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FLORIS E.

Avec art quelquefois j'adoucis mon empire: Il tomba l'autre jour un œillet de mon sein, y fut replacé de la main de Thamire

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Quoiqu'il conduisît mal sa main.

SYLVIE alloit encore reprendre après Florise,
Quand l'une et l'autre fut surprise

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» D'entendre un buisson qui trembla.

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Que des amans l'instinct fidelle

» Les conduit sûrement sur les pas d'une belle !

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כל

Lycas et Thamire étoient là.

L'agréable combat que celui des bergères,

Pour les témoins cachés qui vinrent l'écouter,

» Pour Thamire sur-tout, que par de longs mystères >> On avoit voulu tourmenter !

» Florise fut confuse, et d'une prompte course
» Hors de ces lieux précipita ses pas;
» Dernière, mais foible ressource

» Dans de semblables embarras.

» Thamire la suivit ; que pouvoit-elle faire ?
» Refuser de le voir, marquer de la colère,
Qu'il surprit un secret si long-temps renfermé:
Encor quelle colère, et quelle foible cause,

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כן

>> D'accuser un amant aimé !

» Elle le fit, et ce fut peu de chose.

» Bientôt son cœur se fut rendu. Thamire qu'auimoit sa fortune présente,

Payoit par les transports d'une flamme contente Tout ce qu'il avoit entendu.

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» Mais Amarillis, que fit-elle ?

Personne ne prit garde à ce qu'elle devint;

» Sans doute Amarillis se 'tint

» Peu nécessaire à vuider la querelle.

VOU

IS MEN E.

I X. ÉG LOGUE.

A MADEMOISELLE.

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ous qui par vos treize ans à peine encor fournis, » Par un éclat naissant de charmes infinis,

Par la simplicité compagne de votre âge,

» D'un rustique hautbois vous attirez l'hommage?
» Vous dont les yeux déjà causeroient dans nos champs.
» Mille innocens combats de vers et de chants;
>> Pour des muses sans art convenable héroïne >
» Ecoutez ce qu'ici la mienne vous destine;

Voyez comment un cœur va plus loin qu'il ne croit, » Comment il est mené par un amant adroit,

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Quels pieges tend l'amour à ce qui nous ressemble. » Ce n'est pas mon dessein que votre cœur en tremble » Ni qu'à vos jeunes ans ces pièges présentés, » Avec un triste soin soient toujours évités. » Ce n'est pas mon dessein non plus » Si charmans, que jamais vous ne les puissiez craindre ; » Ils ont quelque péril, je ne déguise rien.

de vous les peindre

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» Et que prétends-je donc ? Je ne le sais pas bien. » Dans des vers sans objet, sous des histoires feintes, » Vous parler de desirs, de tendresse, de plaintes. » Ces mots plairoient toujours, n'eussent-ils que le son, Du reste, point d'avis, moins encor de leçon; G 2

t 8 = Bibliothek

Bamberg

» Aimer ou n'aimer pas, est une grande affaire :

כל

Que sur ces deux partis votre cœur délibère ;

» On les peut l'un et l'autre et louer et blamer.

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Quand tout est dit pourtant on prend celui d'aimer. »

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SUR la fin d'un beau jour, aux bords d'une fontaine,
Corylas sans témoins entretenoit Ismène ;
Elle aimoit en, secret, et souvent Corylas

Se plaignoit de rigueurs qu'on ne lui marquoit pas.
Soyez content de moi, lui disoit la bergère ;
Tout ce qui vient de vous est en droit de me plaire.
J'entends avec transport les airs que vous chantez,
J'aime à garder les fleurs que vous me présentez ;
Si vous avez écrit mon nom sur quelque hêtre,
Aux traits de votre main j'aime à vous reconnoître ;
Pourriez-vous bien encor ne vous pas croire heureux;
Mais n'ayons point d'amour, il est trop dangereux.

Je veux bien vous promettre une amitié plus tendre
Que ne seroit l'amour que vous pourriez prétendre ;
Nous passerons les jours dans nos doux entretiens,
Vos troupeaux me seront aussi chers que les miens;
Si de vos fruits pour moi vous cueillez les prémices,
Vous aurez de ces fleurs dont je fais mes délices;
Notre amitié peut être aura l'air amoureux :
Mais n'ayons point d'amour il est trop dangereux.

