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Page 209, ligne 20: Fi! je hais les médisances.

Ce trait est joli après ce qu'elle vient de dire. Voilà un exemple de ces mots vifs et piquants, fins et imprévus, que les contemporains appelaient les épigrammes de madame de Coulanges, et qui faisaient dire à l'abbé Gobelin, après avoir entendu d'elle une confession générale: «Chaque péché de cette dame est une épigramme.

Page 210, note 1: SÉVIGNÉ, Lettres (30 octobre 1672).

Grouvelle est le premier auteur des notes sur cette lettre (30 octobre 1672); du moins je n'ai point trouvé cette lettre dans les deux éditions de 1726, ni dans celles de 1734 et de 1754, publiées par le chevalier Perrin. C'est donc à tort que M. G. de S.-G. a supposé que ces notes étaient de Perrin; mais je n'ai point consulté les éditions intermédiaires entre les éditions de Perrin et leurs Suppléments, et l'édition de Grouvelle. Les suppositions de cet éditeur, qui dit que le gros cousin de madame de Coulanges est Louvois, et Alcine la comtesse de Soissons, mais qui se trouve démenti formellement par la lettre où madame de Sévigné la traite de vieille Médée, ont passé comme des faits non contestés dans toutes les éditions de madame de Sévigné faites depuis Grouvelle, et ensuite dans le Recueil de Lettres de madame de Coulanges, données par Auger (Lettres de madame de Villars, Coulanges, etc.; Paris, 1805, in-12, 2o édition, t. I, p. 69), et dans l'article du maréchal de Villeroi, de la Biographie universelle (t. XLI, p. 59), etc., etc.

Page 216, ligne 2: Apparenté avec les le Tellier.

Les deux fils du duc d'Aumont, l'un qui devint duc d'Aumont, l'aîné, était fils de la sœur de l'archevêque de Reims; l'autre fut duc d'Humières : ils étaient seulement frères de père.

Page 219, ligne 1: Dans les chansons du temps, et dans les notes historiques de ces chansons.

Ce fut surtout lorsque, dans un âge avancé, la duchesse d'Aumont cut réellement tourné à la grande dévotion, qu'elle se trouva le plus en butte aux traits satiriques des faiseurs de vaudevilles. Les persécutions contre les protestants, et l'extrême dévotion du roi, avaient

animé la jeune cour et l'opinion publique contre les prêtres et contre les jésuites, et l'on cherchait à rendre suspects et à flétrir les directeurs spirituels. Voici ce qu'on trouve, dans le Recueil des chansons historiques, sur la duchesse d'Aumont (1691):

CHANSON HISTORIQUE sur Françoise-Angélique de la Mothe-Houdancourt, seconde femme de Louis-Marie, duc d'Aumont, pair de France, chevalier des ordres du roi, premier gentilhomme de sa chambre, gouverneur de Bretagne et du pays de Bolonois.

Sur l'air: Je ne saurois.

Seras-tu toujours éprise
De toutes sortes de gens?
A ton âge est-on de mise?
D'Aumont quitte tes galants.

Je ne saurois.

Quitte au moins les gens d'Église.

J'en mourrois.

« La duchesse d'Aumont étoit dévote de profession; et comme elle avoit toujours eu quelque directeur en affection, qu'étant fort vive, elle étoit souvent avec lui et en parloit sans cesse, on avoit toujours médit d'elle et de ses directeurs. Les deux plus fameux qu'elle eût eus jusqu'à cette présente année 1691 étoient le père Gaillard, jésuite, qu'elle quitta pour un prêtre de l'Oratoire, appelé le père de la Roche. Mais ce qui avoit encore, plus que tout cela, donné lieu à la médisance, c'est que Charles-Maurice le Tellier, archevêque-duc de Reims, pair de France, etc., prélat très-décrié du côté de la continence, avoit été très-longtemps amoureux d'elle. Cette passion avoit d'autant plus fait de bruit, que la duchesse d'Aumont ayant aigri contre elle, quel. ques années auparavant, le marquis de Villequier son beau-fils, celui-ci parloit publiquement contre le commerce de sa belle-mère avec l'archevêque de Reims. Le public renchérit encore là-dessus, et n'épargna pas les directeurs; et peut-être avoit-il raison, car il faut toujours se défier des femmes, et surtout des dévotes. »

Page 219, ligne 10: Pour la marquise de Créquy, sa nièce.

Le Tellier l'archevêque défrayait sa maison, et lui laissa ses biens. Saint-Simon donne ensuite pour amant à la marquise de Créquy l'abbé d'Estrées; mais la conversion de la marquise de Créquy fut en

tière et de la bonne espèce, comme celle des la Vallière, des la Sablière, des comtesse de Marans, et de tant d'autres femmes de ce siècle, si fécond en singuliers contrastes.

Page 220, ligne 1: Sous le nom de mademoiselle de Toucy.

La maréchale de la Mothe était la seconde fille de Louis de Brie, marquis de Toucy; de là le nom que portait sa fille aînée. (Voyez SAINT-SIMON, Mémoires authentiques, t. VII, p. 4.) Le duc d'Aumont était pair de France, et avait prêté serment pour la charge de premier gentilhomme de la chambre (ils étaient quatre gentilshommes de la chambre) le 11 mars 1669. Lorsque, huit mois après, en décembre 1669, il épousa mademoiselle de Toucy, âgée de dix-neuf ans, Ini, né le 9 décembre 1632, avait trente-sept ans. Il avait épousé, le 21 novembre 1660, Madeleine-Fare le Tellier, morte le 22 juin 1668, dont il avait eu deux filles et deux fils.

