Vers pour mettre sous le portrait de M. de La Bruyère 1, au-devant de son livre des Caractères du temps. 1693. Tout esprit orgueilleux qui s'aime Par mes leçons se voit guéri; Et dans mon livre si chéri Apprend à se haïr soi-même. Épitaphe de M. Arnauld, docteur de Sorbonne. 1694. Au pied de cet autel, de structure grossière, De tous les faux docteurs confondit la morale. 1. La Bruyère (1644-1696) s'illustra par la publication d'un ouvrage intitulé Les caractères ou les mœurs de ce siècle (1687). 2. V. p. 30, note 4. Arnauld, mort en Flandre, fut enterré dans une chapelle près de Bruxelles. L'épitaphe que Boileau a composée pour lui est un acte de courage, car Louis XIV et les jésuites étaient au nombre des « loups dévorants » dont il parle au dernier vers. 3. Les Molinistes, adversaires d'Arnauld, étaient accusés de reproduire, après le jésuite espagnol Molina,les erreurs de Pélage, hérésiarque du ve siècle combattu par saint Augustin. 4. V. p. 80, note 4. A Mme la présidente de Lamoignon, sur le portrait du père Bourdaloue qu'elle m'avait envoyé. 1704. Du plus grand orateur dont la chaire se vante, C'est me faire un présent qui vaut mille présents. Le Bûcheron et la Mort 2. (Fable d'Esope.) 1668. Le dos chargé de bois, et le corps tout en eau, Sur Homère 3. 1702. Quand la dernière fois, dans le sacré vallon, 1. Bourdaloue (1632-1704) ne commença à prêcher à la cour qu'en 1670, au moment où Bossuet cessait de s'y faire entendre. 2. Cette fable que Boileau com posa l'année même où La Fontaine publiait son premier recueil, est détestable; celle du fabuliste est au contraire un chef-d'œuvre. 3. Cette pièce a été faite pour Lut l'Iliade et l'Odyssée, Chacune à les louer se montrant empressée : Jadis avec Homère, aux rives du Permesse 1, amener la traduction d'un vers grec de l'Anthologie dont voici le sens : « Je chantais, moi, le divin Homère écrivait sous ma dictée. » 1. Petite rivière de la Grèce ancienne; elle prend sa source au pied du mont Hélicon, consacré aux Muses, de même que le Parnasse. ÉPIGRAMMES Sur un frère aîné que j'avais, et avec qui j'étais brouillé 1. 1669. De mon frère, il est vrai, les écrits sont vantés; Mais il n'a point pour moi d'affection sincère. Contre Saint-Sorlin 2. Dans le palais hier Bilain - C'est beaucoup, dis-je en m'approchant; Il faut compter, dit le marchand; Tout est encor dans ma boutique. >> 1. Ce frère aîné, appelé Gilles Boileau, était poète de mérite; on a de lui, entre autres choses, une traduction du IVe Livre de l'Enéide, dans laquelle se trouvent de très beaux vers. Né en 1631, il était de l'Académie française à 29 ans; il mourut en 1669, et ce fut l'auteur des Satires qui publia ses œuvres posthumes en 1670. La postérité n'aurait pas dû être mise au courant des jalousies de Gilles Boileau et de la vengeance qu'en tira son frère. 2. Desmarets de Saint-Sorlin, v. p. 30, note 5. 3. Avocat dont le véritable nom était Vilain. 4. V. |