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n'en fut pas heureux. Elle retira son œuvre, et la confia à l'art typographique. Les applaudissemens du public lecteur la dédommagèrent du froid accueil d'une cohue spectatrice. L'Isle de la Félicité, ou Anuxis et Théone, poëme philosophique en trois chants, précédé d'une épître aux femmes, suivi de quelques poésies fugitives, Paris, Masson, an 9, in-8°. Un épisode d'Hippolyte, comte de Duglas, roman de Madame d'Aunoy, a fourni le sujet de l'Isle de la Félicité. Ce poëme ajoute encore à la réputation de son auteur. A la mémoire de madame Du boccage, Paris, an 11, in-8°. Cet ouvrage est une nouvelle preuve de la sensibilité de Madame de Beauharnais. On trouve de ses poésies dans un grand nombre de recueils périodiques. Plusieurs poëtes distingués l'ont célébrée dans leurs vers. Le distique placé sous son portrait est de Madame Toustain. Le voici :

Muses, grâces, vertus, en mélangeant vos traits,

A mes regards charmés vous peignez Beauharnais.

Georgelin, secrétaire de la société patriotique bretonne, a traduit ce distique de la manière suivante :

Ingenio, illecebris, ecce Minerva, Venus.

Le portrait de Madame de Beauharnais a été dessiné à Paris, en 1785, par Thornton, Anglo-Américain; gravé à Londres la même année par Bartolozzi, et gravé de nouveau, à Paris, en l'an 10, par Gaucher. Cette dernière gravure est celle qui se trouve à la tête du premier volume du nouvel Almanach des Muses.

La

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La chronique attribue à Dorat et à Cubières-Palmézeau, les vers de Madame de Beauharnais :

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Serait-il vrai de dire, avec Madame Saint - Chamond: Les hommes accordent assez légèrement de l'esprit " aux femmes qui leur plaisent; celles qui écrivent, sont jugées plus sévèrement; ils supposent toujours qu'un d'eux a dicté l'ouvrage?»

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BEAUMARETS. (Madame de ) On trouve dans le Mercure de juin, 1782, une Epitre de sa composition, à M. Bardin l'aîné, à Sens. Cette pièce de vers est écrite avec facilité. La versification en est naturelle.

BEAUMER, (Madame de ) fut privée de ce qu'on appelle ordinairement le mérite des femmes, les dons de la fortune, et les agrémens de la figure; elle eut le bon esprit d'y suppléer par l'étude. On n'a aucune notion sur sa vie, si ce n'est qu'elle fit un long séjour en Hollande; qu'elle vécut dans la pauvreté, et qu'elle mourut dans la misère, en 1766.

On a de sa composition un volume d'Euvres mêlées, 1760, in-12. On y distingue les Caprices de la Fortune, nouvelle historique, des allégories et deux odes. L'une de ces odes est intitulée : La Mort des Héros; l'autre est tirée du cantique que les Israëlites chantèrent en action de graces de leur délivrance. Le mérite de ces deux pièces fait regretter qu'elle n'ait pas écrit dans ce genre un plus grand nombre de morceaux. Madame de

Beaumer prit au mois d'octobre 1761 la direction da Journal des Dames: ce fut M. de la Louptière qui lui céda ce droit.

BEAUMONT, (Madame LE PRINCE DE) née à Rouen, le 26 avril 1711. L'emploi qu'elle fit de ses connaissances est glorieux pour sa mémoire et précieux pour la société. Elle passa une partie de sa vie à Londres, où elle se consacra à l'éducation des jeunes personnes de son sexe. Au talent d'instruire, elle joignit l'art de faire aimer l'instruction. Ses préceptes étaient agréables, et ses conseils étaient sages sans pédantisme. On retrouve ce mérite dans ses ouvrages. En voici les titres : Le Triomphe de la vérité, ou Mémoires de M. de la Villette, 1748, 2 vol. in-12.

Lettres diverses et critiques, 1750, 5 vol. in-12. — Le Nouveau Magasin Français, ou Bibliothèque Instructive, 1750, in-8°., journal littéraire qu'elle a donné au public pendant son séjour en Angleterre.-Éducation complette, ou Abrégé de l'Histoire universelle, 1753, 3 vol. in-12; Amsterdam, 1785, 3 vol. in-12.- Civan, roi de Bungo, histoire japonaise, 1754, 2 vol. in-12. Lettres de Madame du Montier, Lyon, 1756, in-12; trad. en Allemand, Francfort, 1759, in-8°. Ces lettres ne sont point de Mme. de Beaumont; mais elle les retoucha, et termina le roman : alors on les publia en deux volumes sous son nom. Magasin des Enfans, 1757, 4 vol. in-12; Yverdon, 1780, 4 vol. in-8°. Liége, 1780, 4 vol. in-12; la Haye, 1786, 4 vol. in-12; Nimes, 1791, 2 vol. in-12; trad. en Allemand, Leipsick, 1758, in-8°. Anecdotes du 14°. siècle, pour servir à l'histoire des femmes illustres de ce tems; Londres, 1758 ou 1759, in-12. Lettres curieuses, instructives et amusantes, 1759, 4 part. in-8°. - Magasin des Adolescentes,