Dieux! disoit le berger, quelle est ma récompense!
Vous ne me marquerez aucune préférence
Avec cette amitié dont vous flattez mes maux
Vous vous plairez encore au chant de mes rivaux,

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Je ne connois que trop votre humeur complaisantern
Vous aurez avec eux la douceur qui m'enchante
Et ces vifs agrémens, et ces souris flatteurs,
Que devroient ignorer tous les autres pasteurs.
Ah! plutôt mille fois... Non, non, répondoit-elle, T
Ismène à vos yeux seuls voudra paroître belle. race!!
Ces légers agrémens que vous m'avez trouvés,

Ces obligeans souris vous seront réservés ;

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Je n'écouterai point sans contrainte et sans peine in
Les chants de vos rivaux, fussent-ils pleins d'Ismène.
Vous serez satisfait de mes rigueurs pour eux :
Mais n'ayons point d'amour il est trop dangereux.

Et bien, reprenoit-il, ce sera mon partage
D'avoir sur mes rivaux quelque foible avantage;
Vous savez que leurs cœurs vous sont moins assurés,
Moins acquis que le mien, et vous me préférez:
Tout autre l'auroit fait; mais enfin dans l'absence
Vous n'aurez de me voir aucune impatience;
Tout vous pourra fournir un assez doux emploi
Et vous trouverez bien la fin des jours sans moi.
Vous me connoissez mal, ou vous feignez peut-être,
Dit-elle tendrement, de ne me pas connoître :
Croyez-moi, Corylas, je n'ai pas le bonheur
De regretter si peu ce qui flattoit mon cœur.
Vous partîtés d'ici quand la moisson fut faite,
Et qui ne s'apperçut que j'étois inquiète ?,
La jalouse Doris, pour me le reprocher.
Parmi trente pasteurs vint exprès me chercher.
MDSALG als M
Que j'en sentis contr'elle une vive colère !
On vous l'a raconté, n'en faites point mystère ;
Je sais combien l'absence est un temps rigoureux
Mais n'ayons point d'amour il est trop dangereux.

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Qu'auroit dit davantage une bergere amante!
Le mot d'amour manquoit, Ismène étoit contente.
A peine le berger en espéroit-il tant;

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Mais sans le mot d'amour il n'étoit point content.
Enfin, pour obtenir ce mot qu'on lui refuse,
Il songe à se servir d'une innocente ruse.
Il faut vous obéir, Ismène; et dès ce jour,
Dit-il en soupirant, ne parler plus d'amour
Puisqu'à votre repos l'amitié ne peut nuire,
A la simple amitié mon cœur va se réduire ;
Mais la jeune Doris, vous n'en sauriez douter;
Si j'étois son amant, voudroit bien m'écouter.
Ses yeux m'ont dit cent fois : Corylas, quitte Ismène;
Viens ici, Corylas, qu'un doux espoir t'amène.
Mais les yeux les plus beaux m'appelloient vainement,
J'aimois Ismène alors comme un fidèle amant.

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Maintenant cet amour que votre cœur rejette,
Ces soins trop empressés, cette ardeur inquiète,
Je les porte à Doris, et je garde pour vous
Tout ce que l'amitié peut avoir de plus doux.
Vous ne me dites rien! Ismène à ce langage
Demeuroit interdite, et changeoit de visage.
Pour cacher sa rougeur, elle voulut en vain
Se servir avec art d'un voile ou de sa main
Elle n'empêcha pas son trouble de paroître ;
Et quels charmes alors le berger vit-il naître ?
Corylas, lui dit-elle, en détournant les yeux,
Nous devions fuir l'amour, et c'eût été le mieux :
Mais puisque l'amitié vous paroît trop paisible
Qu'à moins que d'être amant vous êtes insensible
Que la fidélité n'est chez vous qu'à ce prix,
Je m'expose à l'amour, et n'aimez point Doris.

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