Le violon tint lieu de chœur et de musique 1. Des héros de roman fuyez les petitesses : Toutefois aux grands cœurs donnez quelques faiblesses. Et, sous des noms romains faisant notre portrait, tragiques se grandissaient au moyen des cothurnes, (v. p. 141, note 5), et ils se couvraient la tête d'un masque représentant les personnages dont ils jouaient le rôle. 1. Esther et Athalie ont montré combien l'on a perdu en supprimant les chœurs et la musique. (Note de Boileau.) 2. Noms de bergers dans les églogues grecques, latines et françaises. 3. Mlle de Scudéry (v. p. 36, note 4) avait publié, en 1650, un roman en dix volumes intitulé: Artamène ou le grand Cyrus; le célèbre conquérant y devient un fade héros, songeant exclusivement à la belle Mandane. 4. Allusion au premier chant de l'Iliade; Agamemnon, roi des rois, s'y montre fier, superbe et intéressé ; il refuse de rendre Briséis, et Achille verse des larmes de rage parce qu'il ne peut pas se venger de l'affront qu'il a reçu. 5. Virgile, auteur de l'Eneide, appelle souvent son héros le pieux Enée. 6. Évitez donc de... 7. Roman de Mile de Scudéry (v. p. 36, note 4), en dix volumes comme Artamène. Clélie est une jeune romaine livrée comme otage au roi Étrusque Porsenna, et qui s'enfuit en traversant le Tibre à la nage. Peindre Caton galant, et Brutus dameret1. 3 D'un nouveau personnage 1. Il y a dans l'histoire romaine deux Catons et deux Brutus, Caton le Censeur (264-149 av. J.-C.) et Caton d'Utique, adversaire de César, m. en 46 av. J.-C. Il faut de même distinguer Brutus, fondateur de la république en 510 av. J.-C., et le Brutus qui assassina César en 44 av. J.-C. Dameret veut dire très prévenant pour les dames. 2. D'un personnage qui n'appartienne pas à l'histoire ou à la légende, comme Aricie dans la Phèdre de Racine, ou Eriphile dans son Iphigénie. 5 vaincu par César en 46 av. J.-C., 4. Altiers ne rimerait plus d'une O ruses de l'enfer ! 5. Femme du roi Priam et mère 6. Le Tanaïs (aujourd'hui le Don) se jette dans la mer Noire (autrefois Pont Euxin). Boileau fait ici allusion à des vers de Sénèque le Tragique. 7. Que vous preniez un ton plus 3. La Calprenède (1610-1693) fut Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez 1. Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux, C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant 3. Qu'en nobles sentiments il soit partout fécond; Que de traits surprenants sans cesse il nous réveille; De son ouvrage en nous laisse un long souvenir. Se soutient par la fable et vit de fiction 5. Là, pour nous enchanter tout est mis en usage; Tout prend un corps, une âme, un esprit, un visage. Minerve est la prudence, et Vénus la beauté. 6 Ce n'est plus la vapeur qui produit le tonnerre ®, Un orage terrible aux yeux des matelots, C'est Neptune en courroux qui gourmande les flots; 1. « Si vous voulez que je pleure, commencez par gémir, » dit Horace dans son Art poétique, en s'adressant aux auteurs de tragédies. 2. Horace les appelait des «< mots longs de six pieds, >> 3. Boileau avait déjà dit : Un clerc pour quinze sous, sans craindre le holà, 4. Se développe. Ce vers a dû être fait au dernier moment, lorsque Boileau s'est décidé à parler de la tragédie en premier lieu, et ensuite de l'épopée; la transition n'est pas très heureuse. 5. L'épopée ne peut subsister sans merveilleux, et par conséquent sans fiction. 6. On ne connaissait pas, au temps de Boileau, la véritable nature de l'électricité. C'est une nymphe en pleurs qui se plaint de Narcisse1. Le poète s'égaye en mille inventions, Orne, élève, embellit, agrandit toutes choses, C'est donc bien vainement que nos auteurs déçus, 1. Personnage mythologique épris de sa propre beauté; il se noya en contemplant son visage dans l'eau d'un clair ruisseau. 2. Allusion à l'Eneide de Virgile. 3. Emportés par un orage; cette construction serait aujourd'hui in correcte. 4. Junon favorisait les Grecs; Énée était Troyen. 5. Pour lui être agréable. 6. Les cavernes dans lesquelles étaient enfermés les quatre vents du ciel. 7. On appelait syrtes les golfes sablonneux que la Méditerrannée a creusés sur le littoral de l'Afrique, particulièrement à l'Est de la Tunisie actuelle. 8. Boileau disait en note qu'il avait en vue ici Desmarets de Saint-Sorlin. (V. p. 30, note 5.) 9. Astaroth était une divinité phénicienne; tout le monde connaît Belzebuth, prince des démons, dont il est parlé dans l'Evangile, et Lucifer ou Satan, le chef des anges rebelles. D'ornements égayés ne sont point susceptibles. Le Tasse, dira-t-on, l'a fait avec succès. Ce n'est pas que j'approuve, en un sujet chrétien, Mais, dans une profane et riante peinture, De chasser les Tritons de l'empire des eaux; 1. Est sur le point de remporter la victoire contre Dieu lui-même. Boileau ne connaissait pas le Paradis Perdu de Milton (1608-1674). 2. V. page 91. note 3. 5. Renaut, Argant, Tancrède et la belle Herminie sont au premier rang parmi les héros de la Jérusalem délivrée. 6. Ou plutôt la gravité; dans ce passage Boileau abuse du verbe égayer, et cela à propos du poème épique, qui est rarement gai. 7. Allusion à l'Arioste, auteur de Roland furieux (1474-1533). Ainsi Boileau n'admet pas le merveilleux chrétien; il ne veut pas non plus de merveilleux païen dans les épopées chrétiennes, et comme l'épopée «< vit de fictions », cela revient à la condamner absolument. 8. Dieux marins qui soufflaient dans des coquilles en forme de trompes. 9. Pan était le dieu des pâturages; les Parques filaient la destinée des mortels. 10. Nocher des enfers. |