Londres, 1760, 4 vol. in-12; trad. en Hollandais, la Haye, 1760, 2 vol. in-8°.; la Haye, 1767, 4 vol in-12; Lyon, 1768, 2 vol. in-12; Neuchatel, 178o, in-12; Yverdon, 1781, 4 vol. in-8°. Paris, 1784, 4 vol. in-8°. Cette dernière production a peut-être donné au P. A. Alletz l'idée de faire paraître, en 1764, le Magasin des Adolescens. - Principes de l'Histoire Sainte, 1761, 3 v. in-12.- Instructions pour les jeunes Dames qui entrent dans le monde et se marient; Londres, 1764, 4 vol. in-12; la Haye, 1767, 4 vol. in-12.-- Lettres d'Emerance à Lucie, Lyon, 1765, 2 vol. in-12; Leyde, 1766, 2 vol. in-12. Mémoires de Madame la baronne

de Batteville, Lyon, 1766, in-8°. - Nouvelle Clarisse, roman, Lyon, 1767, 2 vol. in-12. - Magasin des pauvres artisans, domestiques et gens de la campagne, Leyde, 1769, 2 vol. in-12; Lyon, 1775, 2 vol. in-12.- Les Américains, ou la Preuve de la religion chrétienne par les lumières naturelles, Lyon et Paris, 1770, 6 vol. in-12.

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Le Mentor moderne, ou Instructions pour les garçons et pour ceux qui les élèvent, 1770, 6 vol. in-12; 1776. — Manuel de la Jeunesse, ou Instructions familières en dialogues, Paris, 1773, 2 vol. in-12. Contes moraux, Lyon et Paris, 1773, 2 vol. in-12. Nouveaux Contes moraux ib.; 1776, 2 tomes en un vol. in-8°. Euvres mêlées, extraites des journaux et feuilles périodiques qui parurent en Angleterre pendant le séjour qu'elle fit à Londres, Maëstricht et Paris, 1775, 6 vol. in-12. La Dévotion éclairée, ou Magasin des Dévotes, 1779, in-12. Madame de Beaumont a su, dans ses ouvrages, se mettre à la portée de ceux pour qui elle écrivait. Son style est simple et naturel; cependant il est quelquefois négligé. On lui reproche d'avoir donné comme auteur les histoires et les contes qui se trouvent dans le Magasin des Enfans, le

Magasin des Adolescentes, et ses Instructions pour les jeunes Dames. Peut-on supposer qu'elle ait eu l'idée de s'approprier des morceaux auxquels elle n'avait fait que de légers -changemens, et qui étaient connus de tout le monde dans le tems où elle écrivit ? Les lettres et la société la perdirent en 1780. Elle mourut à Annecy.

BEAUMONT, ( CHARLES - GENEVIÈVE - LOUISE AUGUSTE-ANDRÉE-THIMOTHÉE D'ÉON DE) naquit à Tonnerre en Bourgogne, le 5 octobre 1728. Ses talens, son génie, ses exploits militaires, sa probité et son amour constant pour sa patrie, lui assurent un rang distingué dans les Annales du 18°. siècle. On ignore les raisons qui engagèrent ses parens à lui donner l'habit d'homme. A peine avait-elle atteint sa sixième année, qu'ils l'envoyèrent à Paris auprès d'une de ses tantes. A 14 ans elle fut mise au collége Mazarin, où elle commença et suivit ses études. D'abord, sa trop grande jeunesse lui empêcha de connaître le prix des langues savantes; mais elle ne tarda point à s'appercevoir des avantages et de l'utilité qu'elle en pourrait retirer. Ses progrès, en cette partie, furent si rapides, , que bientôt elle passa dans les écoles de droit. N'ayant point le nombre d'années nécessaire pour prétendre au doctorat, elle obtint une dispense d'âge, et fut reçue docteur en droit civil et en droit canon, et enfin avocat au parlement de Paris. Ses talens littéraires lui méritèrent la place de censeur royal pour l'histoire et les belles-lettres; et ses talens politiques lui firent donner plusieurs missions importantes. En 1756, on l'envoya secrètement en Russie, pour travailler avec le chevalier Douglas à la réunion des deux couronnes. En 1757, elle porta à Vienne le premier plan de campagne de l'armée

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