours. כל Non, disoit Cloris, j'en suis sûre, C'étoit une Déesse, et tu lui fais injure » D'être d'un avis différent. » D'une divinité les marques naturelles Eclatent dans cet air qui touche et qui surprend ; » D'un respect plus profond que moi, » Et que j'en juge mieux que toi. » Les déesses, toujours fières et méprisantes, Par d'obligeans discours, des souris gracieux : » Mais tu l'as vu; cette auguste personne 3 Qui vient de paroître en ces lieux, » Prend soin de rassurer au moment qu'elle étonne. » Avoir un air si facile et si doux? » Alors je me présente aux yeux des deux bergères Qui ne traitoient point ces mystères دو Que des témoins cachés sont ravis d'écouter: Je ne dois pas, leur dis-je, avoir beaucoup de gloire En devinant ici qui vous fait disputer; >> Pour vous dire ce que j'en croi, » Je suis, je l'avoûrai, du sentiment de Lise ; » Comment en sais-tu tant, toi qui n'es qu'un berger, » Dit Cloris ? à quel droit prétends-tu nous juger? Bergère, je consens, repris-je, à vous l'apprendre. Quoique simple berger, j'ai voulu voir la cour, » Cette cour, d'où LOUIS prend plaisir à répandre » Les biens dont est comblé ce rustique séjour. >> N'attendez pas de moi que je vous représente » Combien de ces beaux lieux la pompe est éclatante; interdit, ébloui ; Je fus, à leur aspect, » Cent prodiges divers ont troublé ma mémoire ; » Et de plus, tout doit bien s'en être évanoui : Mes yeux furent long-temps attachés sur VICTOIRE. |