Page 220, lignes 1 et 2: Mademoiselle de Toucy,... ainsi que le duc de Villeroi.

Villeroi, comme compagnon d'enfance du roi, et à cause de sa jolie figure, jouait dans presque tous les ballets.

En 1655, il représentait avec M. de Rassant, dans le Ballet des Plaisirs, deux garçons baigneurs; et voici les vers que l'on chantait à leur entrée sur la scène :

Nous ne connaissons point l'Amour ni ses trophées,

Et sommes seulement jolis aux yeux de tous;

Mais quand nous serons grands, toutes les mieux coiffées
Pourraient bien se coiffer de nous.

Louis XIV avait dix-sept ans quand il dansa dans ce Ballet des Plaisirs. Dans la première partie, ce ballet représentait les divertissements de la campagne, et dans la seconde les divertissements de la ville; le roi figurait, dans la première entrée de la seconde partie, un débauché, et voici les vers que, tandis qu'il dansait, Vénus lui adressait :

Il n'est ni censeur ni régent

Qui ne soit assez indulgent

Aux vœux d'une jeunesse extrême,

Et, pour embellir votre cour,
Qui ne trouve excusable même
Que vous ayez un peu d'amour.

Mais d'en user comme cela,
Et de courre par-ci, par-là,
Sans vous arrêter à quelqu'une;
Que tout vous soit bon, tout égal,
La blonde autant comme la brune,
Ah! sire, c'est un fort grand mal.

Et cela s'imprimait pour la première fois en 1696, avec privilége du roi (alors âgé de cinquante-huit ans), et se vendait au Palais, chez Charles de Sercy, au 6o pilier de la grand’salle, vis-à-vis la montée de la cour des aydes, à la Bonne Foi couronnée. (Voyez BENSERADE, Euvres, 1697, t. II, p. 130 et 138.) Les Contes de la Fontaine étaient alors proscrits par sentence de police.

En 1656, dans le ballet de Psyché, Villeroi représentait Cupidon, et madame de Bonneuil Alcine. (Benserade, p. 150 et 157.)

En 1658, dans le ballet d'Alcidiane, Villeroi était en femme, et jonait une Bergère, et ensuite un Amour. (Id., p. 200 et 204.) Il avait alors quinze ans.

En 1659, dans le ballet de la Raillerie, il représentait une fille de village (p. 212); en 1661, dans le ballet des Saisons, un masque (p. 226); et cette année, dans le ballet de l'Impatience, il repré sentait un grand amoureux. C'est à lui que Benserade prête les plus jolis vers de cette scène (p. 235); et, dans le même ballet, Villeroi figurait dans la danse un jeune débauché. Dans les vers qu'on lui chantait, on suppose le cas où son père pourrait lui refuser de l'argent pour la satisfaction de ses plaisirs, et l'on termine ainsi :

Et comme il ne s'agit, auprès de la plus chiche,
Que de gagner son cœur pour avoir son argent,
Que vous allez devenir riche!

En 1662, dans le ballet d'Hercule amoureux, le roi et la reine dansaient; la comtesse de Soissons et mademoiselle de Toucy dansaient; Villeroi n'y figure pas. Benserade, dans les vers qu'on chantait pour la comtesse de Soissons, fait allusion à son amour avec le roi, malgré la présence de la reine dans ce ballet.

Ces aimables vainqueurs, vos yeux, ces fiers Romains,
Semblent n'en vouloir pas aux vulgaires humains,
Mais des plus élevés permettre la souffrance :

Et ces grands cheveux noirs, alors qu'ils sont épars,

Ont un air de triomphe, et toute l'apparence

De savoir comme il faut enchaîner les Césars.

Et à mademoiselle de Toucy (depuis duchesse d'Aumont), qui représentait une étoile, on chantait:

Dirait-on pas que c'est l'Amour
Qui ne fait encor que de naître?
Ou l'étoile du point du jour

Qui déjà commence à paraître?

Elle n'avait alors que douze ans ; elle naquit en 1650, et mourut en 1711. (Voyez BENSERADE, t. 11, p. 258 et 279.)

Le marquis de Villeroi joua encore dans le ballet de la Naissance de Vénus, en 1665, et représentait un dieu marin, et aussi Achille (p. 339 et 352). C'est dans ce ballet que mademoiselle de Sévigné (madame de Grignan) joua le rôle d'Omphale. (Voyez 2o partie de ces Mémoires, p. 333.)

Dans la Mascarade royale de 1668, le marquis de Villeroi, à côté du roi, comme lui figura le Plaisir.

Dans le dernier ballet composé par Benserade en 1681, joué en imitation de ceux de Louis XIV pour divertir le Dauphin, et qui fut non dansé par le roi, mais devant le roi, c'était une autre génération de beautés; ce n'est plus, dans ce Triomphe de l'Amour, alors le marquis de Villeroi qui représentait l'Amour, mais c'était son fils, le marquis d'Arlincourt. Je remarque que la sœur de la duchesse d'Auniont, la duchesse de la Ferté, plus jeune qu'elle, figure encore dans ce ballet. Le monarque était vieux; la muse du poëte a changé de ton, et est beaucoup plus réservée. (Benserade, t. II, p. 412 et 425.)

Page 220, ligne 30, note 2: HISTOIRE amoureuse des Gaules, 1754, in-12.

Ce recueil, qui est en cinq volumes, contient, sous le nom de Bussy, une grande partie des libelles qui ont paru à différents temps. L'éditeur n'indique pas la date de la publication de ces divers opus

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