L'âme française et la guerre, Volume 7

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Émile-Paul frères, 1918 - World War, 1914-1918 - 404 pages

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Page 76 - ... l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée.
Page 339 - A chaque veille de combat, c'est d'abord une oppression, la chair se récolte, le poil se hérisse, la lâcheté hurle, puis c'est la prière, l'âme se jette aux pieds de Dieu: « Que votre volonté soit faite ! » Alors, c'est la paix. » Le 7, ma section, avec trois autres, de compagnies diverses, reçut l'ordre d'attaquer la tranchée allemande. Le combat fut acharné ; nous eûmes de nombreux morts et blessés; toute la nuit, nous nous sommes battus à coups de grenades, sous une averse torrentielle...
Page 342 - Par la blessure, le sang gicle avec force, en décrivant une parabole, comme le vin d'un tonneau par le trou de la vrille. La tête penche de plus en plus, puis le corps s'incline, puis, brusquement, la chute. » La douleur de ses hommes, qui se jettent en pleurant sur son corps!... Impossible de faire un pas sans marcher sur un cadavre. Je me rends compte, soudain, de la précarité de mon sort. Mon exaltation m'abandonne. J'ai peur. Je me jette derrière un amas de sacs. Le soldat Bonnot reste...
Page 346 - Thévin, ou le soldat Bonnot? (Il m'en citait indéfiniment.) Pourquoi? on peut recevoir le souffle d'en haut et n'être qu'un pauvre homme. « Si jamais vous racontez cette histoire, je vous demande instamment de nommer tous ces chefs et ces soldats, car ce serait un mensonge que j'aie l'air de monopoliser la gloire de cette belle journée de notre régiment. Le cri n'est pas a moi seul, il est à nous tous.
Page 343 - C'est vrai qu'abrités dans leurs boyaux de repli, les Boches redoublent d'efforts. Leurs grenades dégringolent et l'avalanche se rapproche avec rapidité. Je me retourne vers les cadavres étendus. Je pense : « Alors, leur sacrifice va être inutile? Ce sera en vain qu'ils seront tombés ? Et les Boches vont revenir? Et ils nous voleront nos morts?... » La colère me saisit. » De mes gestes, de mes paroles exactes, je n'ai plus souvenance. Je sais seulement que j'ai crié à peu près ceci :...
Page 346 - Si je vous parais chercher, en vous faisant ce récit, une satisfaction de vanité, c'est que j'exprime bien mal mon sentiment, ma volonté. Je sais que je n'ai rien d'un héros. Chaque fois qu'il m'a fallu sauter le parapet, j'ai grelotté de peur, et la détresse qui m'a saisi en pleine action et que je vous disais il ya un instant n'est pas un accident dans ma vie de soldat. Je ne mérite aucun compliment d'aucune sorte. Ce sont les vivants qui m'ont entraîné par leur exemple, et les morts qui...
Page 43 - Voilà l'entrée en Alsace. Et voici, durant les tragiques journées de la Marne, Ce vaste Paris de septembre, quasi désert, muet, attentif, et qui ne fut jamais plus délicat, plus noble, plus aimé que dans ces heures de solitude et de péril. Comme il était exposé! Quelle proie il faisait, sous le charmant soleil de septembre ! Son silence surtout était prodigieux! On allait indéfiniment, sans lassitude, avec l'amitié la plus vive, le long des avenues désertes. Les passants fraternisaient,...
Page 343 - J'ose regarder ces corps, et il me semble qu'ils me regardent. De notre tranchée à nous, en arrière, des hommes me contemplent avec des yeux d'épouvanté, dans lesquels je lis : « II va se faire tuer! » C'est vrai qu'abrités dans leurs boyaux de repli, les Boches redoublent d'efforts. Leurs grenades dégringolent et l'avalanche se rapproche avec rapidité. Je me retourne vers les cadavres étendus. Je pense :
Page 75 - C'est avec une vive émotion que je vous remercie de ce que vous avez fait, car je vous dois ce vers quoi étaient tendus depuis quarante-quatre ans tous mes efforts et toutes mes énergies: la revanche de 1870. Merci à vous et honneur à tous les combattants de la sixième armée!
Page 343 - Levez-vous et allons f... ces cochons-là dehors! » » Debout les morts!... Coup de folie? Non. Car les morts me répondirent. Ils me dirent : « Nous te suivons. » Et se levant à mon appel, leurs âmes se mêlèrent à mon âme et en firent une masse de feu, un large fleuve de métal en fusion. Rien ne pouvait plus m'étonner, m'arrêter. J'avais la foi qui soulève les montagnes. Ma voix, éraillée et usée à crier des ordres pendant ces deux jours et cette nuit, m'était revenue, claire et...

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